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SUICIDAL TENDENCIES

Entretien avec Mike Muir (chant)

20/04/07 - Hotel du square d'Anvers - Paris

 

Après quelques années de galère ces derniers temps à cause de problèmes de dos rencontré par son leader Mike Muir, Suicidal Tendencies effectue en ce moment son grand retour en France. Le groupe n'a pas chomé ces dernières années et a continué de composer pour plusieurs albums. Mike Muir discute longuement tout au long de cette interview des projets futurs du groupe et évoque également ses 25 ans de carrière.

Salut Mike ! Suicidal Tendencies a fait son grand retour sur scène le mois dernier en Australie. Comment était ce ?

C’était bien. En réalité j’étais en Australie lorsque nous avons reçu l’offre pour jouer sur un festival là bas. J’ai du d’abord rentrer à la maison car les premiers concerts devaient être initialement cette tournée française. Je n’étais pas prêt et je devais m’assurer que tout le monde était d’accord pour faire cette tournée australienne car je leur avais dit qu’on ne tournerait pas avant le mois d’avril. C’était cool avant notre premier concert. Je leur disais de ne pas s’inquiéter mais j’étais en réalité un petit peu nerveux (rires). Ce n’est pas le genre de trucs qui m’arrive habituellement, mais étant donné que j’ai eu 2 opérations du dos ces dernières années, ça me rendait un peu nerveux. De plus je me préparais réellement psychologiquement pour cette tournée, j’étais donc dans un état d’esprit très différent de d’habitude. Vivre sainement et assurer les concerts. C’était vraiment une bonne opportunité de faire ce festival et ces autres concerts en Australie. J’aime ce pays et cette tournée m’a forcé à me préparer plus rapidement ce qui est bon parfois. Les inquiétudes et la nervosité ont disparus progressivement et grâce à cette tournée je suis beaucoup plus relaxé ici. Si nous n’avions pas fait cette tournée en Australie, les concerts français seraient les premiers et je serai donc beaucoup plus nerveux (rires). C’est la même chose pour les autres. Je pense que tout le monde se sent plus en confiance maintenant. Lors de nos premiers concerts tout le monde me demandait sans arrêt comment je me sentais et si j’avais mal au dos (rires). Tout le monde, y compris moi-même, éprouve plus de confiance dans le groupe aujourd’hui.

Tu parlais de tes différentes opérations du dos. Comment va-t-il aujourd’hui ?

Il va bien. Après la première opération je ressentais toujours des douleurs mais je voyais que d’autres personnes ayant également connu cela pouvaient toujours faire ce qu’ils faisaient. Je pouvais également continuer à faire ce que je fais mais quelques fois plus que d’autres. J’ai gardé en tête que je devais vivre avec ça. Mais après la seconde opération je me suis bien mieux senti. Je souffre rarement et je peux faire à nouveau certaines choses que je ne pouvais plus faire. Avant je me questionnais tout le temps pour savoir si je me sentais à nouveau capable de faire telle ou telle chose. Maintenant je ne m’inquiète plus du tout. Je me réveille et je fais ma séance d’étirement pendant 45 minutes et tous ces trucs que je devrai faire tout le restant de ma vie. Mais c’est cool, pas de soucis. Au lieu d’attendre de sortir le nouvel album pour revenir sur scène, nous avons préférés venir jouer ici maintenant car je ne m’inquiète plus. Je ne suis plus à me demander combien de concerts mon dos pourra-t-il encore supporter. Mon dos va donc beaucoup mieux et je ne m’attends plus à avoir de nouveaux problèmes avec, car je fais ce que j’ai à faire pour le garder en bon état.

Vous faite actuellement une tournée française massive, ce qui n’arrive jamais de la part d’un groupe international. Une raison particulière pour avoir choisi de faire ce retour uniquement en France ?

