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DEFTONES

Entretien avec Stef Carpenter (guitare) et Chi Cheng (basse/choeurs)

20/10/06 - Hotel Meridien Etoile - Paris

 

"Saturday Night Wrist" sort enfin dans les bacs, le 31 octobre plus exactement. On peut dire que la formation de Sacramento aura mis le temps ! Retour sur la gestation de ce nouvel album en compagnie de Stef et Chi. D'humeur décontractée, joviale et très honnête les 2 californiens ne déguisent pas la frustration provoquée par la mauvaise volonté de leur chanteur Chino Moreno lors de l'enregistrement de l'album et se laissent aller en toute limpidité à une interview vérité.

Salut Chi ! Tout d’abord « Saturday Night Wrist » me rappelle sur certains points « White Pony » car je pense qu’il marque un nouveau départ pour le groupe, qu’il est varié et qu’on y retrouve en quelque sorte la même ambiance rêveuse. Es tu d’accord avec moi ?

Chi : Dans une certaine mesure, je suis d’accord. L’album précédent était plus sombre, plus direct, plus lourd avec une dominante mid-tempo. Sur ce nouvel album il y a plus de couches et de textures différentes. C’est toujours un album de Deftones. (A ce moment de la conversation Stef fait son entrée) Te voilà toi !

Stef : C’est bien le moment de la journée où on doit dire « Bonsoir » ?

Chi : Je disais donc qu’effectivement il y a plus de similitudes entre ce nouvel album et « White Pony » par rapport à notre album précédent, mais je ne dirai pas que « Saturday Night Wrist » est le même album que « White Pony ». C’est une nouvelle progression de Deftones. Je pense que beaucoup de gens font ce rapprochement parce qu’il ne ressemble vraiment pas à notre album précédent. Du coup ils se disent qu’il ressemble à « White Pony ». Mais ça me va tout à fait car j’adore ces 2 albums.

Ok. Revenons maintenant à la genèse de « Saturday Night Wrist ». Après avoir passé quelques mois à composer à Malibu, vous avez engagés le producteur légendaire Bob Ezrin (Pink Floyd, Alice Cooper, Kiss, Peter Gabriel, Lou Reed). Quelles étaient vos motivations à l’époque ?

Stef : En réalité c’était davantage le choix de Chino et Abe. A l’origine nous devions collaborer avec Dan The Automator (Gorillaz) et j’étais très heureux de ça. Je voulais continuer avec lui. Mais bon les autres se sont fait influencés par notre management qui voulait vraiment nous voir bosser avec Ezrin. Au final tout le monde était partant pour travailler avec lui en se souciant uniquement de ce statut légendaire sans se demander si nous allions réellement trouver une cohésion avec lui.

Chi : Sans savoir si nous allions bien nous entendre avec lui.

Stef : Normal, c’est Bob Ezrin (rires) ! C’est un mec sympa en plus.

Chi : Puis il a tout fait !

Stef : Mais cela ne signifiait pas que ça allait marcher pour nous. Au final il s’est avéré que la situation ne nous convenait pas. C’était amusant pour certains d’entre nous, mais pour d’autres cela a été une période très difficile.

Il est aujourd’hui de notoriété publique que Chino et Abe sont ceux qui ne se sont pas entendus avec Ezrin…

Chi : Oui et c’est grâce à Stef. C’est lui qui a été très clair avec les medias (rires).

Malgré tout, pensez vous qu’il a quand même apporter quelque chose à votre musique ?

Chi : Je pense que Bob a enlevé notre crainte de faire de véritables chansons rock. Quand j’écoute des titres comme Combat ou Hole In The Earth je trouve qu’il y a des trucs à la Soundgarden et des trucs comme sur les premiers albums des Smashing Pumpkins. C’est en partie grâce à Chino mais aussi grâce à Bob Ezrin. Nous n’avons plus peur d’être juste un groupe de rock.

Je trouve que le chant de Chino est très bon sur ce nouvel album. Il y a de l’innovation et de la fraîcheur…

Chi : Je pense que le chant est merdique ! Je dis ça pour lui ramener les pieds sur terre (rires). Non le chant est incroyable bien sur. Je viens de faire un phoner à l’instant où j’ai dit que je n’avais aucun doute quant au fait que Chino enregistre d’excellentes parties. Le problème était plutôt de savoir à quel moment il allait les sortir.

