DEFTONES

Toutefois n’oublions pas que le groupe n’a rien à promouvoir, son prochain album sortant en septembre prochain. Ce sont les marseillais de Dagoba qui ouvriront ce concert in extremis. En effet, leur chanteur Shawter ayant de graves problèmes vocaux l’après midi, la prestation du groupe a été mise un moment entre guillemets. Mais après quelques remèdes miracles administrés par un médecin, nos amis des bouches du Rhône peuvent nous assener leur set, très similaire à celui donné en ouverture d’In Flames et Dagoba. Le son n’est pas très bon mais les marseillais jouent avec conviction à l’image de leur excellent batteur Franky et de Shawter dont les problèmes vocaux ne se verront finalement qu’assez peu. Avec ce Zénith, voici donc une nouvelle étape accomplie pour Dagoba qui ne cesse de monter à vitesse grand V.

On reste toujours dans la scène française mais avec cette fois plus d’expérience et un groupe qui a déjà investi le Zénith : Watcha. Le groupe a sorti en fin d’année dernière l’album « phénix » qui l’a définitivement fâché avec son public metal. Toutefois le groupe concentrera son set sur ce présent en ne jouant que des titres de cet album, un nouveau titre 1 For The Money, 2 For The Show et la reprise And The Beat Goes On présente sur « Mutant ». Rien à se mettre sous la dent donc pour les amateurs des 2 premiers albums. Cela dit le groupe pioche dans ses nouveaux titres les plus durs avec Sam 4, Plus Fort ou bien encore Dimebag dédicacé bien sur au légendaire guitariste de Pantera. Comme toujours avec Watcha, difficile de ne pas s’incliner devant cette mise en place impeccable et cette aisance à occuper la scène. Bob, Pendule et leur clique recueillent une réaction chaleureuse du public et livreront au final une bonne prestation même si l’on peut regretter cette setlist très déséquilibrée et qui ne met finalement pas beaucoup le groupe en valeur.

Arrivent donc ensuite l’heure des Deftones. Stef ouvre le concert avec le riff de Korea, titre le plus agressif de « White Pony », et le public exulte à l’arrivée de Chino Moreno en haut de sa petite estrade au devant de la scène. Très vite le gang de Sacramento enchaîne sur le tube My Own Summer qui a fait connaître le groupe en France il y a déjà 9 ans. Un nouvel album sortira en septembre et les Deftones nous en interprète un extrait intitulé Beware Of The Water. Titre très mélodique et ambiant où Stef se met au clavier. Le public se laissera prendre au jeu et l’on peut d’hors et déjà dire que ce titre fonctionne bien, même si ceux de « White Pony » avaient fait meilleure impression lorsqu’ils étaient joués avant la sortie de l’album.

Le groupe est dans sa forme habituelle avec un Stef toujours très statique, headbanguant dans son monde. Un Chino très irrégulier au niveau du chant tout comme au niveau de sa prestation scénique et une section rythmique enragée avec les chœurs guerriers de Chi et le style très percussif d’Abe à la batterie. Frank Delgado développe ses nappes sonores discrètement derrière ses platines et confèrent à l’ensemble cette ambiance rêveuse.Le son comme souvent avec le groupe sera assez brouillon. La prestation continue avec un enchaînement de classiques tirés des 3 derniers albums du groupe. Se suivront donc Hexagram, Feiticeira et Be Quiet And Drive. Evidemment le public accueille ces titres comme il se doit mais va très vite se montrer pas si connaisseur que ça, lorsque le groupe va commencer à interpréter autre chose que ses singles.

Dès la reprise de Sade No Ordinary Love, que Chino massacrera au chant, l’ambiance baisse d’un cran. Le chanteur connaît d’importantes difficultés vocales sur ce titre et ne redresse pas la barre sur Around The Fur pendant lequel la tension remontera quelque peu. L’enragé Lotion suit et cela fait plaisir car ce titre n’avait pas été interprété à Paris depuis bien longtemps maintenant. Minerva et Bloody Cape, tous 2 de bons singles du dernier album en date du groupe, ne feront pas remonter l’ambiance non plus et ces 2 titres illustre bien le problème vocal de Chino Moreno : dès qu’il s’agit des parties chantées, le chanteur s’en tire plutôt bien mais dès qu’il s’agit des parties hurlées ce dernier s’épuise rapidement et finit ses vocalises dans des cris qui semblent lui déchirer la voix, lorsque ces derniers sont audibles.

Passage à vide donc en ce milieu de concert. Heureusement les choses vont s’arranger, tant vocalement pour Chino que dans l’ambiance du public. Tout d’abord avec l’hypnotique Change qui recevra un des meilleurs accueils de la soirée et ensuite avec Head Up qui embrasera la fosse et sur lequel Chino retrouvera des sensations sur son phrasé Hip-Hop. Pour le rappel, le groupe nous avait déjà fait un coup quelque peu similaire en 2003 en interprétant un medley constitué de la majorité des titres d’ « Adrenaline », premier album du groupe. Et bien cette fois ci, Deftones enfonce le clou en se lançant dans l’interprétation totale de cet album. Oui vous avez bien lu, le groupe a joué en rappel « Adrenaline » en entier et dans l’ordre de l’album, excepté qu’il débutera sur Fireal au lieu de finir dessus.

De plus, même si la fougue que Moreno affichait il y a presque 10 ans sur ces titres n’est plus au rendez vous, le groupe jouera ces derniers à la perfection. Conséquence immédiate : on a l’impression de rentrer dans un autre concert et ce rappel sera tout simplement jouissif. Au final on ne sait pas très bien quoi penser de ce show. D’un côté l’irrégularité vocale de Moreno agace et la baisse de tension du milieu du set fait décrocher, mais de l’autre ce rappel a lui seul était tout simplement énorme. Un concert à l’image du groupe donc, qui va d’un extrême à l’autre avec quelques passages à vide au milieu. Attendons maintenant la réelle tournée qui devrait suivre après la sortie de l'album à la rentrée.