La raison spécifique est qu’à chaque fois que nous devons partir en tournée nous voulons toujours jouer dans tout un tas d’endroits. Nous voulons faire toute l’Europe lorsque nous venons ici. Mais cette fois je n’avais pas envie d’aller ailleurs, je voulais uniquement faire tous ces concerts en France. Ce n’est même pas une tournée européenne, c’est une tournée française et les gens le savent. Nous avons déjà fait ça dans le passé. Nous avons voulu jouer devant des gens que nous n’avons pas vus depuis longtemps, avant même de sortir le nouvel album, histoire de ramener un peu d’excitation autour du groupe. Lorsque le prochain album sortira, nous allons faire une super tournée. Cette tournée est la bonne chose à faire pour nous. Le public français a toujours été génial avec le groupe et c’est l’occasion pour nous de faire quelque chose de spécial en retour.

C’était marrant d’ailleurs hier à Paris. A chaque fois que je vous vois en concert c’est la même chose : il y a plein de mecs habillés comme toi, avec des bandanas et le débardeur marqué du « 13 ». Je me demande toujours où sont ces gars lorsque Suicidal Tendencies n’est pas en ville…

J’ai appris quelque chose sur la tournée Eastpack Resistance en 2003. Il y a plein de visages que je vois habituellement à nos concerts que je n’ai pas vu. Hier à Paris, j’ai reconnu pleins de visages de gens, et même de fans européens. Mais tout le monde ne venait pas forcément sur le Eastpack Resistance. Il y a des fans qui nous suivent sur toutes nos tournées, et d’autres non. Hier j’ai reconnu pleins de visages, mais cela ne datait pas forcément du Eastpack Resistance (rires). C’était plus vieux. Il y a certains de nos fans qui vont à beaucoup de concerts et il y en a d’autres qui considèrent que Suicidal Tendencies est leur groupe et qui ne vont qu’à nos concerts.

Dave Hidalgo assure la batterie sur cette tournée française. Peux tu le présenter à mes lecteurs ?

Son père jouait dans les Los Lobos. Le fils de notre batteur Ron est né le jour où nous sommes partis pour cette tournée. Il savait que son enfant allait naître au moment de la tournée et bien sur il ne pouvait pas l’assurer. Sinon cela aurait crée quelques drames familiaux à vrai dire (rires). Dave a également joué avec nous sur la tournée australienne car Ron était occupé avec Stanley Clark et George Duke. Il a également une carrière dans le jazz et il avait déjà des engagements à respecter avec eux. Quand Ron n’est pas là nous pouvons avoir Dave si il est disponible. Ce n’est pas vraiment notre batteur mais il a déjà joué avec nous quelques fois. C’est également Dave qui joue sur notre DVD car Ron était en tournée.

C’est votre batteur remplacent…

En quelque sorte, mais batteur remplacent ça sonne un peu rude (rires).

Il n’y a pas vraiment eu de déclarations dans la presse il y a 5 ans lorsque Josh Paul et Brooks Wackerman ont quitté le groupe. Pourquoi sont ils partis ?

Nous avons eu plein de changements de line up dans ce groupe. Josh est entré dans le groupe lorsqu’il avait 17 ans et je pense qu’il a voulu essayer de faire d’autres choses. Nous en avons parlé tous les 2 avant que Steve puisse être disponible pour nous rejoindre. Mais nous sommes toujours amis avec Josh et il a même remplacé Steve sur quelque shows lorsque que ce dernier était occupé sur d’autres tournées. Il n’y a absolument pas de ressentiment. Brooks a commencé à jouer avec Infectious Groove alors qu’il avait 14 ans. Il a ensuite rejoint Suicidal et je pense qu’il a voulu également faire d’autres choses.

Vous avez donc ensuite recrutés les talentueux frères Brunner. Est-ce rafraîchissant pour le groupe d’avoir intégré de si jeunes musiciens ?

Lorsque nous les avons engagés, plein de gens nous ont conseillés d’auditionner d’autres gars. Mais la réalité est qu’ils étaient de très loin les meilleurs. Parfois les gens préfèrent jouer avec des gars plus vieux, mais lorsque tu es devant des mecs bien meilleurs que les autres et qui comprennent très bien la philosophie du groupe, c’est eux que tu dois engager. Tous les mecs plus vieux que nous avons essayé étaient beaucoup moins bons. Ils étaient coincés dans leur jeu. Nous avons toujours fonctionnés ainsi. Nous prenons les meilleurs. Peu importe les questions de nationalité, d’âge etc. Steve est un bassiste incroyable mais les gens ne le savent pas encore. Lorsqu’ils entendront le nouveau Infectious Groove, les dents vont leur tomber de la bouche. Même notre producteur Paul Northfield (ndlr : qui en plus de Suicidal Tendencies et Infectious Groove a travaillé avec Rush, Ozzy Osbourne, Dream Theater et bien d’autres), qui a pourtant travaillé avec des bassistes incroyables, reste sur le cul. Quand on lui dit que ça a été fait en une prise, il n’arrive pas à nous croire (rires). Steve est très modeste quant à son jeu mais lorsque les gens vont entendre nos nouveaux titres, ça va leur retourner le cerveau !

