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METALLIANCE

6 & 7 Mai 2006

Beauvais - Elispace

Par quel bout commencer lorsque l’on veut rendre compte d’un festival comme le Metalliance ? Difficile question. En effet la tentation de parler uniquement de la multitude de problèmes d’organisation et de mensonges véhiculés par le promoteur est bien trop grande. Pour commencer la plupart des groupes de l’affiche n’ont pas été payés (à l’heure où sont écrites ces lignes les groupes Paradise Lost et Oceansize n’ont toujours pas perçus le moindre centime pendant qu’Anathema aurait apparemment touché une petite partie de son cachet seulement). Première conséquence : une grosse partie de l’affiche met les voiles et s’en va du festival sans avoir donné son concert. Ce sera le cas d’Epica, Katatonia et Novembre pour les plus attendus par le public. Saluons d’hors et déjà l’attitude de groupes comme Oceansize, Anathema et Paradise Lost qui ont tout de même daigné assurer leurs concerts par respect pour le public (pourtant pas très nombreux) et ce tout en sachant qu’ils ne verraient probablement jamais la couleur de l’argent. Une organisation bordélique et frauduleuse ajouté à une affluence très faible ont vite fait de transformer ce projet Metalliance en fiasco total. Et pourtant de ce désastre est né une âme et une volonté de bien faire à laquelle il faut rendre hommage. Tout d’abord comme évoqué plus haut, certains groupes non payés et pourtant faisant parti des plus gros de l’affiche ont joué. Chapeau ! Ensuite saluons également les bénévoles du festival, toute l’équipe de sonorisation, la sécurité, le régisseur plateau et autres qui se sont serrés les coudes entre eux pour que ce festival ressemble le plus possible à quelque chose. Parlons maintenant un peu musique.

N’ayant pas assisté à la journée dite désastreuse du vendredi (seul 3 groupes ont joué) commençons directement par celle du samedi. Cette journée qui sera la plus peuplée du festival (peut être 300/400 personnes pendant le set d’Anathema) aura vu 2 concerts magiques sortir de la moise ambiante du festival. Tout d’abord avec Oceansize. Ce n’est pas un secret, le combo de Manchester est très apprécié par votre serviteur qui a déjà pu avoir la chance de voir 4 concerts du groupe avant ce concert de Beauvais. Et bien disons le d’entrée, sur les 5 prestations du groupe auxquelles j’ai assisté, il se pourrait que celle-ci soit la meilleure. Pourtant le concert débute mal. Au moment d’arriver sur scène, on peut entendre dans les retours scènes que le sonorisateur du spectacle refuse de continuer tant qu’il n’obtient pas paiement.
Le chanteur Mike Vennart rie nerveusement et fait comprendre au public que si jamais il veut voir le groupe jouer, il vaudrait mieux faire tourner un chapeau et commencer la quête afin de rémunérer la société de sonorisation. Le chanteur/guitariste poursuit en demandant au public d’aller demander au promoteur à la porte ce qu’il se passe. Après un petit mouvement de foule en direction de l’entrée, la sono repart pour une raison qui demeurera mystérieuse. Bref ce détail passé, le groupe commence son set qui se voudra beaucoup plus équilibré que ceux donné par le groupe en fin d’année 2005. En effet le groupe pioche désormais de façon égalitaire dans ses 2 albums. La prestation d’Oceansize débute sur l’excellent One Day All This Could Be Yours joué à “seulement” 3 guitares depuis l’absence du bassiste Jon Ellis qui avait l’habitude de prendre la guitare sur ce morceau. Au passage signalons que le groupe n’aura à aucun moment présenter son remplacent.
Le concert, dont le son et les lumières seront vraiment impeccables, continue rageusement avec le titre Homage To A Shame qui se montrera de circonstance ici à Beauvais. Le groupe fait toujours autant mouche, avec Mike Vennart possédé, l’incroyable batteur Mark Herrin qui insuffle toujours autant de puissance, d’énergie, de feeling et de richesse à la musique du groupe et signe d’une bonne prestation même l’introverti Gambler se montrera mobile aujourd’hui. Le groupe affiche donc réellement une volonté d’en découdre et se sert sans doute de sa frustration comme catalyseur. On reste dans le dernier album du groupe avec l’excellent titre introductif The Charm Offensive puis avec un titre non interprété lors des derniers passages du groupe à savoir No Tomorrow qui prendra une nouvelle dimension en concert.