Stef : Il est clair que personne ne doutait de sa capacité à faire des choses brillantes. Mais ce qui nous a dérangé c’est son incapacité à le faire au moment que nous avions choisi. C’est difficile d’arriver à une situation où c’est le bon moment pour tout le monde. Mais nous n’avons jamais pensé qu’il ne pourrait pas y arriver, nous étions juste frustrés qu’il ne soit pas prêt en même temps que nous.

A-t-il réenregistrer ses parties vocales après les sessions avec Bob Ezrin ?

Stef : Il n’y a eu aucune partie vocale enregistrée pendant que Bob était avec nous. Il y avait ce gros conflit entre Chino et Bob. Il n’a rien enregistré et Bob était là : Vas y ! Nous avons absolument tout en boite sauf du chant !

Chi : Il nous a rejoint les 2 derniers jours. Il était en ébullition en train de nous montrer ses idées, du genre : écoutez ça bande d’enculés ! Il voulait faire 8 ou 9 morceaux en 2 jours. Mais nous n’étions pas satisfaits. Puis Bob a déclaré : C’est de la merde ! Tout ce que tu fais n’est pas bon, améliore tes parties très vite. Puis Bob a fait parler son expérience et nous a conseillé de rentrer chez nous prendre une pause pour Noël et de retravailler ensuite. C’est ce que nous avons fait. Après cette pause nous avons écrits de très bonnes chansons.

Stef : Mais Chino a encore gaspillé notre temps car il n’avait toujours pas enregistré ses parties à ce moment là. Puis il a été bossé avec Team Sleep.

Chi : Nous arrivions à un point où nous voulions rentrer à la maison car nous travaillions tout le temps et rien ne lui convenait. Je suis resté assis avec lui une semaine pendant 10 heures. Il a voulu que je l’aide à écrire quelques paroles. Je lui fais : Quelle est ton idée ? Il me répond : Je voudrais une chanson qui me fasse voyager, mais pas dans un camion ou un truc du genre. Un voyage dans un vaisseau spatial. J’ai donc écrit quelques paroles et là il me dit : Oui mais ce n’est pas cela que je recherche. J’aimerai qu’une femme soit impliquée dans le morceau et que je sois capturé par elle puis que je me réveille libéré de son emprise. A ce moment je l’ai regardé et je lui ai dit : Attends, tu veux que je mette en forme un texte avec comme seul point de départ : un voyage dans un vaisseau spatial, une femme qui te capture avant de te libérer au réveil ??? Même le meilleur écrivain de la planète ne peut rien faire de bon avec ça ! Et je ne suis pas excellent en la matière (rires). J’ai donc décidé d’arrêter de perdre mon temps et de rentrer chez moi rejoindre ma femme et mes enfants (rires). Moi et Stef nous sommes un peu instables au travail. Nous sommes toujours heureux de bosser et de faire la fête. Mais si il y a seulement cette instabilité sans aucun travail, nous voulons rentrer chez nous au lieu de perdre notre temps. Je préfère faire autre chose.

Quand Chino est parti bosser sur son projet Team Sleep et que vous vous êtes retrouvés seul avec Bob Ezrin…

Stef : Non, Ezrin ne faisait déjà plus parti du tableau à ce moment là.

Chi : La musique était terminée. Toutes les chansons étaient en boite.

Avez-vous pensé à ce moment précis que l’aventure Deftones arrivait à sa fin ?

Chi : Absolument tous les jours. J’étais persuadé que ce serait la fin du groupe après cet album.

Stef : Du moins la fin avec Chino. Je ne pense pas que le groupe aurait arrêté.

Chi : Quoiqu’il arrive, j’aimerai toujours jouer de la musique avec Stef car j’aime ses compositions, ses riffs et son étique de travail. Mais je ne suis pas sur de vouloir continuer la musique après Deftones. J’aime ce groupe, j’aime notre musique, j’aime chaque membre. Si le groupe s’était brisé je pense que j’aurai continué une autre carrière. Je me souviens d’avoir demandé à mon frère de me trouver un job pour m’aider à m’occuper et à ne pas dépenser trop d’argent. J’ai eu la chance de bosser sur une tournée de Social Distorsion. Mon frère m’a proposé d’être le chauffeur de Social Distorsion et j’ai accepté car j’adore ce groupe. Quand j’ai commencé Mike Ness s’est approché de moi en me faisant : Chi, tu ne serais pas ce mec qui joue dans les Deftones ? Je lui fait : Ouais. Il me répond : Qu’est ce que tu fous ici ? Et moi : Je n’en sais rien (rires) ! Plus tard ils ont ouvert pour nous en Australie et là il m’a fait : Etais tu notre chauffeur pour le Davis Show (rires) ?