Il a l’air marrant en plus…

Ouais, il est cool (rires). Il a loupé l’avion pour partir en tournée, ça ce n’était pas marrant (rires). Nous avons du lui obtenir un autre vol. Souvent les gens pensent que c’est la fin d’un groupe lorsqu’il y a des changements de formation. Nous en avons eu tellement et après coup lorsque tu rencontres des fans après les concerts ils te disent des trucs du genre : Je vous ai vu 7 fois, c’était de loin votre meilleur concert, je ne pouvais pas croire que vous seriez aussi bons. C’est toujours pareil (rires). Ca s’est produit quand Robert Trujillo est arrivé dans le groupe et ça s’est produit aussi lorsqu’il est parti.

Suicidal Tendencies couvre beaucoup de styles dans sa musique. Lorsque vous êtes revenus il y a 10 ans, vous avez sortis « Freedumb » qui marquait un retour vers les influences punk/hardcore des débuts et ensuite vous avez sortis « Free Your Soul And Save My Mind » qui montrait à nouveau un Suicidal plus funky, plus thrash et plus varié. A quoi devons nous nous attendre avec le prochain ?

Nous avons tellement enregistrés de trucs que je ne peux pas vraiment être certain de la direction du prochain album. Nous devons finir tout ça et sortir cet album. Enfin sortir ces 4 albums, car nous travaillons sur 4 albums en même temps à vrai dire (rires). Nous déciderons des titres qui finiront sur chaque album, une fois que l’on saura quand ils sortiront. Sincèrement je ne sais pas pour le moment à quoi ressemblera le prochain album. Je vais dire que ça ressemblera à quelque chose et lorsqu’il sortira ce sera sans doute complètement différent. Je ne sais pas encore quels titres finiront sur l’album et quels titres ne seront pas retenus. Plein de gens me demandent si le prochain album sera plus metal ou sera plus ci ou plus ça. Ne me demandez pas ça, je n’en ai rien à foutre (rires). Ce qui compte c’est que l’album soit bon. Il y a pleins de trucs qui ne sortiront jamais mais ceux qui sortiront vont époustoufler les gens. Pour « Freedumb » l’orientation de l’album était plus intentionnelle. C’est parti de Brooks et Josh qui me disaient pendant la tournée Cyco Miko : mec, nous voulons jouer sur un album punk de Suicidal ! C’est ce qui a un peu influencé cet album. Ils n’ont pas vraiment contribués à l’écriture des titres, mais il y avait cet esprit. Puis il y avait aussi le fait que nous faisions notre retour et j’avais envie de sortir le genre d’album que j’aimais écouter quand j’avais 16 ans. Certains groupes font leurs albums pour les autres, nous faisons nos albums pour nous même.

Mais vous travaillez quand même sur ce nouvel album depuis 2004, non ?

Oui mais nous travaillons sur 4 albums en même temps. C’est pour ça que je ne sais pas quel titre finira sur quel album. Mais même avant cela nous avions déjà d’autres titres en boite. Nous devons avoir une centaine de chansons que ce soit du Cyco Miko, du Infectious Groove, du Suicidal Tendencies ou du No Name.

Tu mentionnes Infectious Groove. Quel est le line up du groupe aujourd’hui ?

Ron, Steve, Dean et moi même. Le line up de Suicidal Tendencies sans Mike Clark. Il y aura peut être quelques invités mais pour le moment tous les derniers trucs ont été enregistrés par nous 4.

N’est ce pas difficile de travailler en même temps sur l’album de Suicidal Tendencies et celui d’Infectious Groove ?

