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CANDLEMASS

Entretien avec Leif Edling (Basse)

01/04/05 à l'hotel Fromentin de Paris

 

Candlemass est définitivement de retour. Cette fois ci avec un album intitulé sobrement "Candlemass". Epaulé par un label ambitieux tel que Nuclear Blast, Leif et les siens risquent bien de redevenir ce qu'ils etaient pendant les années 80. C'est avec un Leif lessivé que je me suis entretenu parlant du nouvel album, d'une prochaine tournée en compagnie possible de Nevermore ou King Diamond et de la scène suédoise notemment.

Salut Leif comment ça va ?

Oh je suis très fatigué, nous donnons beaucoup d’interviews depuis pas mal de jours maintenant, mais ça va je ne me plains pas car les gens sont très gentils et très enthousiastes à propos du nouvel album. Ca pourrait être pire tu sais (rires), ça pourrait être bien pire ! Ce qui est chiant c’est que l’on a pas le temps de visiter la ville, pas le temps de sortir dans les bars, pas le temps de faire du shopping, nous parlons toute la journée. Nous mangeons à 0h00, allons au lit à 2h00 et nous nous levons à 5h30, vers 7h00 nous nous rendons à l’aéroport pour partir en direction de Paris ou Madrid, arrivé sur place j’ai une heure tranquille dans ma chambre d’hôtel puis ça enchaîne directement par 12 heures d’interviews. En gros je passe mon temps à boire du café quoi (rires).

Revenons un peu sur la reformation du groupe en 2002 avec les concerts qui ont suivis dans beaucoup de festivals par exemple, comment étais-ce ?

C’était fantastique car nous avons donné de bons concerts dans des endroits ou il y avait pleins de gens. La plupart d’entre eux ne savaient pas à quoi s’attendre car ils n’étaient probablement pas fans du groupe pendant les années 80. C’était génial de jouer le Bang Your Head, le Sweden Rock. Nous arrivions avec notre petite routine, nous jouions de façon simple, les gens ne savaient pas trop à quoi s’attendre, c’était cool. Apres ces gros shows internationaux, nous avons continué avec des shows en tête d’affiche qui ont été fantastiques, les gens étaient soufflés par le fait que nous étions si bons sur scène, nous jouions très longtemps, nous savions comment obtenir le bon son. Sur cette tournée nous avons également rencontré beaucoup de fans , et surtout des nouveaux fans, des mecs de 19 ans qui ont du nous découvrir par leurs grands frères et par les rééditions remasterisées de notre discographie. En fait cet été là nous avons eu beaucoup de plaisir.

Et comment cette réunion s’était elle passée ?

Parce que tout à coup avec le nouveau millénaire nous avons découvert les listes des meilleurs albums du millénaire dernier établis par les magasines. Et dans les listes metal, « Epicus Doomicus Metallicus » ou « Nightfall » selon les magasines se trouvaient constamment dans le top 10. C’est incroyable quand tu lis cela, nous étions soufflés. Donc nous avons voulu remasterisés ces albums et les ressortir. Cela a été un succès, nous avons donné beaucoup d’interviews à cette occasion, puis cette proposition du Sweden Rock Festival est arrivée. Ils nous ont proposé un bon paquet d’argent et une bonne place sur le show, nous en avons donc discuter et nous en sommes arrivés à la conclusion que ça pouvait être fun. Dès l’annonce officielle de notre prestation au Sweden Rock, les autres festivals ont commencés tout de suite à nous solliciter. D’un certain coté, c’était accablant de vivre cette situation, tout à coup les gens voulaient nous revoir, voulait nous booker sur leurs festivals.

