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AGUA DE ANNIQUE

Entretien avec Anneke Van Giersbergen (chant, piano, guitare)

25/04/08 - Locomotive - Paris

 

Anneke poursuit tranquillement sa route avec Agua De Annique, mais aussi par une multitude d'autres projets. C'est toujours avec autant de décontraction et de gentillesse, que la merveilleuse chanteuse hollandaise s'est confiée, quelques heures avant le tout premier concert d'Agua De Annique en France, sur ses nombreux projets.

Quel est ton regard sur le dernier live de The Gathering A Noise Severe, sachant que tu n’as pas participé à sa réalisation ?

Effectivement je n’ai pas bossé sur A Noise Severe. Je l’ai reçu en même temps que les fans qui l’ont commandé sur Internet. C’était donc une surprise pour moi. Mais une bonne surprise car j’aime vraiment le son, l’image, le packaging et la façon dont le concert a été filmé. Nous avons vraiment donné un bon concert ce soir là et le public était fantastique ! J’en suis satisfaite bien que je n’ai absolument pas participé à la production de ce live. C’était un peu étrange, j’étais curieuse de voir le résultat.

Tu joues ce soir ton premier concert d’Agua De Annique à l’étranger. Ressens-tu un peu de pression ?

Non pas du tout ! Je suis tellement heureuse d’être de retour ici et j’apprécie vraiment de pouvoir jouer avec mon nouveau groupe à Paris. Il y a si longtemps que je n’étais pas venu dans la Locomotive. Nous avons donné tant de concerts ici avec The Gathering avant de nous produire à l’Elysée Montmartre. Aucune pression, que du bonheur ! J’espère juste que les gens vont aimer !

Tu as donné ce concert très spécial avec Danny Cavanagh (Anathema) le 2 janvier dernier à Tilburg. Comment cela s’est-il produit ?

Tout d’abord, nous nous connaissons évidemment depuis des lustres. Les routes de The Gathering et Anathema se sont souvent croisées dans le passé. Nous avons toujours parlé de faire quelque chose ensemble avec Danny, mais tu sais comment c’est. Ce ne sont que des paroles qui ne se réalisent jamais. Nous nous sommes revus à un des derniers concerts que j’ai donné avec The Gathering. C’était au Artmania Festival en Roumanie. Anathema était également sur l’affiche. On s’est un peu redécouvert avec Danny et nous avons décidé de vraiment faire quelque chose ensemble cette fois ! Peu de temps après, nous avons décidé de faire ça en Hollande lors d’un coup de fil. C’était quelque chose de vraiment spontané et l’accueil a été merveilleux. Un concert très spécial ! Aucune répétition avant le jour même ! Nous avons juste échangé des idées au téléphone, décidé de la setlist et nous avons bossé chacun chez nous. Nous allons d’ailleurs en faire 5 autres en Suède et en Norvège au mois de juin. J’ai vraiment hâte d’y être ! Ca sera encore très spontané et nous avons en tête d’autres titres d’Anathema ainsi que de nouvelles reprises à jouer. Mon set sera également différent car Joris Dirks ne sera pas avec moi cette fois.

Y a-t-il une chance de voir un album live ou carrément un nouveau projet studio sortir de cette collaboration ?

Absolument. Nous allons faire un disque ensemble mais nous sommes vraiment dans les premières étapes du projet. Nous jetons seulement quelques idées en ce moment. Mais cela fait aussi parti de ces choses que l’on voulait faire depuis pas mal de temps. Aujourd’hui c’est une réalité et il faut juste voir comment nous allons procéder pour faire cet album !

Tu joues absolument partout en Hollande depuis la sortie de Air ! Quel est l’accueil jusqu’à présent ?

Oui nous jouons effectivement dans toutes les villes hollandaises, même dans les plus petites. C’est très différent de The Gathering, avec qui nous jouions majoritairement à l’étranger. Là c’est tout le contraire ! J’adore les petits concerts solo que je fais où ceux que je donne en duo avec Joris et évidemment ceux avec Agua De Annique. Ca se passe plutôt bien jusque là. Les réactions sont assez positives là bas mais je dois dire que je suis vraiment heureuse de rejouer à l’étranger aujourd’hui. Je ressens une excitation plus particulière. Mais il est clair que c’est vraiment agréable pour moi de jouer à domicile et de pouvoir rester avec mon fils. Je peux m’assurer que tout se passe bien car je reste à la maison la semaine et je donne des concerts le week-end. Je suis contente de commencer de cette façon et nous verrons bien où ce projet me mènera !