Nous avons un studio pro-tools comme pas mal de gens. Parfois je fais écouter nos morceaux à des amis. Je passe d’un truc à l’autre et ils demandent toujours de quel groupe il s’agit. Parfois c’est un peu confus pour moi (rires).

Quand comptez vous sortir ces albums ?

Je pense que nous sortirons un de ces albums cette année, et nous sortirons les autres l’année prochaine.

Penses tu refaire à l’avenir une tournée commune entre Suicidal Tendencies et Infectious Groove ?

Oh non ! Je n’imagine pas quelque chose comme ça arriver. Nous avons fait un concert comme ça à Paris et nous avons fait une tournée commune aux Etats-Unis en 1993. C’est trop de stress (rires). Tu dois t’inquiéter de ne pas choper la crève et de trop de trucs. Savoir si tu peux faire ci et ça. Au final tu as l’impression d’être replié dans un abri (rires). Tu n’as pas le temps de prendre de plaisir en fait. Je ne veux pas faire de choses qui ne m’amusent pas. Lorsque que nous avons fait ça, c’était un défi pour moi. Beaucoup de monde a adoré cette tournée, qui fût probablement la meilleure de la carrière du groupe. Ca a vraiment bien marché. Juste avant, nous avions fait une tournée avec Megadeth et je connais pleins de fans qui ne sont pas venus nous voir sur cette tournée. 6 mois plus tard nous faisions cette tournée Suicidal/Infectious et nous ramenions plus de monde à ces concerts car beaucoup de nos fans ne veulent pas nous voir jouer avec un autre groupe (rires). C’était vraiment génial, il y avait plein de monde mais je ne me vois pas refaire ça un jour. C’est beaucoup trop ! Surtout qu’aujourd’hui j’ai eu mes opérations du dos. Suicidal Tendencies joue 2h00, Infectious Groove joue 1h15. C’est trop pour moi. Si tu tournes en mars, tu dois faire gaffe de ne pas tomber malade car après tu ne peux pas assurer 2 concerts le même soir. Je déteste ça (rires).

Et penses tu faire une tournée européenne avec Infectious Groove ?

Oui, sans aucun doute. Nous en avons déjà parlés à vrai dire. Evidemment nous ne ferons pas de tournée avant de sortir un nouvel album et nous n’avons pas tourné aux Etats-Unis depuis trop longtemps. Nous devons d’abord nous occuper de ça mais oui ça va arriver. Pour Infectious Groove, nous devons d’abord sortir un nouvel album pour attirer un peu de monde aux concerts. Quand le premier album est sorti, les gens n’étaient pas très chauds. Je pense qu’aujourd’hui plus de monde voudra aller voir ce groupe en concert si ils aiment l’album. Mais il ne s’agira pas d’une grosse tournée. Nous devrons sélectionner les endroits.

Pour revenir sur Suicidal Tendencies, quoi de neuf du côté du DVD live ?

En réalité les gens qui travaillent avec nous pour ce DVD, travaillent également pour des gros films genre King Kong. Ils travaillent gratuitement sur notre DVD, donc ils le font quand ils ont le temps. Nous ne l’avons pas encore sorti également à cause de mon dos, car nous ne voulions pas qu’il sorte tant que nous ne savions pas vraiment quelle allait être la situation du groupe au niveau des concerts. Nous allons réfléchir plus sérieusement à tout ça après cette tournée car nous ne voulons pas sortir le DVD juste pour le principe de le sortir. Je pense qu’il est super et que les gens vont adorer mais je pense qu’il ne sortira pas avant l’année prochaine. Il y a plein de titres du premier album dessus car l’Olympic Auditorium était une salle réputée pour les concerts punk. Nous avons joué là bas 2 fois auparavant. En 1984 et en 1985. L’année prochaine marque les 25 ans de notre premier album donc le DVD sortira en théorie à ce moment là. Ca a plus de sens. J’ai apporté une copie du DVD avec moi sur cette tournée et je l’ai montré à quelques personnes. Ils ont trouvé ça mortel. Je pense qu’il représente bien ce qu’est Suicidal Tendencies.