On revient ensuite au premier album du groupe avec un titre introduit avec humour de la façon suivante par le chanteur : on est au Metalliance ici. Voici notre titre le plus rapide ! En réalité le groupe exécute Women Who Love Men Who Love Drugs, sorte de ballade progressive hypnotique que l’on retrouve avec plaisir dans un set du groupe mais qui n’a rien du morceau puissant annoncé. Humour british quand tu nous tiens ! Par contre la fin du set fait la part belle à la puissance du groupe avec tout d’abord Catalyst, morceau sur lequel Mike Vennart montrera quelques difficultés vocales, et enfin pour finir One Out Of None, issus du EP « Music For Nurses », qui clôturera le set avec sa fin apocalyptique où Vennart crache ses tripes. Fabuleuse prestation du groupe. A revoir le 20 mai à Paris.
Setlist Oceansize :
01-One Day All This Could Be Yours
02-Homage To A Shame
03-The Charm Offensive
04-No Tomorrow
05-Women Who Love Men Who Love Drugs
06-Catalyst
07-One Out Of None
Une inquiétude de ne pas voir Anathema planait, elle sera toutefois dissipée après un discours de Bruno le régisseur plateau du festival. Les lumières s’éteignent et les anglais peuvent entrer en scène pour débuter un concert génial à la setlist riche et équilibrée. Ce début de concert sera entièrement consacré à l’album « Alternative 4 » pour le plus grand plaisir des fans présent ce soir dans l’Elispace. En effet se succèderont Shroud Of False, Fragile Dreams (sur lequel Danny casse une corde de guitare), Empty et Lost Control. Difficile de faire plus intense ! A la fin d’un Lost Control riche en émotion comme toujours, le groupe enchaînera sur Closer bizarrement amputé du morceau Balance et sur lequel le groupe montera une bonne participation.
Suit un des morceaux les plus sensibles d’Anathema avec l’excellent One Last Goodbye dont la partie épique sera bien évidemment reprise en cœur par le public mais qui ne procurera toutefois pas le même frisson que celui provoqué à Londres en janvier dernier et dont même Vinnie avait eu du mal à s’en remettre.Les fans les plus anciens d’Anathema pouvaient se plaindre ces dernières années de ne plus entendre en live des chansons pré « Judgement » ou « Alternative 4 » et bien ce soir le groupe a pensé à eux. Tout d’abord avec Hope qui recueillera un joli accueil, signe du côté connaisseur du public présent ce soir. On continue ensuite sur le désormais habituel enchaînement Judgement/Panic dont ce dernier se révèlera être le seul titre tiré de « A Fine Day To Exit ».
Le groupe continue ensuite avec le seul réel extrait de son dernier album en date « A Natural Disaster », en jouant Flying qui s’impose de plus en plus comme un des plus grands classiques du groupe. Difficile de résister à l’émotion du refrain et à la fin du morceau tout simplement envoûtante. Le groupe se retire à ce moment là et on pourrait craindre qu’il ne revienne pas en nous laissant avec ce set très bon mais trop court. Et bien que ne ni ! Bien imbibé, Vinnie Cavanagh revient sur roulette poussé par ses compères et manque de se vautrer littéralement sur son pédalier. Poilant ! Le groupe offre dans la foulée 2 petites gâteries pour ses vieux fans avec l’interprétation d’Angelica et un Sleepless issus de son tout premier album !
Ensuite le groupe dévoile enfin un nouveau titre qui figurera sans doute sur son hypothétique prochain album et ce titre laisse augurer du meilleur. Long et épique, il pourrait très bien se révéler au fur et à mesure des écoutes comme un grand morceau d’Anathema. Seul le temps nous le dira, et on souhaite vraiment au groupe de signer un contrat rapidement afin de pouvoir écouter tous ces nouveaux morceaux. Pour finir un concert fabuleux le groupe comme souvent finit par des reprises. Tout d’abord par le tube de Nine Inch Nails/Johnny Cash : Hurt, que le public français a le plaisir de découvrir ce soir dans sa version Anathema, mais que le groupe avait déjà interprété en début d’année à Londres. Très belle version une nouvelle fois où Vinnie montre qu’il est un grand chanteur qui sait insuffler une réelle émotion à un morceau.
