DOWN

Cela faisait très longtemps que certains d’entre nous l’attendaient mais aujourd’hui ce rêve est devenu réalité. 11 ans après la sortie de son premier album « Nola », Down est enfin venu faire sa première tournée européenne. Pour commencer cette tournée tant attendue, qui au passage marque également la première tournée de Phil Anselmo depuis le meurtre de Dimebag Darrell, le groupe joue 2 dates allemandes (ndlr : Hambourg et Cologne) avant de se rendre sur cette date hollandaise dans la sympathique salle de Tilburg le 013. En ce 21 mai et comme souvent en Hollande la météo est maussade mais malgré cela les environs du 013 demeurent toujours très charmants, notamment grâce à cette allée remplie de pubs.

Venons en au principal : le concert. Tout d’abord, sans doute car annoncée très tard et ne bénéficiant pas de réelle promotion, cette date unique au Benelux est loin d’afficher complet. Le balcon est fermé et au final 800 tickets auront été vendus. En guise de première partie le groupe, à l’image de sa tournée américaine de 2002, propose un film d’environ 50 minutes où scènes comiques en coulisse avec Down et clips de leurs idoles se côtoient. Vous retrouverez donc sur les 2 écrans géants des clips de Led Zeppelin, Black Sabbath, Motorhead, Kiss ou bien encore Metallica, Slayer, Cro-Mags et Bad Brains. Dans les scènes backstage proposées par le groupe, nous retiendrons surtout les diverses pitreries mettant en scène Kirk Windstein et diverses anecdotes de l’Ozzfest 2002 avec entre autre la visite d’Ozzy dans le bus du groupe.

Toutefois le public hollandais pour sa grande majorité préfère boire des bières tranquillement au bar plutôt que de regarder le film et ne montrera pas grand intérêt quant à ce métrage. Suite à une séquence voyant Kirk se faire tatouer le logo de Led Zeppelin sur le bras suivi de près par le clip de Whole Lotta Love, le compte à rebours commence et Supertzar de Black Sabbath, intro habituelle de Down sur ses concerts, retentie dans le 013 pendant que le grand rideau noir s’ouvre. L’ambiance monte évidemment d’un cran. Le groupe entame son set par Lysergic Funeral Procession sur lequel le public ne cache pas son émotion en voyant Phil Anselmo apparaître sur scène. Ce dernier est en forme aussi bien physiquement que vocalement et en décalage avec ses prestations dans Pantera, le bougre se montrera relativement sobre. L’excellent Lifer, que Phil dédicace à Dimebag Darrell, suit pour le plus grand bonheur des fans présents.

Dès ce début de concert Phil se montre visiblement très ému et à la manière d’un Ozzy Osbourne déclare son amour au public toutes les 2 minutes. Fait suffisamment rare pour être souligné, le son n’est pas excessif mais présente un mixage étrange. En effet la basse et le chant sont très en avant laissant les guitares très en retrait pour un rendu quelque peu brouillon et certains éléments de la batterie de Jimmy Bower souffriront également de ce mixage. Sur Losing All, qu’Anselmo introduira 2 fois Bower ayant oublié de lancer son intro au charley, et sur Rehab l’ambiance demeurera festive avec les habituels lancés de bière présents dans tout concert belge ou hollandais qui se respecte et avec quelques joints balancés sur scène pour le plus grand plaisir de Phil Anselmo.

Toutefois lors de ce qui représente sans aucun doute le point culminant du second album du groupe à savoir l’enchaînement de l’enragé Ghosts Along The Mississipi et de l’intimiste et bluesy Learn From This Mistake le public hollandais retombera quelque peu dans son travers habituel à savoir parler tout en regardant le show de façon très statique. Au moment d’entamer New Orleans Is A Dying Whore Phil demande au groupe de stopper net, visiblement lassé de voir ce statisme et cette observation passive de la part des hollandais. Il demande de laisser les lumières de la salle allumées afin de pouvoir observer chaque spectateur et exige au public de se mettre à headbanguer comme si nous étions en 1985 ! Poilant ! Mais finalement pour se réveiller le public hollandais avait sans doute besoin d’un des plus gros classiques du répertoire du groupe que Phil mettra beaucoup de temps à annoncer.

Il s’agit bien sur de Temptation's Wings sur lequel le chanteur montrera ses seuls signes de faiblesse de la soirée. Rex Brown entame ensuite la ligne de basse du titre de Peter Frampton Do You Feel Like We Do et se verra rejoint par le reste du groupe qui se lancera dans une petite improvisation sur ce morceau avant d’enchaîner directement sur le jazzy et peu prévisible Lies, I Don’t Know What They But. Plus tard après quelques odes à la fumette, de rigueur ici en hollande, le groupe joue Eyes Of The South avec son intro à la Pink Floyd signé Pepper Keenan et le pont chanté par Phil et Kirk. Signalons d’ailleurs une des nouveautés de cette tournée qui voit Pepper Keenan et Kirk Windstein faire des chœurs dans Down, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant. Toutefois le son médiocre de cette date donnera quelques difficultés à entendre correctement les interventions vocales des 2 guitaristes.

