Après avoir soigneusement évité l’Europe pendant la tournée de « Amputechture », les géniaux Mars Volta nous reviennent à l’Olympia, afin de promouvoir leur excellent 4 ème opus « The Bedlam In Goliath ». Mine de rien, cela fait déjà 3 ans que la formation américaine a fait forte impression dans un Elysée Montmartre chargé à bloc lors de la tournée « Frances The Mute ». Le bouche à oreille a sans aucun doute bien fonctionné depuis vu que l’Olympia affiche à son tour complet ! Pas de première partie au programme et du coup, on comprend vite que c’est un concert fleuve qui nous attend. En effet, les Mars Volta ne sont pas avares et nous balancent en pleine poire un concert apocalyptique de 3h00, principalement axé sur leurs 2 derniers albums. Les 8 membres du groupe sont remontés comme des pendules et nous livrent, sous l’impulsion de cette brute de Thomas Pridgen, un set des plus énergiques qui arrive à nous emmener dans d’indénombrables territoires sonores. Pridgen ébloui d’ailleurs tout le monde ce soir. Le nouveau batteur des Mars Volta, malgré un changement de style radical par rapport à son prédécesseur, n’a pas tardé à se faire adopter par le public. Certes moins axé sur le groove et le feeling, son jeu est encore plus spectaculaire que celui de Jon Theodore et diablement puissant. Le bougre en met parfois trop, mais globalement son jeu « larger than life » se révèle être des plus jouissifs ! Mais la vrai star d’un show de Mars Volta, c’est bien évidemment le guitariste et chef de cérémonie Omar Rodriguez-Lopez, particulièrement en forme ce soir. Le musicien prodige dirige tout le monde et nous gratifie de son jeu spontané et unique. Cedric Bixler-Zavala est quant à lui plus en retrait dans le mix et n’arrive pas toujours à bien restituer ses vocalises. Il serait d’ailleurs de bon ton que le groupe utilise des chœurs en live pour épauler ce pauvre Cedric tant les albums sont surproduits au niveau du chant. Ceci étant dit, ce dernier compense largement par son aptitude à rentrer en transe et par son attitude féline (Cedric ne cesse de se déhancher comme une panthère tout au long du set). Mais revenons à ce joyeux bordel organisé qu’Omar nous propose, aidé par « ses » musiciens qui ne sont au passage pas toujours très bien audibles (surtout les claviers). Tout commence avec force et énergie sur Roulette Dares (The Haunt Of), qui nous est évidemment livré dans une version rallongée par une bien belle improvisation et se poursuit sur une version dynamitée de Viscera Eyes. Le groupe joue sur un tempo infernal, et agrémente son set d’une multitude d’improvisations pour la plupart bien senties, exception faite du très court Wax Simulacra, qui nous ait interprété dans une version proche de l’album. On poursuit sur un autre extrait de « The Bedlam In Goliath » avec le groovy Goliath pendant lequel les 2 claviéristes se livrent à un duel de soli fort appréciable. Après Ouroborous, Omar enchaine les gammes orientales tel un dresseur de cobra et nous balance une improvisation géniale pour introduire le chaotique Tetragrammaton, extrait de « Amputechture ». Ce titre ambitieux, sur lequel l’ombre d’un certain Robert Fripp plane, est l’occasion pour le groupe de nous dévoiler toute l’étendu de son talent, tant l’on passe par différents visages de sa musique. On revient ensuite sur le dernier album, avec le catchy Agadez dont la ligne de basse nous hypnotise littéralement. Premier extrait pioché de « Frances The Mute », Cygnus....Vismund Cygnus s’impose toujours comme une des pièces maitresses de la carrière des Mars Volta et ça tombe bien, la version de ce soir est purement hallucinante. Une jam vient se greffer au milieu du morceau et Omar en profite pour nous exécuter une multitude de soli tous plus excellents les uns que les autres. Le titre semble interminable tant il est rallongé à outrance, mais très franchement nous ne nous en plaindrons pas ! Omar et Cedric se lancent ensuite dans une jam ambiante qui rappelle la partie centrale d’Aberinkula. Bingo ! La missivie sonique qui ouvre « The Bedlam In Goliath » nous atterrit tout droit dans les oreilles sans même que l’on est le temps de comprendre ce qu’il se passe ! Le groupe effectue ensuite un virage à 180° en nous ramenant vers son premier album pour un Drunkship Of Lanterns, pour le moins bordélique, mais que l’on retrouve tout de même avec plaisir. S’en suit un enchainement de 2 titres en acoustique interprétés en trio. On commence avec le subtil Asilos Magdalena, qui se voit quelque peu gâché par quelques plaisantins ne pouvant s’empêcher de hurler des « olé », « arriba », on vous en passe et des meilleurs ! En revanche, on peut se délecter de l’adaptation acoustique du tristounet Miranda That Ghost Just Isn't Holy Anymore, sans trop d’accroc de la part de cette frange un brin casse bonbon du public. On approche de la fin et quoi de mieux pour terminer un set, déjà on ne peut plus timbré, que d’interpréter le névrosé Day Of The Baphomets qui nous entraine aux confins de la folie ! Sans aucun doute un des titres les plus dingues du groupe, où là encore l’influence King Crimson se fait sentir, qui vient clore cette longue et belle messe. Un concert d’exception de la part des Mars Volta, que l’on pardonne du coup bien volontiers pour avoir fait l’impasse sur l’Europe lors de leur précédente tournée. Mais afin de se rattraper totalement, on ne cracherait vraiment pas sur un second passage européen du groupe cette année. Un concert tout simplement grandiose ! Setlist The Mars Volta :
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