Bon maintenant pour plus coller avec la conception de ce disque, peux tu clarifier la situation du groupe l’année dernière car j’avoue que j’ai trouvé ça un peu confus. Tout d’abord un split annoncé et quelques mois après l’annonce d’un nouvel album…

Ouais, nous avons commencé l’album 4 mois après avoir annoncé le split je crois. C’était assez confus, même pour moi c’était confus (rires). Au départ nous n’avons jamais dit que l’on ressortirait un album, nous devions juste faire les concerts et c’est tout. Nous sommes 5, donc bien sur après la tournée nous avons discuté de pleins de choses et chacun avait une vision différente. Pour l’album nous ne pouvions jamais nous mettre d’accord sur la façon de le faire, quand nous devions le faire etc. Moi j’avais déjà commencé à écrire pleins de chansons dès la fin de l’été. Je crois que c’est Mats « Mappe » Bjorkman, notre guitariste rythmique qui a dit que ces chansons devaient voir le jour sous l’entité Candlemass, que nous devions le faire, que nous en avions besoin. Avec cette volonté nouvelle, nous nous sommes donc reunis dans une pièce ou l’on a fait des projets sur une feuille de papier, nous avons commencé à répéter par ci par là, puis nous avons loué des studios histoire de faire une démo. Une fois les dates réservées dans les studios, personne ne pouvait trouver d’excuse pour ne pas le faire, personne ne pouvait se défiler. Au final tout le monde était archi content de faire cet album, nous étions tous à 200 %, avec une nouvelle attitude et je pense que cela s’entend sur l’album. On entend que les 5 personnes qui jouent dessus prennent du plaisir. Cet album est très vivant.

Y a-t-il eu une motivation financière importante pour faire cet album, une belle offre du label ou quelque chose comme ça ?

Bon ok, nous avons un bon contrat avec Nuclear Blast, mais tu sais la production de l’album coûte déjà beaucoup d’argent. Nous avions à gérer beaucoup d’argent. Tourner coûte de l’argent aussi, quand nous sommes allés en Espagne nous avons perdu de l’argent. Nous voulions y aller, mais nous avons du perdre sur la tournée espagnole 2000 euros ce qui est nul. A Oslo aussi nous avons perdu de l’argent. Après il y a les t-shirt, le site Internet, tout ça nous coûte de l’argent. Tu sais je suis content si une fois que tout est payé il me reste 1000 ou 500 euros dans ma poche. Tu n’as pas idée du nombre de dépense que tu dois faire quand tu réalises un album. Donc bon la motivation n’est pas vraiment financière sinon j’aurai quitté ce métier depuis longtemps déjà. Si je voulais faire beaucoup d’argent, j’aurai monter mon label et j’aurai monter une boite de porno, ça ce sont de bons moyens de faire de l’argent, pas de jouer !

Cela faisait longtemps du coup que ce line up là n’avait pas enregistrer un album ensemble. Avez-vous garder les mêmes habitudes qu’avant ou avez-vous changer en studio ?

Nous avons beaucoup changé nos habitudes. Par le passé, nous faisions beaucoup la fête à tel point que j’aurai été incapable d’être la assis avec toi complètement sobre en train de te parler, je peux te le garantir (rires). Il y avait moins d’alcool en studio cette fois ci. Avant ça affectait nos prestations scéniques. Nous jouions trop vite dans le passé, quand j’écoute des vieilles cassettes je me dis : putain c’est quoi ce bordel, c’est beaucoup trop rapide ! Aujourd’hui nous jouons les chansons telles qu’elles doivent être jouées, avec puissance et à un tempo voisin de celui des albums. Nous jouons bien mieux aujourd’hui que par le passé. Candlemass est pour moi plutôt un groupe live donc c’est très important.