Pour le rappel, Snake Sabo manageur du groupe dont le nom est sans doute familier aux fans de Skid Row, ramènera des bongos sur scène pour Jimmy Bower ce qui voit le groupe revenir pour interpréter le trippant Jail, jamais joué aux Etats-Unis. Phil introduit ce titre en le dédiant à tous ceux qui se réveillent subitement la nuit en sueur avec l’envie de s’éclater un gros joint. Interprétation live intéressante avec les chœurs de Pepper et Kirk qui complètement à merveille le chant de Phil même si toutefois la basse de Rex bien trop forte dans le mix masquera quelque peu les subtilités du morceau. S’en suit le classique Stone The Crow qui électrise à nouveau l’audience mais visiblement Phil n’est pas encore totalement satisfait.

Anselmo se lance ensuite dans un discours sur l’état actuel de la musique en général sur lequel le public n’hésite pas à devancer Phil en lui manifestant son dégoût à l’égard de la scène actuelle. Avant d’entamer Bury Me In Smoke, Anselmo déclare une nouvelle fois au public tout son amour mais signale tout de même qu’il aimerait voir le public bouger, headbanguer au lieu de l’observer en se rongeant les ongles. La fumée envahit la scène de Tilburg et le groupe peut finir sa messe avec ce riff final entêtant sur lequel Pepper Keenan cassera une corde. Au final un concert timide niveau public mais très bon au niveau de la prestation du groupe bien que manquant sans doute d’un petit grain de folie les musiciens étant sans doute stone et finalement assez peu imbibé. A noter que la setlist du groupe sur cette tournée fait la part belle au premier album « Nola ».

Suite à la date hollandaise le groupe part directement pour le Royaume Uni où il entreprendra une tournée à grosse affluence qui se terminera sur 2 concerts londoniens à l’Astoria. Suite à cela le groupe joue sur la dixième édition du Gods Of Metal à Milan en compagnie des groupes Satyricon (ndlr : pour le plus grand bonheur de Phil), Nevermore, Testament, Opeth et Venom. Après une escale en Suisse à Zurich, nous voilà donc à cette fameuse date française dans l’Elysée Montmartre de Paris. En cette après midi ensoleillé du samedi 3 juin 2006 on peut constater que beaucoup de fans sont déjà présents aux alentours de la salle parisienne. On pouvait craindre une affluence très faible devant le prix excessif du billet (ndlr : 33 euros soit la date la plus chère de la tournée, les autres tournant aux alentours des 25 euros) et devant une nouvelle fois ce large manque de promotion.

Toutefois le public parisien est bien conscient du fait que voir Down en Europe reste quelque chose d’inespéré et sait également que tous les musiciens du groupe n’ont plus joué au pays du vin et du fromage depuis bien longtemps déjà. Les derniers à y avoir mis les pieds sont Phil Anselmo et Rex Brown en mai 2000 avec Pantera. Pour Kirk Windstein et Jimmy Bower il faut remonter en 98 pour la dernière fois que Crowbar (ndlr : dont Bower faisait parti à l’époque) a foulé notre territoire. Et enfin pour Pepper Keenan, qui a vécu ici pendant une année à l’âge de ses 15 ans, il faut carrément remonter 10 ans en arrière, en septembre 96 avec Corrosion Of Conformity en première partie de Metallica. Cela arrive malheureusement assez souvent à l’Elysée Montmartre, mais une nouvelle fois le show commencera avant l’heure indiquée sur le billet. Les portes ouvriront à 18h30 et la vidéo commencera vers 19h10.

En pénétrant dans la salle le contraste avec la date hollandaise se fait déjà sentir. Le métrage qui fait office de première partie chauffe le public à bloc. La température dans la salle commence déjà à présenter des allures de sauna et l’ambiance se veut ultra festive. Mais tout cela n’est rien en comparaison du moment où l’unique écran géant tombe pour laisser le groupe rentrer sur Lysergic Funeral Procession. A l’arrivée d’Anselmo sur scène le public devient hystérique et la température monte encore d’un cran. Très vite le public montre un engouement digne de la victoire des bleus à la coupe du monde en 1998. En effet durant toute la prestation de Down et en opposition totale avec Tilburg, le public parisien se montrera connaisseur en chantant les paroles du groupe et offrira une ambiance des grands jours digne d’un stade.

