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CHIMAIRA

Entretien avec Mark Hunter (Chant) et Rob Arnold (Guitare)

07/06/05 - Holliday Inn République - Paris

 

Chimaira véritable valeure montante du label Roadrunner, revient plus fort que jamais avec un nouvel album sous le coude disponible en aout et un nouveau batteur Kevin Talley (ex-Dying Fetus). L'occasion de parler de l'actualité du groupe de Cleveland avec ses 2 leaders : le déconneur Mark et le sérieux Rob.

Salut les gars, tout d’abord vous avez un nouveau batteur, Kevin Talley. Que s’est il passé avec Ricky Evansand ?

Rob : Lorsque l’on a commencé tout se passait très bien, mais le problème dans Chimaira, c’est que lorsque qu’un nouveau membre arrive, et c’est arrivé malheureusement trop souvent car il est toujours regrettable de perdre un membre, nous n’essayons jamais beaucoup de personnes pour le poste. Pour Ricky, nous étions en tournée avec Soilwork, nous le voyons jouer et Andols a voulu quitter le groupe à ce moment là. Ricky était très motivé pour rejoindre le groupe, il était excité à l’idée de venir aux Etats-Unis. Mais très vite nous avons réalisé que nous avions de grosses différences culturelles et qu’il était très dur d’incorporer un Européen dans un groupe Américain. Nos personnalités ont commencé à se heurter, peut être qu’il ne savait pas vraiment pourquoi il était là, le fait qu’il était Européen coûtait cher au groupe…

Mark : il fallait lui payer un appartement, les trajets en taxi etc…

On peut voir les problèmes dans votre DVD…

Ouais plutôt, en tournée tous ses clash n’ont pas cessé de croître. Mais bon c’est un excellent batteur, un mec super, ça n’a tout simplement pas marché entre nous.

Rob : Au final nous avons décidé de nous séparer ce qui nous a donné l’opportunité d‘avoir Kevin. Et c’est quelque chose que nous savions en fait. Nous savions que si cela ne marcherait pas avec Ricky, Kevin serait disponible derrière. Donc quand cela a commencé à merder nous avons vite contacté Kevin.

Et Kevin est là pour de bon, ou voyez vous Chimaira comme un groupe à la Spinal Tap ?

J’espère que non ! Franchement si Kevin s’en va, je songerai sérieusement à le remplacer par une boite à rythme (rire général). Parce qu’une boite à rythme ne pourra pas quitter le groupe, arriver en retard aux concerts, être trop bourrée pour jouer et tout ce genre de choses.

Mark : la boite à rythme ne jouera jamais hors du tempo, en fait c’est plutôt une bonne idée, tout irait mieux avec une boite à rythme (rires).

Pour vous qu’est ce que Kevin a apporté à Chimaira ?

Une conduite incroyable, beaucoup d’attitude. Je le dis souvent, mais quand il joue c’est comme si il avait en permanence son majeur dressé pour dire : Je vous emmerde je suis le meilleur ! C’est l’image qu’il donne lorsque que tu l’entends jouer, même si bien sur en réalité il a besoin de ses 2 mains pour jouer (rires). Je pense que le reste du groupe joue dans cet esprit également, si tu regardes Jim sur scène, il te donne l’impression qu’il est le meilleur bassiste de tous les temps avec son attitude, alors qu’en réalité il est probablement le pire (rires). Nous avons toujours manqué de ça pour le poste de batteur. Andols était un batteur excellent, il jouait comme une machine. Mais ça devient difficile lorsque tu as une machine qui joue aux cotés de 5 bêtes sauvages, maintenant nous sommes 6 bêtes sauvages !

Pourquoi avez-vous choisi de nommer cet album « Chimaira » ?

En fait simplement lorsque que j’ai commencé à écouter l’album je me suis posé la question suivante : comment cet album sonne ? Et la réponse qui m’est venu de suite était : comme du Chimaira. Je pense que c’est la première fois que l’on a réussi à capturer littéralement notre son à 100%, dans sa forme la plus pure. C’est également la première fois que l’album sonne comme un groupe de 6 personnes, tu entends mieux la basse, les claviers, toutes les couches de notre son. En fait j’aurai aimé que cet album soit le premier. Je pense qu’il va marquer les esprits et que les gens s’en souviendront pendant longtemps. Chimaira signifie une bête formée de plusieurs animaux en une seule unité, c’est ce que nous sommes aujourd’hui et c’est ce qui est présenté dans cet album.