Sur le nouvel album il y a des titres vraiment plus agressifs, plus rapides qu’avant, parfois c’est comme si le doom rencontrait le thrash…

Oui il y a un peu de ça, mais nous avions déjà de vieilles chansons un peu dans ce style, avec de la double grosse caisse. Cet album est tout simplement un album de heavy metal. Quand j’ai commencé à écouter du metal avec Venom et Accept, ces groupes étaient vraiment rapides tout en étant lents parfois. Je pense que c’est plus intéressant d’avoir des chansons mid tempo comme Black Dwarf, suivi d’un morceau ultra lourd comme Seven Silver Keys puis ensuite un up tempo avec Assassin Of The Light qui débouche sur Corpernicus qui est extrêmement lent mais puissamment épique. Je pense que cela serait chiant si nous étions lourds et lents sur tout un album. Beaucoup de gens attendent cela de Candlemass, ils pensent que nous devons être un groupe de Doom underground qui joue tout le temps lentement, mais nous ne l’avons jamais été ! Sauf peut être sur « Epicus Doomicus Metallicus » ou là il est vrai que le tempo est lent du début à la fin de l’album.

Niveau composition en général c’est toujours toi qui fais le maximum, cela a-t-il encore été le cas cette fois ci ?

Oh oui, nous ne nous voyons pas au départ pour répéter, puis les autres membres du groupe attendent que ce soit moi qui compose car ça a toujours été ainsi d’autant plus que nous souhaitions faire cet album dans l’esprit des anciens. J’ai bâti les fondations de ces chansons, mais quand nous avons commencé à répéter, j’ai continué de les écrire. Les chansons finissent toujours par être bien meilleure quand la magie Candlemass arrive, c'est-à-dire quand Jan, Mats, Lars et Messiah jouent ces morceaux avec moi. Quand nous jouons tous les 5 il y a vraiment une étincelle, une magie qui s’opère et c’est pour cela que nous continuons, parce que ce groupe est vraiment putain de bon ! Il n’y a aucune importance dans le fait que nous jouons en répétition, dans un stade, dans un petit club et avec n’importe quel équipement, nous sonnerons toujours bien. C’est la marque des bons groupes.

Et cet album va-t-il être un album d’adieu encore une fois ou tu te vois plutôt continuer ?

Non nous ne pouvons pas faire cela, nous ne pouvons pas signer avec Nuclear Blast pour nous arrêter ensuite. De plus nous sommes engagés pour 3 albums. Après l’été nous devons aller en tournée avec le sourire, ça va être génial car pour une fois nous avons une maison de disque qui est vraiment derrière nous, nous avons un album qui est vraiment très bon, et j’aime être dans cette position. Combien de groupes ont la chance d’avoir une seconde chance aujourd’hui ? Pas beaucoup. Nous avons eu notre heure de gloire pendant les années 80, nous avons joué énormément, écrit des classiques. Combien de groupe peuvent se targuer d’avoir un son unique comme nous, ou même de figurer sur les top 10 du millénaire ? Pas beaucoup. Maintenant on nous donne une seconde chance, alors je me sens vraiment très chanceux d’être dans cette situation.

Le prochain album va arriver plus vite alors je suppose ?

Oui, nous comptons l’enregistrer le printemps prochain et le sortir pour l’été 2006, mais nous verrons bien. Ca serait une mauvaise idée de disparaître après la prochaine tournée, il va falloir que l’on fasse l’album suivant juste après.

« Candlemass » va sortir en mai juste avant les festivals, mais pourtant bizarrement je ne vois pas encore beaucoup le nom du groupe à l’affiche des festivals, pourquoi ?

Nous avons été bookés dans pas mal de festivals mais ce n’est pas encore forcement annoncé. On va faire le Rockwave en Grèce, le Wacken en Allemagne et d’autres festivals. Mais nous sommes plutôt bookés sur les festivals de juillet et d’août. A l’automne nous allons faire une tournée en tête d’affiche en Europe, nous allons revenir en Grèce, en Espagne, Italie…

La France peut être ? Paris au moins ?