Reprise plus habituelle avec Confortably Numb de Pink Floyd, reprise à la perfection notamment avec ce duo vocal offert par les 2 frangins Danny et Vinnie, qui viendra clôturer un concert magique donné pour l’amour des fans. Voilà donc une journée du samedi sauvée du désastre complet par les bénévoles et par Anthema et Oceansize (eux aussi bénévoles !) qui auront livrés des prestations exceptionnelles. A signaler l’immense déception du départ de Katatonia, sans assurer son set pour des raisons largement compréhensibles, dont une multitude de fans était venu à Beauvais rien que pour leur présence sur l’affiche.
Setlist Anathema :
01-Shroud Of False
02-Fragile Dreams
03-Empty
04-Lost Control
05-Closer
06-One Last Goodbye
07-Hope
08-Judgement
09-Panic
10-Flying
Encore :
11-Angelica
12-Sleepless
13-Nouveau Morceau
14-Hurt (Nine Inch Nails/Johnny Cash cover)
15-Confortably Numb (Pink Floyd cover)
Passons maintenant au dimanche. Avec le spectacle offert la veille, on pouvait rester dubitatif voir anxieux devant cette dernière journée du festival. Tiamat avait déjà annulé quelques jours avant, mais c’était maintenant au tour de Dew Scented d’annuler la veille de leur prestation, toujours pour les mêmes raisons : non paiement ! Mis à part cela tous les groupes prévus ce dimanche ont joué et dans un timing respecté. Par contre l’affluence redescendra par rapport à la veille. Les Parisiens de The Outburst sont venus avec l’envie d’en découdre et ne mettrons pas 5 minutes pour rentrer dans leur set. Après une petite balance express, le groupe démarre au quart de tour sous l’impulsion du guitariste Sky et la charmante chanteuse Sarah.
La musique du groupe se situe entre mélodie pop et thrash metal exécuté avec cohérence. Le groupe parviendra même à déclencher une sorte de braveheart ce qui tient de l’exploit vu l’affluence présente. Un groupe qui se fait plaisir et qui arrive parfaitement à communiquer son envie au public et une chanteuse qui n’a rien d’une potiche même si évidemment le côté danse du ventre de Sarah est un plus indéniable pour séduire l’audiance. Après avoir littéralement défoncé leurs nuques pendant une demi heure avec des titres comme Dance For Me ou encore Valentine, les parisiens se retirent en ayant rempli leur contrat.
C’est ensuite au tour des vétérans Horresco Referens de s’emparer de la scène. Rash et ses compères nous proposent un voyage au pays de leur lust-metal qui est en fait concrètement un death metal mélodique qui tourne autour du thème de la luxure. Le groupe à l’image de ses collègues de The Outburst envoie la sauce et montre une grande motivation et une belle envie de jouer. Le groupe exécute pendant ce set l’interprétation de titres plus anciens comme The Rain ou bien encore Purity Of Sex, avec ses fameux overdubs illustrant des voix féminines que nous qualifieront de suggestives.
Mais aussi de nouveaux titres issus du nouvel EP avec Deus Sex Machina ou bien encore Lustful Angels. Musicalement rien à dire sur la prestation du groupe, le tout est très carré, mais malheureusement on peut reprocher un son de grosse caisse excessif, rendant la compréhension des parties de guitares assez difficile. Toutefois le groupe aura donné une bonne prestation.
On revient maintenant dans l’international avec 2 groupes allemands, qui malgré une carrière déjà riche, effectueront ce soir leur premier concert français. Tout d’abord c’est le groupe Perzonal War qui s’empare de la scène. Les Allemands pratiquent du pur thrash metal vieille école comme on pouvait en entendre partout pendant les années 80. Beaucoup les compare déjà à Metallica et le fait que le chanteur guitariste possède une voix proche sur certaines intonations, un visage ressemblant et une attitude scénique similaire à James Hetfield n’est sans doute pas étranger à cela.
Mais la comparaison s’arrête là, même si le style du groupe s’inscrit à peu près dans le même que celui des 3 premiers albums des 4 Horsemen. Nous sommes donc confronté à un groupe pratiquant une musique archi classique mais néanmoins très efficace. Le groupe joue ses titres avec beaucoup de conviction, tient la scène à ravir et convaincra le public sans trop de difficultés. Un groupe littéralement taillé pour la scène avec un grand charisme. Bonne surprise.