Sans vous cataloguer comme un groupe politique, puisque je me souviens que pour l’élection présidentielle de 92 vous aviez refusé de faire parti de la campagne  Rock The Vote (ndlr : association américaine censée être non partisane et dont le but est d’inscrire les jeunes sur les listes électorales par l’intermédiaire de spots publicitaires laissant la parole à des musiciens)…

Ce n’est pas exactement ça. En fait je leur avais dit que je ne vote pas. Lorsque tu dis ça, les gens te prennent pour un idiot. Avec les limites d’un spot publicitaire de 30 secondes, tu n’as pas le temps d’expliquer pourquoi tu ne votes pas et tu as forcément l’air stupide. De plus ils n’avaient vraiment pas envie de savoir pourquoi je ne vote pas (rires). En réalité ils voulaient juste utiliser les musiciens pour leur faire dire de voter pour une personne spécifique. Avec eux il ne s’agit pas juste de dire aux gens de voter, mais ils veulent dire pour qui voter. C’est ridicule.

Mais Suicidal Tendencies est un groupe qui a souvent un message politique. Quel est ton regard sur le monde actuel ?

Je ne pense pas que nous ayons un message politique. Je trouve que le mot politique en général est un mauvais mot. Je pense que lorsque les gens ne veulent pas prendre le contrôle de leur vie, ils donnent le pouvoir à quelqu’un d’autre et cela amène toujours de mauvaises choses. Quelque soit le pays, il n’y a aucun amour de la part du président ou du premier ministre. Aucun d’eux ne peut nous rendre heureux. Les gens doivent prendre le contrôle de leur vie si ils veulent être heureux. Personnellement je ne crois pas au fait de donner du pouvoir à quelqu’un d’autre. Je ne veux pas donner de pouvoir et de responsabilité sur ma vie à quelqu’un d’autre. Mais la plupart des gens préfèrent donner de la responsabilité et du pouvoir aux politiciens comme ça ils peuvent se plaindre et dire : je ne peux pas faire ci à cause de ça. Je ne crois pas aux excuses. La politique donne beaucoup d’excuses aux gens. Finalement ce qui va arriver dimanche (ndlr : l’interview a été réalisée 2 jours avant le premier tour de nos élections présidentielles) et dans 2 semaines dans votre pays aura moins d’influences sur vos vies que la façon dont vous étudiez à l’école, dont vous utilisez votre temps et ce que vous faites de votre vie et comment vous le faites. La priorité est de travailler sur soi et prendre soin de soi. Si plus de gens fonctionnaient comme cela, les politiciens auraient moins de pouvoir. Ils ne peuvent qu’avoir du pouvoir si les gens n’en ont pas.

Au fil de ta carrière tu t’es moqué de plusieurs groupes. Par exemple Do What I Want d’Infectious Groove s’adresse à Rage Against The Machine (ndlr : en réponse aux célèbres paroles de Killing In The Name « Fuck You, I won’t do what you tell me ») et je pense que Charlie Monroe sur le dernier album de Suicidal Tendencies s’adresse à Marylin Manson…

Ouais, pas mal de gens le pensent. En fait ça s’adresse surtout à tous ces musiciens qui se prennent pour des politiciens et qui cultivent un culte de la personnalité. Ceux qui se débrouillent pour que les gens leur vouent un culte. Les gens ont besoin de croire en quelque chose, que ce soit des politiciens, des musiciens, des artistes, au lieu de croire en eux même (rires). La plupart de ces gens qui se font mettre sur un piédestal sont des imposteurs.

Suicidal Tendencies a été formé il y a 25 ans. Selon toi quels ont été les moments les plus importants dans la carrière du groupe ?