Oui absolument, c’est très important. Il est acquis que nous jouons en Hollande et en Allemagne juste parce que nous sommes sur Nuclear Blast, mais pour moi il est très important de jouer en Espagne par exemple parce que nous avons beaucoup de fans là bas. Nous n’avons jamais joué en Italie et ça me tient donc également à cœur. La Grèce c’est important car nous sommes plutôt gros la bas. Il y a une demande dans tous ces pays pour que nous jouions des dates en club, donc bien sur nous irons. Pour Paris nous sommes venus 2 fois avant, nous savons que nous avons des fans, le marché du metal est en train de grandir en France parait-il, il etait pourtant mort depuis un bon moment. Je suis très heureux qu’aujourd’hui votre marché se porte mieux car la France était vraiment un marché étrange avant. Pourquoi la France n’a pas un si gros marché  ? N’y a-t-il pas de tradition metal dans ce pays ?

Eh bien, à Paris les concerts sont quand même assez peuplés, les ventes de disque ne doivent pas être mirobolantes, mais les salles sont loin d’être vides. Cela ne doit pas être comparable comme marché à l’Angleterre ou l’Allemagne par exemple…

Je suis sur en tout cas que si l’on vient maintenant jouer un show à Paris avant que l’album sorte, on ramène 500 personnes. Penses tu que l’on puisse faire plus ?

Je pense que 500 personnes serait déjà un score honorable. La maintenant je ne pense pas que vous pouvez faire plus.

En fait je te dis ça, car une fois que les gens vous écouter notre album qui est très bon, ils vont l’aimer et nous avons dans l’espoir de venir jouer à la Locomotive pendant l’automne en emmenant un autre groupe avec nous, ça sera certainement un co-headlining avec Nevermore. Peut être avec King Diamond sinon car notre manageur est le même, nous l’avons déjà fait pendant les années 80 et c’est une bonne combinaison.

Ca serait une belle affiche dans les 2 cas en tout cas ! Quel est ton regard sur l’évolution de la scène suédoise que tu as vraiment connu à ces balbutiements ?

Cette scène a été si bonne pendant tant d’années, mais maintenant elle est presque morte. Tu avais tous ces bons groupes comme Clawfinger, Dark Tranquility, In Flames, Opeth. Aujourd’hui je ne vois plus de fraîcheur chez les nouveaux, depuis Evergrey je ne vois plus vraiment d’intérêt chez les nouveaux. La scène de Stockholm est complètement morte, il ne reste plus que Gotheborg qui est active. Il y a toujours de bons nouveaux groupes, un par ci un par là, mais plus de scène, il n’y a plus de vague. Tout cela me manque, Stockholm est tellement morte aujourd’hui.

Et que penses tu de la scène Doom en général ?

C’est plus gros aujourd’hui, mais j’aimerai mieux du Doom classique, je préfère les chansons avec des mélodies. Aujourd’hui c’est plus du Doom extrême avec du growl, j’apprécie certains trucs mais je n’arrive pas à écouter les albums en entier en général. Si je suis bourré je peux apprécier un concert de ce type je pense (rires), si j’arrive à me mettre dans l’ambiance car pour moi ce genre de Doom mise plus sur l’ambiance que sur les chansons en elle-même. Messiah aime déjà peut être un peu plus que moi !

En parlant de lui j’ai toujours entendu parler d’une légende quant à son intégration dans le groupe au début, il parait qu’il faisait le barjo au téléphone avec toi ?

Oui ma copine avait répondu au téléphone en me disant : tiens prend le téléphone il y a un fou au bout du fil ! Quand je décrochais il chantait des chansons et jouait de la guitare, il voulait devenir le chanteur, j’ai fini par le faire venir pour auditionner à Stockholm, il nous avait persuadé de l’essayer, il était très persuasif. En répétition il connaissait les morceaux vraiment bien, mais… je ne dirai pas qu’il est fou, mais il a sa personnalité, au début nous avions du mal mais c’est une bonne chose car il est l’homme de scène, le public ne peut pas dire non à Messiah, il est si convainquant, si persuasif.

Merci à Leif pour avoir parlé pendant tout le temps qui m'etait imparti magré sa fatigue evidente. Merci à Valerie notemment pour sa souplesse quant au depassement d'horaire.