MEGADETH UNITED ABOMINATIONS

Mainte fois repoussé, le 11ème album de Megadeth intitulé « United Abominations » arrive enfin dans les bacs. Ce nouvel opus est pour le moins attendu au tournant car annoncé comme polémique et censé prouver la légitimité de la formation actuelle du groupe. « United Abominations » peut rappeler à certains égards « Rust In Peace » car ces 2 albums sortent dans des périodes similaires : contexte mondial semblable, nouveau line up devant faire ses preuves et des styles musicaux comparables en faisant la part belle aux rythmiques thrash rapides et autres duels de guitare de haute volée. Mustaine n’a jamais eu la langue dans sa poche et ce « United Abominations » en est encore une bonne démonstration. Comme le titre éponyme l’indique, ce brave Dave en veut aux Nations Unies, organisation indépendante crée pour éviter les guerres et promouvoir la paix. Mustaine exprime de façon précise en quoi il trouve cette organisation inefficace dans sa mission et la décrit comme inutile dans certains conflits tels que ceux qui ont eu lieu en Yougoslavie, en Afghanistan et en Iraq. Mustaine enfonce le clou en adressant de lourdes accusations sur les hauts responsables des Nations Unies portant sur des supposés pots de vin que ces derniers recevraient pour laisser le terrorisme se propager dans le monde ainsi que certains crimes qui seraient ignorés au nom de la diplomatie. A part ça, cet album politique traite principalement du conflit militaire opposant les Etats-Unis et le Moyen Orient. Si il est clair que Dave Mustaine soutient à 100% les troupes américaines évoluant en Irak, il est plus difficile de vraiment savoir ce que ce dernier pense des origines de cette guerre lorsqu’il déclare dans le même paragraphe que les Etats-Unis ne sont qu’une vulgaire filiale d’Halliburton (ndlr : multinationale pétrolière présidée de 1995 à 2000 par l'actuel vice-président américain Dick Cheney) et qu’il termine en disant : « Jihad Joe, tu sais quoi ? On va t’avoir ! ». La logique dans tout ça est que Mustaine renvoie souvent dos à dos l’administration Bush et les terroristes islamistes en les accusant de connivence dans la propagande religieuse sur les esprits faibles et de guerre sans but aboutissant à des génocides. Dans le scénario catastrophe de Washington Is Next ! , partant du postulat que chaque empire puissant finit toujours par tomber, Dave n’hésite pas à qualifier l’actuel président de roi de pacotille sans aucune vision auquel succèdera un autre imposteur. Pour accentuer cette ressemblance d'attitude et cette co-responsabilité, Mustaine déclare dans le titre évocateur Amerikhastan : « When God versus God : the undoing of man ».
Mais finalement ce qui intéresse surtout les fans de Megadeth, c’est la musique bien sur. Depuis le naufrage artistique et commercial de « Risk » on sent bien que Mustaine amorçait un retour en douceur au style qui a fait la gloire de Megadeth, à savoir le thrash ou bien encore le speed metal dont certains attribuent la parenté à Dave Mustaine. On retrouve donc avec joie dans « United Abominations » une multitude de riffs assassins, des solos de guitare à pleurer, des tempos rapides et un mordant vocal retrouvé de la part de Mustaine qui semble vivre une seconde jeunesse dans cet album. Ceux que l’on attend au tournant sont bien évidemment ses acolytes, qui tournent avec lui depuis un bon moment mais qui signent ici leur premier album avec le groupe. Les parties de basse de James Lomenzo ont sans doute moins de personnalité que celles que Dave Effelson pouvait jouer dans le passé tandis que Shawn Drover s’inscrit tout à fait dans la tradition des batteurs de Megadeth en proposant des parties efficaces, puissantes et techniques. Mais il ne faut pas s’y tromper, celui qui est particulièrement attendu est Glen Drover. Est il le digne successeur de Marty Friedman et Chris Poland ? Tout comme le cas Al Pitrelli, difficile de répondre à cette question. Mais le guitariste nous gratifie tout au long de « United Abominations » de nombreux solos aussi techniques qu'inspirés. De plus Drover possède une vraie personnalité dans son jeu et s’impose donc comme un vrai atout pour Megadeth en formant un duo redoutable avec Mustaine, qui retrouve quant à lui toute ses sensations du passé. S’il n’est pas le musicien le plus charismatique sur scène, Glen Drover n’a pas à rougir devant l’héritage laissé par les excellents guitaristes que le groupe a connu et s’y inscrira au contraire dans l’avenir. La seule erreur de goût de ce disque est d’avoir inclus une redite inutile du classique A Tout Le Monde, titre dépareillant totalement du sujet de l’album et dont les modifications légères se limitent à un tempo accéléré, un solo rallongé et une intervention vocale dispensable de Christina Sccabia de Lacuna Coil. Mis à part ça nous sommes devant un Megadeth en pleine confiance, qui nous livre des titres accrocheurs tels que Sleepwalker, Washington Is Next !, Gears Of War, United Abominations, Amerikhastan ou bien encore le furieux Burnt Ice qui finit dans une débauche de solos et de vitesse. « United Abominations » pourrait être décrit comme le croisement entre « Rust In Peace » et « The System Has Failed » et dévoile le groupe à un niveau qu’il n’a plus atteint depuis « Youthanasia » en 1994.

NOTE : 17 / 20