Lorsque tu regardes en arrière sur ta carrière, il y a évidemment pleins de choses qui auraient pu être faites différemment avec l’expérience. Mais lorsque tu commences ton groupe à l’école, tu ne sais pas vraiment ce qui va arriver. J’ai eu la chance d’être éduqué et mon père a eu de l’influence sur moi. Je n’ai jamais laissé Suicidal Tendencies devenir un boulot. Beaucoup de musiciens essaient de rendre les gens heureux, essaient de donner aux gens ce qu’ils veulent entendre. Je n’ai jamais agi de la sorte car j’ai vite compris que ce que les gens veulent à un moment particulier change très vite. Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent. On essaie toujours de te marqueter de telle ou telle façon et lorsque tu refuses, tu peux te foutre de la gueule de ces gens là 4 ans après. C’est plus important de savoir ce que tu veux faire et ce que tu veux dire et pas seulement à un moment précis mais sur le long terme. Si jamais nous avions suivi une tendance, nous ne serions plus là aujourd’hui. Nous serions devenus une blague (rires). A l’époque de notre premier album, un de mes meilleurs amis est venu me voir et m’a dit : Mike tu as l’opportunité d’enregistrer un album. Quand j’écoute la radio je sais que tu peux faire la même chose qu’eux. Fais le et deviens comme eux. Je lui ai répondu que je ne voulais pas devenir comme eux (rires). Je ne fais pas de la musique de cette manière. Si jamais j’avais essayé de suivre une mode, comme j’ai déjà dit nous serions une blague aujourd’hui. Nous ne serions pas pertinents. Beaucoup de nos albums ont été mal accueillis lorsqu’ils sont sortis. Tu as des amis qui viennent te voir : mec, je vais être honnête cet album est merdique. Quelques années plus tard les mêmes personnes te disent que leur titre favori se trouve sur ce même album qu’ils avaient détesté (rires). Nous ne sommes pas AC/DC. Beaucoup de gens les adorent, mais pour moi tous leurs albums sont similaires. Pour Suicidal Tendencies, tu peux naturellement identifier notre style, mais lorsque « Join The Army » ou « The Art Of Rebellion » sont sortis les gens s’indignaient en pensant que nous avions totalement changés. Quelques années plus tard, ils réalisent que ces albums s’inscrivent dans notre style.

Au cours de cette longue carrière, tu as joué avec énormément de musiciens avec tous ces changements de line up. Y a t-il certains musiciens qui te manquent ?

La personne qui me vient immédiatement à l’esprit lorsque tu me demandes ça est Adam Siegel d’Infectious Groove. Pour moi c’est un guitariste incroyable. Lorsque les gens ont un groupe favori, leur batteur favori est le batteur de ce groupe parce qu’il s’agit de leur groupe favori. Adam est incroyable car il peut arriver dans n’importe quel environnement. Avec n’importe quel guitare, n’importe quel effet et il s’adaptera toujours à la situation en changeant son jeu et fera des trucs mortels. Tandis que la plupart des musiciens vont tout de suite essayer de régler le son pour trouver celui qui leur convient. C’était génial de pouvoir le voir jouer. Il jouait parfois avec des amplis vraiment bizarres et il te sortait des trucs funk incroyables. Dans Infectious Groove tout commençait par la basse et la batterie. Adam jouait toujours en dernier et ses parties convenaient parfaitement à chaque fois. Il n’est pas seulement un guitariste incroyable mais aussi un artiste incroyable. Il fait également de la peinture. Malheureusement il n’a pas une personnalité très active. Parfois il s’arrête de jouer et toi tu es là : putain n’arrête pas (rires) ! Le lendemain tu le revois, tu lui demandes ce qu’il a fait de ce qu’il a enregistré hier et lui il te réponds qu’il a tout jeter à la poubelle parce que ce n’était pas assez bon. Tu n’en reviens pas et tu lui dis : mec donne moi ton enregistrement dans ces cas là (rires) ! Adam était vraiment unique. Aujourd’hui je suis très heureux de pouvoir jouer avec Dean Pleasant. C’est un bon guitariste de jazz et il fait vraiment des trucs étonnants. Je suis heureux de tous les membres que nous avons dans le groupe aujourd’hui. Steve est excellent. Il joue avec Snoop Dogg et Suicidal Tendencies. Dean joue avec Infectious Groove et Suicidal Tendencies. C’est marrant (rires). Ron joue avec Stanley Clark et pleins d’autres jazzmans célèbres. Les fans de Suicidal Tendencies ne réalisent pas ça. Nous faisons Suicidal parce nous aimons ça et pas parce que nous ne pouvons faire que ça. Dean a même écrit un morceau pour les 3T, les neveux de Micheal Jackson (rires).

Merci à Mike Muir pour sa disponibilité ainsi qu'à Johnathan de Ter A Terre et Paulo de Suicidal Casa.