Tu me disais que tu aurais aimé que cet album soit le premier, aimez vous toujours votre premier album « Pass Out Of Existence » ? Car en concert à part la chanson Severed vous ne jouez plus rien de ce disque depuis un moment maintenant…

Hum je dirai oui et non. Je pense que lorsque tu travailles sur un album et que tu le défends sur scène ensuite, il commence vraiment à t’énerver à la fin. Nous avons pas mal tourné quand même pour « Pass Out Of Existence », et lorsque tu commences à travailler sur de nouvelles chansons, tu les trouves meilleures et tu ne veux plus jouer les anciennes. Je pense que la même chose va arriver maintenant, nous allons vouloir jouer principalement de notre nouvel album.

Rob : Oui et je pense que nous sommes aujourd’hui un tout autre groupe.

Mark : Il y a un mois nous avons donné quelque chose comme 8 concerts. Nous avons constamment varié la setlist sur ces concerts. Certains soirs nous jouions une majorité de vieilles chansons avec 2 nouvelles, et d’autres nous nous concentrions plus sur le nouveau matériel. Ce n’est pas uniquement excitant pour les fans car ils ne savent pas du coup à quoi s’attendre, mais c’est également plus excitant pour nous. Tu ressens plus d’adrénaline sur scène, tu peux anticiper du genre tu regardes la setlist et tu ne veux pas jouer ce morceau et tu veux en jouer un autre à la place. C’est amusant, nous nous faisons des signes avec les mains, nous ne savons pas trop comment commencer la chanson parfois, mais c’est plus rock n’roll. Avant nous utilisions toujours la même setlist en concert, puis quand j’allais traîner sur les forums sur Internet, je voyais constamment des messages de fans déçus que le groupe n’avait pas joué tel ou tel chanson. Nous voulons faire plaisir à tout le monde, c’est impossible mais nous essayons. Maintenant je suis plus dans l’état d’esprit de faire un concert avec 8 morceaux de « Pass Out Of Existence » et un nouveau morceau, puis le lendemain de ne faire que des nouveaux titres.

Ce nouvel album est de très loin le plus sombre de votre carrière, est ce un reflet de votre état d’esprit actuel ?

Rob : C’est peut être l’état d’esprit dans lequel nous étions à ce moment là. Mais il n’y avait pas de mentalité précise et établie à avoir pour l’album. Lorsque nous avons fini les 2 premières chansons pour l’album, l’ambiance et l'intention devaient déjà être donnés et nous avons voulu continuer les autres dans la même veine. Nous commençons maintenant à répéter ces chansons pour les prochains concerts et nous les jouons finalement pour la première fois réellement en groupe. Ces chansons sont difficiles, et nous avons besoin de beaucoup de pratique pour les jouer en espérant qu’elles sonneront bien (rires).

Mark : En même temps en ce moment si nous les foirons sur scène ce n’est pas bien grave vu que l’album n’est pas sorti. Les fans n’en sauront rien (rires).

Rob : Sur scène cela va être véritablement un défi pour nous de jouer ces chansons.

Comme tu le soulignes l’album est beaucoup plus technique, beaucoup plus épique également mais je pense qu’il est du coup moins rentre dedans, êtes vous d’accord ?

Mark : Non, pas spécialement. Je vois ce que tu veux dire bien sur. Nous ne voulions pas refaire un album qui te botte le cul facilement. L’intention était plutôt de faire quelque chose qui réclame des écoutes plus profondes. Il n’y aurait rien eu de plus simple pour nous que de faire un « Impossibility Of Reason part 2 ». Mais il n’y a aucune raison de faire cela. Certaines personnes du label et même peut être certains gars du groupe auraient peut être voulu continuer sur ce format. En même temps je trouve que sur ce nouvel album, il y a des chansons qui auraient pu coller sur « Impossibility Of Reason », d’autres sur « Pass Out Of Existence » et même sur l’EP. L’album doit être écouté du début à la fin, et il n’est pas digestible au point de l’oublier en un mois. Celui là ne viendra pas immédiatement, il faudra l’écouter plusieurs fois, plus tu l’écouteras et plus il te restera dans la tête et dans 10 ans tu le remettras encore dans ton lecteur CD.

Pour moi la plus grosse évolution de cet album est sans aucun doute la guitare. Rob tu sembles être plus confiant et tu as fait pleins de solos sur cet album, d’où cette envie est venue ?

Rob : Je pense que j’ai du me sentir dans un meilleur confort pour les solos. A force de jouer non stop depuis pas mal d’années maintenant, je suis tout simplement devenu meilleur. Mon habileté pour les solos a augmenté. C’est tout simplement une évolution musicale naturelle.