Lorsqu’ Anselmo dédicace Lifer à Dimebag et à tous leurs autres amis coincés dans le monde du sommeil éternel, le public scande le nom du légendaire guitariste avec émotion. Après avoir interpréter Losing All et Rehab le groupe nous offre un titre rarement joué sur cette tournée avec Hail The Leaf. Les problèmes de son présent à Tilburg se feront encore sentir dans le faible volume des guitares mais l’acoustique de ce concert parisien se montrera meilleur à bien des niveaux notamment au niveau de la batterie et surtout des chœurs de Pepper et Kirk que l’on peut enfin apprécier. Phil Anselmo était plutôt sobre en Hollande, il est par contre ce soir à Paris nettement plus imbibé. Il accrochera à sa jambe durant tout le show un drapeau sudiste tendu par un spectateur.

L’ex-frontman de Pantera retombe quelque peu dans ses travers du passé en balançant quelques discours à rallonge, en prenant tout son temps et lançant un discours megalo inspiré de Mohamed Ali à la caméra de Jim Vanbebber qui se charge de filmer le groupe sur toute la tournée en vue d’un DVD. Toutefois le chanteur livrera à nouveaux une excellente prestation vocale. La doublette Ghost Alongs The Mississipi/Learn From This Mistake est une nouvelle fois grandiose. Sur le premier titre on peut apprécier l’apport vocal de Pepper Keenan sur le pont du morceau avant que Kirk ne se lance dans un solo endiablé et sur Learn From This Mistake nous pouvons apprécier la complémentarité du chant de Phil et des parties de guitare de Pepper avec notamment ce solo prenant en fin de morceau.

Sur cette date parisienne Anselmo a décidé de taquiner son compère Kirk Windstein et ne cessera de venir lui tirer les joues et lui taper sur le crâne pendant que ce dernier interprète ses solos ou autres rythmiques. Temptation's Wings déclenchera évidemment l’hystérie dans le public notamment avec cette dernière partie suite au pont où tout le groupe joue très dur avec un Bower « Power » qui tabasse ses fûts avec conviction. Pas de jams cette fois ci avant d’entamer Lies I Don’t Know What They But. Un fan lancera sur scène un t-shirt Pantera que Phil saisira et embrassera avec amour. Le public se lance alors dans un nouveau chant consacré à Dimebag. On peut sentir à ce moment du concert que le groupe subit également sur scène cette chaleur presque intolérable.

Les visages de Pepper et Jimmy commencent à littéralement se décomposer dans de la sueur et Anselmo commencera à devenir moins bavard et prendra tout son temps afin de récupérer entre chaque titre, laissant le public hurler afin d’avoir droit à de nouveaux titres. Mais le groupe devant cette ambiance de folie veut livrer tout ce qu’il a et nous gratifiera une nouvelle fois d’un titre rare de la tournée après Underneath Everything. Il s’agit du rageur There’s Something On My Side sur lequel on peut apprécier une joute vocale en fin de morceau entre Anselmo, Keenan et Windstein dont les 3 voix se complètement à merveille. Le groupe se retire ensuite sur Eyes Of The South où l’on peut apprécier sur le pont à nouveau une bonne complémentarité vocale entre Phil et Kirk. Le rappel sera identique à celui de Tilburg, tout d’abord avec Jail.

Le son étant bien meilleur sur cette date, on peut réellement apprécier les chœurs grave semblant venir d’outre tombe de Pepper et la voix empreinte de douleur de Kirk. Les bongos de Bower sont eux aussi bien plus perceptibles et ce morceau permet au public de souffler un peu avant les 2 dernières tueries de la soirée. Sur Stone The Crow Phil laisse une nouvelle fois le public montrer ses talents de chanteur et Kirk vient rendre visite à son compère Pepper au moment où leurs 2 guitares jouent le riff à une octave différente. Encore un temps mort avant d’entamer Bury Me In Smoke, la chaleur atteint vraiment son comble à ce moment du show, les visages des musiciens témoignent d'une fatigue importante mais ces derniers éprouvent une réelle satisfaction quant à l’accueil qui leur est réservé. Anselmo se montrera même gourmant devant cet accueil et cette affluence en demandant au public à 2 reprises pendant le concert si ce dernier compte revoir Down la prochaine fois et surtout en lui demandant de faire passer le mot afin de venir jouer au Zénith.

S’en suit un Bury Me In Smoke d’anthologie où visiblement le diffuseur de fumée aura quelques problèmes et où le groupe pourra livrer ses dernières ressources physiques. Sur le riff final du morceau Pepper donne sa guitare à Snake Sabo pendant que Kirk donne la sienne à Steve Gibb, son roadie sur cette tournée mais également son guitariste dans Crowbar. Une nouvelle fois la messe est dite et si le concert de Tilburg était déjà très bon, celui de Paris se montrera encore meilleur porté par un public démentiel et par une setlist plus longue. Il ne reste plus qu’au groupe à entreprendre sa tournée scandinave puis revenir ensuite au Royaume-Uni pour le Download Festival et 2 dates irlandaises. Pour nous autres il n' y a plus qu’à attendre le troisième album et une nouvelle tournée en Europe.