Stef : Ils n’ont pas vraiment ouvert pour nous. Disons plutôt qu’ils jouaient avec nous. C’est quand même Social Distorsion, un groupe culte.

Chi : Oui c’est un de mes groupes favoris. Puis Mike s’est ramené sur Stef en lui disant: Tu ne serais pas le gars dont la voiture a été heurtée par un van ? (S’adressant à Stef) Car Social Distorsion était dans le van !

Stef : Vraiment (rires) ? Je ne savais pas ça !

Chi : Et il me dit : et toi tu étais le fan derrière avec un projecteur ? Moi : Oui c’était bien moi ! Lui : Je n’oublierai jamais ce moment. Plutôt cool !

Stef : Moi non plus ! Ils ont détruit ma voiture (rires) !

Pour revenir sur l’album, une fois que vous vous êtes débarrassés de Bob Ezrin, qu’avez-vous fait ensuite ? Avez-vous engagé un nouveau producteur ?

Stef : Non car tout était prêt une fois qu’Ezrin n’était plus parmi nous. Il ne nous manquait vraiment que le chant.

Chi : Nous avons demandé à Chino si il voulait notre soutien. Si il voulait que nous allions le rejoindre à Los Angeles. Il a demandé à avoir Stef avec lui tous les jours. Et Stef s’est pointé tous les jours !

Stef : Pas tous les jours, mais beaucoup de jours. Je traînais par là parce qu’il le voulait mais je n’avais pas grand-chose à faire, car ce qu’il faisait il le faisait très bien. Je n’avais pas besoin de lui dire quoi faire, il savait déjà ce qu’il voulait faire. A ce moment là il avait suffisamment de discipline et de confiance pour faire du bon boulot. C’est le combat perpétuel. Quoique tu fasses, il faut que tu t’imposes un minimum de discipline et que tu aies confiance en ce que tu fais si tu veux faire de bonnes choses.

Chi : Je sais que je ne serai jamais Les Claypool. En tournant avec Primus j’ai réalisé que même en restant sur mon lit à m’entraîner 12 heures par jour, je ne serai jamais Les Claypool. Mais j’essaie juste d’être le meilleur que je peux, le plus intéressant possible et je sais de quoi je suis capable pour ce groupe tout en m’amusant en concert. C’est pour ça que je fais ça. J’ai développé mon style, parfois c’est une ligne de basse qui innove, parfois non, mais c’est toujours une ligne de basse qui m’est propre. Je ne serai jamais Jaco Pastorius ou Les Claypool. Mais cela me va très bien ! Quand j’écoute le nouvel album je me dis qu’il y a vraiment de très bonnes ligne de basse dedans.

Stef : Comme je l’ai dit précédemment. Qui que tu sois, où que tu vives, quoi que tu fasses. Si jamais tu veux avoir du succès dans ce que tu fais il faut un minimum de discipline, de temps et de confiance en toi afin de faire de bonnes choses. Tu feras un maximum d’erreurs car tu ne sais pas bien ce que tu fais parfois. Mais avec un peu d’expérience, tu deviens plus familier avec ce genre de situation et tu règles les problèmes plus vite. J’insiste sur le fait que nous sommes tous égaux dans les Deftones et nous pouvons tous à tout moment devenir le plus fainéant des fainéants.

Chi : D’ailleurs je suis en général celui qui veut toujours arriver au studio en dernier et repartir le premier (rires) !

Stef : Malheureusement pour Chino, cette fois ci il était le seul à être paresseux. Du coup sa paresse s’est aggravée car elle était visible pour tout le monde et personne ne pouvait l’admettre et l’aider. Il aurait mieux fait de coller sa paresse à la notre au lieu de nous ralentir à un moment où nous étions en plein élan (rires).

Malibu a du être un bon endroit pour la paresse…

Stef : C’était un endroit génial, pas de contrainte de temps…

Chi : C’était un endroit désastreux pour nous tu veux dire ! Nous étions tout le temps cassés à faire la fête. Chaque matin je ne voulais rien faire et ne pas me lever de mon lit. Un jour mon ex-femme m’a appelé pour me dire : ton groupe est terminé, tu es fini !

Mais au final « Saturday Night Wrist » sort le 31 octobre dans les bacs…

Chi : Ouais, je devrai lui jeter à la gueule maintenant (rires).