Chimaira a toujours été principalement écrit par vous 2, était ce pareil cette fois ?

En général moi et Mark, nous écrivons 100% des riffs. Pour cet album les autres gars étaient là lorsque nous écrivions, ils ont donc apportés quelques idées et ont participé aux arrangements. C’est leur rôle dans le groupe. Ils savent juste le format et la direction que nous voulons utiliser au début, car c’est plus notre vision à tous les 2. Maintenant, à l’exception de Kevin car il est nouveau, tout le monde se sent plus à l’aise dans le groupe car il connaît son rôle pour aider le groupe à aller plus loin. Cet album ressemble plus à un effort collectif, mais pour répondre à ta question nous avons quand même écrit tous les 2 la plupart des riffs.

Mark : Cette fois ci je me suis mis plus en arrière plan car je voulais plus me concentrer sur les paroles et le chant pour m’assurer qu’ils soient bons. Je pense avoir écrit toutes les chansons avec Rob sur l’album précédent. Sur celui-ci j’ai participé vraiment à 2 morceaux au niveau de la musique. Mais bon j’ai participé comme les autres aux arrangements,et je suis obligé de chanter sur les chansons, donc je suis obligé d’écrire des paroles et des lignes de chant (rires).

J’ai uniquement écouté l’album une fois, mais j’ai remarqué qu’il n’y avait plus beaucoup de samples et de claviers dessus à part sur l’intro du titre Save Ourselves, Chris est il toujours investi dans le groupe ?

Oui, il faut vraiment que tu puisses l’écouter à nouveau car Chris fait plus de choses dans cet album que dans le précédent. Certainement pas plus de choses que dans « Pass Out Of Existence » par contre. Je trouve que c’est cool que tu n’as pas trop remarqué sa présence, c’est signe qu’il se mélange à merveille avec le reste du son du groupe. Mais je sais exactement de quels sons tu parles, les espèces de cris perçants anormaux (il mime les samples), ça te saute aux oreilles. Le reste se mélange tellement bien que tu n’y prêtes pas attention, mais si tu écoutes l’album au casque tu te diras : ah oui je n’avais pas fait attention à ça.

Avez-vous des nouvelles d’Andols ? A-t-il des regrets concernant son départ ?

Rob : Ce n’est pas le genre de gars à l’avouer. Nous le connaissons bien et nous pouvons sentir parfois des petits regrets. Mais il ne viendra jamais nous dire : Mec je regrette d’avoir quitté le groupe. Il n’arrivait pas à faire face à la pression d’être dans un groupe. Il est heureux maintenant, il va à l’école, il donne des cours de batterie. Qui sait ? Peut être sera-t-il dans le groupe à nouveaux un jour. A sa place je préfèrerai revenir dans le groupe, un batteur de son niveau, avec son expérience, je suis sur que nous retravaillerons un jour ensemble dans le futur. Il va bien en tout cas.

Etes vous à l’aise avec l’étiquette metalcore ou New Wave Of American Heavy Metal ? Car le style commence à devenir très cliché…

Mark : Tout ça est parti d’une blague. Juste un moyen pour nous de rendre hommage aux anciens groupes, mais en fait on s’en fout un peu de cette étiquette. Certains groupes surfent sur cette vague et veulent à tout prix continuer à être catalogué ainsi, laissons les faire, nous ne le voulons pas en tout cas. Nous ne voulons pas devenir populaire, enfin nous le sommes un peu et c’est cool…

Rob : Nous voulons être populaire à notre façon…

Mark : Ouais voila, nous avons été les premiers à répandre l’appellation New Wave Of American Heavy Metal dans le monde, d’autres ont suivi mais ça m’est égal, et maintenant nous serons les premiers à nous séparer de cette phrase.

Vous avez gardé la même équipe que sur « Impossiblity Of Reason » pour faire l’album, à savoir Ben Schigel à la production et Colin Richardson au mixage, est ce la combinaison parfaite pour Chimaira ?

Rob : Tout c’était très bien passé pour « Impossibility Of Reason » donc nous voulions commencer avec les mêmes à nouveau. Ca s’est encore une fois très bien passé donc nous n’avons aucun regret par rapport à cette décision.

Mark : Colin est une légende, il a travaillé avec Carcass. Il n’y a rien d’autre à ajouter, Fin de la discussion (rires).

L’album a du être écrit très rapidement car j’ai l’impression que vous n’avez pas arrêté de tourner depuis 2003…

Oui ça doit donner cette impression, mais en réalité nous avons bossé dessus pendant 8 mois, du moment ou nous avons commencé à écrire jusqu’aux derniers jours de mastering.