Tu as eu 2 grosses opportunités en faisant la première partie de Within Temptation mais aussi celle de The Smashing Pumpkins. Comment était-ce ?

C’était génial bien sur ! C’est vraiment cool que Within Temptation nous ait demandé de faire ce concert. Ils m’ont également invité sur scène pour chanter un titre avec eux. Ils ont un excellent public qui est vraiment à fond dedans ! C’est bien pour nous de pouvoir déjà jouer devant de si grandes foules. Le concert des Smashing Pumpkins n’était pas complet, mais il y avait tout de même 5000 ou 6000 personnes ! Ce n’est pas si mal (rires) ! Mais Within Temptation est bien plus gros que Smashing Pumpkins en hollande ! Ca doit te paraître amusant (rires) ! Ils peuvent jouer plusieurs concerts en peu de temps devant 10 000 personnes à chaque fois. Ils cartonnent vraiment et je sais que ça se passe aussi plutôt bien pour eux en France. J’ai particulièrement apprécié ce concert avec eux car nous avons commencé nos carrières respectives au même moment. On se connaît depuis toujours et ils ont été les premiers à me solliciter pour faire quelque chose lorsque j’ai quitté The Gathering. Je trouve qu’ils ont eu une attitude loyale envers moi. J’apprécie vraiment leur geste.

Tu as été invité à un concert hommage à Prince, le 23 mars à Utrecht. C’est intéressant car j’avoue avoir du mal à imaginer Anneke Van Giersbergen être funky

(Rires) Oui je vois ce que tu veux dire ! Mais mes bases se trouvent pourtant dans ce style là au départ. Je chantais surtout sur du blues et de la P-Funk avant de rejoindre The Gathering. Prince est tout simplement mon plus grand héro de tous les temps ! Lorsque l’on m’a demandé de prendre part à ce concert, je n’ai pas eu le temps d’hésiter (rires) ! Il y avait pas mal de grosses stars hollandaises, c’était cool ! Il y aura une nouvelle édition l’année prochaine.

Agua De Annique a participé le 20 avril dernier à Amsterdam au festival Ticket For Tibet, dont le but est de soutenir la cause tibétaine. Peux-tu me raconter le déroulement de l’évènement ?

J’ai été approché par les organisateurs pour prendre part à ce concert et ils sont également à l’origine d’un single sur lequel je chante en compagnie des plus grands artistes hollandais. Je suis vraiment honorée d’avoir été choisie pour ce projet. Nous avons fait pas mal d’émissions à la télévision et le single a finalement atteint la première place des charts ! C’est fantastique ! Nous pouvons collecter un maximum d’argent pour le Tibet et c’est quelque chose qui me tient à cœur. Je me sens vraiment fière. Je chante en hollandais sur ce single, ce qui est assez inhabituel pour moi finalement, même si je commence à interpréter parfois des titres hollandais dans mes apparitions en solo.

Tes paroles ont toujours été ouvertes à l’interprétation de chacun. Mais est-ce que cette prise de position pour la cause tibétaine peut avoir une influence plus politique sur les paroles de ton prochain disque ?

Non ça ne changera rien. Les paroles du single ont été retravaillées, mais il s’agit à l’origine d’une chanson d’amour. C’était un tube très populaire au pays bas en fait. Une chanson vraiment belle que j’aime beaucoup. Mais les nouvelles paroles ne sont pas si politiques que ça et restent ouvertes. Nous ne montrons personne du doigt. Nous évoquons le dalaï- lama, mais il n’y aucune déclaration ferme dans ce titre. Je tiens d’ailleurs à souligner que cette organisation n’est absolument pas contre la Chine. Elle est pour la cause tibétaine. Cette jolie chanson est ouverte et demeure surtout un moyen de sensibiliser les gens à cette cause. Mais je n’y aurai pas participé si il y avait un fort aspect politique ou si nous montrions qui que ce soit du doigt car je n’aime pas ça !