Autre groupe allemand foulant pour la première fois le sol français : Squealer. Le groupe est à un tournant de sa carrière actuellement. En effet il vient d’être rejoint par Gus Chamber, dont le nom sera familier à tout fan de Grip Inc. L’ancien répertoire qui donne davantage dans le heavy metal classique à la teutonne se mèle désormais à des nouveaux titres plus catchy et résolument plus thrash sans doute sous l’impulsion d’un Chamber qui est d’hors et déjà la vedette du groupe. Ce dernier tient la scène comme personne aujourd’hui. Très professionnel, quel plaisir de retrouver ce grand frontman après 7 année d’absence en France. Pas une seule fausse note, une attitude géniale et amicale, Gus Chamber fait résolument parti des grands. Amusant de constater que Gus tourne les pages d’un cahier à ses pieds pour trouver les paroles des titres les plus anciens. Le batteur est le même que celui de Perzonal War et ce dernier se montre une nouvelle fois très bon.
Les guitaristes ainsi que l’excellent bassiste du groupe ne sont pas en reste non plus. Après un set survitaminé et acclamé par le public, Gus Chamber et les siens reviendront avec un rappel jouissif. Le bassiste du groupe entame un solo de Cliff Burton ‘aurait pas renier pour se lancer finalement dans le riff d’Ostracized de Grip Inc ! Enorme ! Malheureusement sur ce titre interprété dans une version très dynamique, la grosse caisse du batteur lâchera, venant un peu gâcher la fête. Mais qu’importe le groupe se rattrape aussi tôt en continuant sur sa lancée avec le cultissime Hostage To Heaven toujours tiré du premier album de Grip Inc. Dantesque. Squealer se retire définitivement avec un nouveau titre convaincant et il nous tarde déjà de revoir le groupe par chez nous. Assurément le groupe qui aura livré la meilleure prestation ce dimanche. L’occasion également de regretter que Dave Lombardo ne puisse plus consacrer de temps à ce fabuleux groupe qu’est Grip Inc.
Tout le monde sait que Paradise Lost est présent sur le site, mais tout le monde sait aussi que ces derniers n’ont pas été payés par l’organisation ce qui a pour conséquence de semer un doute quant à leur entrée en scène chez certain. Afin de mettre fin à ce suspens, le promoteur du festival Didier Plessier, vient faire un petit discours où il remercie, public, groupes et medias présents pour avoir fait de ce festival quelque chose de réussi, saluant même une bonne affluence pour une petite ville comme Beauvais. Le comble ! En finissant son discours Didier annoncera la venue de Paradise Lost. Les anglais mettront du temps à venir fouler la scène mais viendront tout de même.
Jouant gratuitement le groupe devait au moins espérer jouer devant un public conséquent, et il ne sera pas très difficile de lire la consternation sur le visage de Nick Holmes entre 2 morceaux. Ce dernier ne se montrera d’ailleurs pas très loquace tout au long de ce concert. La setlist du groupe sera même écourté de 3 titres. Mais malgré une frustration plus palpable que pour Oceansize et Anathema et un goût de l’effort envers son public moindre, difficile d’en vouloir aux anglais car au final nous sommes tout de même obligé de tirer notre chapeau au groupe pour les raisons suscités. Une prestation qui fait la part belle au dernier album du groupe « Paradise Lost ».
Au final les classiques tels que One Second, As I Die, Say Just Words ou bien encore Forever After font mouche, mais le groupe n’est pas très content d’être là ce soir et on peut le comprendre. Une étape picarde à oublier pour les anglais, malgré un concert tout à fait acceptable. Au final le bilan de Metalliance est évidemment désastreux, mais les prestations de haute volée d’Anathema, Oceansize et Squealer ainsi que l’ambiance conviviale et la bonne volonté de certains auront sauvé ce festival du naufrage total. Mais n’oublions pas tout de même qu’il est honteux qu’un fan ayant payé sa place se retrouve confronté à ce genre d’évènement.
Setlist Paradise Lost :
01-Don't Belong
02-Grey
03-Erased
04-Redshift
05-Mistify
06-Embers Fire
07-Hallowed Land
08-No Celebration
09-All You Leave Behind
10-As I Die
11-Enchantment
12-One Second
Encore :
13-Forever After
14-Over The Madness
15-Say Just Words