Rob : Nous avons écrit 5 jours par semaine en nous laissant le week end de libre pendant quelques mois. Nous aurions pu disposer de plus de temps mais nous avons été très productifs et nous sommes heureux du résultat que cela a donné.

Vous avez annulé votre participation au Graspop Metal Meeting de Dessel en Belgique, pourquoi ?

Mark : Hum parce qu’en fait nous n’aimons pas vraiment la Belgique. Non je déconne (rires). En fait notre apparition sur le Graspop a été bookée avant que nous le soyons sur le festival Américain (ndlr : Sounds Of The Underground) que nous faisons cet été. La première date du festival itinérant Américain était la même que celle du Graspop, donc entre une date sur un festival Européen ou une tournée entière aux Etats-Unis, nous devions choisir la tournée entière.

Je vais certainement vous voir sur le Fields Of Rock en Hollande malgré que vous jouez en même temps que Slayer (ndlr : depuis l’horaire du groupe a été déplacé) dois je m’attendre à de nouvelles chansons ?

Rob : On joue en même temps que Slayer ? Ca craint.

Mark : Ouais j’ai découvert ça hier. On jouera certainement des nouveaux titres.

Rob : Oui au moins 2 et peut être 3.

Comptez vous partir cette fois sur votre première tournée Européenne en tête d’affiche ? Car je pense que c’est le bon moment pour le groupe.

Mark : Oui l’année prochaine. A la fin de l’année nous allons faire la première partie d’un groupe en Europe, puis nous reviendrons en tête d’affiche en début d’année prochaine.

As-tu un nom à me donner concernant le groupe que vous allez supporter ?

Non, mais je vais utiliser les mots Suède et Feu pour t’aider à trouver (ndlr : pour ceux qui n’ont pas compris : In Flames). Mais il y a aussi un autre groupe à l‘affiche, pour t’aider je vais utiliser les mots Andreas et Brésil (ndlr : Sepultura pour ceux qui n’ont pas compris). Pour la tournée Européenne, j’espère que nous pourrons prendre Crowbar en première partie. Ca fait 3 ans que nous essayons de les prendre en tournée avec nous, on verra si ça marche.

Ce sont des bonnes nouvelles que tu me donnes là ! Sinon Roadrunner Records fête ses 25 ans, il y a un album prévu pour octobre à cette occasion, je suppose que vous y avez participé, pouvez vous m’en parler ?

Matt notre guitariste a fait 2 chansons avec Joey Jordison de Slipknot. Il a joué avec un mec de Malovelant Creation à la guitare également, Joey à la batterie et je ne me souviens plus du bassiste. Notre ancien batteur Andols a joué 4 chansons avec Robb Flynn de Machine Head, et malheureusement j’ai manqué le coche car je suis chanteur et je n’ai pu faire qu’une chanson du coup (rires). Je joue sur l’album avec Andreas Kisser (Sepultura), Dino Cazares (ex-Fear Factory), Roy Mayorga (ex-Soulfly) et Paul de Slipknot. Je vais enregistrer ça à la fin du mois. Ca va être un album vraiment cool, j’ai pu écouter les chansons, les trucs composés par Dino et Robb Flynn, ce sont vraiment des bons morceaux et je ne peux plus attendre d’entendre ça avec les chanteurs, car la version que j’ai écoutée était instrumentale.

Et toi Rob tu ne joues pas dessus ?

Rob : Non. D’un certain sens j’en suis heureux, car j’étais très pris avec le nouvel album.

J’ai été très surpris de voir que le quatrième compositeur pour le projet aux cotés de Robb Flynn, Joey Jordison et Dino Cazares était Matt de Trivium, le choix logique aurait été toi Rob ou Adam de Killswitch Engage si ils voulaient montrer l’avenir du label avec ce quatrième gars…

Mark : En fait nous avons considéré que comme nous faisions notre propre album, nous ne serions pas capables de le faire, et Killswitch Engage était en pleine tournée. En fait le seul gars disponible était celui de Trivium (rires).

Rob : Je trouve ça cool que ce soit le mec de Trivium en fait. Cet album célèbre les 25 ans du label et c’est bien que le label montre ce qu’il a à proposer pour le futur.

Mark : Ouais puis Matt est un super guitariste, j’ai entendu une de ces chansons pour le projet, avec King Diamond qui chante dessus donc du coup c’est d’hors et déjà ma chanson favorite (rires).

Merci à Rob et Mark de Chimaira. Et merci à Laure, Sabrina et Karine de Roadrunner.