Je sais que tu écris en permanence et je suppose que ce second album d’Agua De Annique n’est plus très loin n’est ce pas ?

Effectivement (rires). J’ai écrit beaucoup de choses et je dispose de 10 titres que je peux enregistrer en studio. Nous sommes prêts à entrer en phase de pré-production en quelque sorte. Rien de trop ambitieux, juste bosser sur les morceaux ci et là afin de faire un bon nouveau disque.

Tu avais enregistrée Air en plusieurs petites sessions. Que vas-tu faire cette fois ?

Je n’en suis pas encore certaine, mais ce qui est sur, c’est qu’il ne s’agira pas d’un long processus éreintant (rires) ! Il s’agira une nouvelle fois d’un processus spontané. Mais le son sera sans doute meilleur avec une plus grosse production. Nous allons améliorer certaines choses.

Comptes utiliser la même formation ?

Oui.

Peux-tu me donner un indice de la direction de ce prochain disque ?

Sur Air, il y a des titres rock, d’autres plus soft ainsi que quelques titres vraiment courts. Le tout a aboutit à un album assez easy-listening, particulièrement pour les fans de rock. Mais en live, ces titres sont devenus soudainement plus heavy ! Du coup il y a eu 2 sortes de réactions. Ceux qui trouvent l’album trop calme mais qui apprécient vraiment les concerts et ceux qui au contraire aiment le disque mais trouvent les shows trop heavy. Je souhaite en conséquence concilier de meilleure manière ces 2 aspects de ma musique. Il y aura un meilleur équilibre et ce nouvel album aura donc plus de mordant et sera plus heavy. Mais il y aura toujours des ballades romantiques et mélancoliques. Juste que les titres heavy seront plus fidèles à notre interprétation live. Ils seront plus intenses, avec la guitare plus en avant. Mais bon nous sommes juste en train de parler. Le résultat peut tout à fait être différent une fois que je serai en studio (rires) ! Nous faisons bientôt les démos, nous sortirons probablement par la suite un nouveau single en fin d’année puis l’album.

Tu fais ces concerts avec Joris Dirks sous le patronyme ADA Light. L’intérêt est que tu joues pas mal de reprises dans ce contexte et que les titres de Air disposent d’un visage différent. Est-ce que ces concerts te tiennent à cœur ?

Oui j’adore ça car comme tu le soulignes, l’ambiance est très différente. Je conçois toujours mes compositions comme des titres soft à la base car j’écris toute seule avec ma guitare ou mon piano. Parfois ces compositions deviennent des ballades romantiques et parfois elles deviennent des titres rock. Ce qui est bien avec ADA Light, c’est que je réduis à nouveau mes chansons à leur forme d’origine et je peux les jouer dans des versions plus légères. Le feeling est différent et cela donne une toute autre atmosphère. C’est tout aussi important pour moi que d’être sur scène pour un show rock n’roll. J’aime concilier les 2 aspects mais de façon séparée. Si tu fais les 2 dans le même set, tu finis par donner un concert long avec un gros vide au milieu (rires). Je donne également des concerts solos où je suis vraiment toute seule et c’est encore une autre facette de ce que je fais. Je parle davantage, je raconte des histoires sur scène et j’aime aussi ça ! Il y a toujours plusieurs visages pour une seule et même chanson !

Tu chantes sur Night Eternal, le nouvel album de Moonspell. Comment cela s’est produit ?

Ils m’ont demandé de prendre part à leur nouveau disque, ce qui est vraiment super ! J’ai tout de suite répondu oui ! La chanson est géniale et il s’agira d’ailleurs du premier single. J’ai également tourné le clip avec eux. Ils ont toujours fait différentes sortes d’albums et celui-ci est plus mélodique. Ce sont des mecs biens. La toute première tournée que j’ai faite dans ma vie avec The Gathering était en compagnie de Moonspell ! Nous commencions en même temps. Nous avions le même label, nous partagions le même bus. C’est vraiment bien de pouvoir enfin collaborer ensemble. Ca me fait chaud au cœur !