Avec du recul pensez vous que vous avez bien fait de changer de producteur ? Car votre collaboration avec Terry Date a toujours bien fonctionnée et parfois on peut dire : ne répare pas quelque chose tant qu’il n’est pas cassé…

Stef : Non, je pense que tout choix est un bon choix. La définition de la vie la plus forte que tu puisses trouver est le fait de choisir. Tant que tu es vivant tu fais des choix. Tu ne peux plus faire aucun choix lorsque tu es mort. Tu ne peux pas faire de mauvais choix. Tu peux choisir quelque chose qui ne se déroule pas de la façon que tu attendais…

Chi : Mais si tu ne le fais pas et que tu ne suis pas ton cœur, tu peux alors avoir des regrets. Nous avons travaillés avec Bob Ezrin, le produit final est incroyable. Avons-nous fait un mauvais choix ? Absolument pas !

L’album précédent « Deftones » était plutôt sombre…

Stef : Je ne dirai pas que c’est un album sombre. J’entends toujours ça à propos de cet album mais je ne le perçois pas ainsi.

Juste avant que tu arrives, Chi m’a dit qu’il le voyait également de cette façon…

Chi : Quand je dis qu’il est sombre, c’est parce que je traversais une période très sombre. Mais l’album n’est pas aussi noir que du Cradle Of Filth par exemple. Il y avait beaucoup de souffrance à l’époque et je pense que d’une certaine façon cela a ressurgit sur l’album.

Stef : Nous étions tous les 2 en train de divorcer de nos ex-femmes.

Chi : Tu gérais cela beaucoup mieux que moi. Je ne me souviens même pas avoir enregistré cet album, j’étais vraiment en train de couler.

Stef : Aussi dur que soit le divorce, à un moment la vie a commencé à être plus heureuse pour nous 2 individuellement et Chino et Abe ont commencé à nous appeler pour faire la fête (rires). Il voyait dans nos yeux depuis des mois que nous étions en train de nous effriter. Et cette fois ci c’est pour ça que l’album a mis si longtemps à être terminé car se sont ces 2 gars qui ont rencontrés beaucoup de problèmes personnels. Que tu sois du genre à bien prendre cela en main ou non, je pense qu’ils auraient pu mieux gérer ces choses. Mais c’est juste mon opinion, rien d’autre.

Je voulais donc dire que « Saturday Night Wrist », bien que triste et mélancolique comme chaque album du groupe, présente une grosse touche d’espoir…

Chi : Oui c’est juste. C’est parce qu’au moment où Chino a fait les parties de chant, il se sentait bien et croyait vraiment en l’album. Il avait envie de le faire à ce moment là. Il y a quelques titres plus furieux sur cet album, comme Rapture

Il doit s’agir d’un titre de travail car je n’ai sur mon tracklisting aucun titre de ce nom là. Il s’agit peut être de FM ?

Stef : Oui, FM et Rapture sont les mêmes chansons.

Chi : Sur ce titre, Chino attaque directement quelqu’un de notre label qui l’a mis très en colère.

J’allais d’ailleurs dire que FM et Rats figurent parmi les chansons les plus agressives que vous ayez faite…

Stef : Rats parle d’un jeu vidéo qui est en train de m’exploser (rires) ! Car à l’époque je préférais jouer aux jeu vidéos plutôt que de traîner avec lui (rires) ! Il ne me l’a jamais dit, je ne fais que supposer. Mais de toute manière je ne lui demanderai jamais car cela n’a aucune importance pour moi. C’est toujours mon ami. Mais évidemment si le fait que je passe plus de temps à jouer aux jeux vidéos qu’à traîner avec toi t’affectes, je préfèrerai que tu me dises : mec tu me rends vraiment triste ! Merde alors ! C’est qu’un putain de jeu vidéo (rires).

Chi : Ouais nous jouons toujours un peu aux cow-boys mais nous sommes en train de grandir (rires). Maintenant, que l’on ait tord ou raison, nous n’hésitons plus à nous dire entre nous quand quelqu’un se comporte comme un trou du cul lorsque nous le pensons. Nous arrivons à ce niveau de confiance mais nous devons encore travailler là dessus. Mais pas moi et Stef. Nous sommes toujours très honnêtes l’un envers l’autre.

Au rayon des nouveautés il y a pour la première fois de votre carrière un titre instrumental. L’avez-vous écrit lorsque Chino n’était plus là ?

Stef : Non il était là.

Chi : Est-ce vraiment notre premier titre instrumental ?

Stef : Non nous avons Fist sur le premier album.

Mouais, mais il y a quelques voix sur Fist

Stef : Oui exact, je pense que tu as raison.

Chi : Je suis particulièrement fier de cet instrumental car il y a une ligne de basse que j’aime particulièrement dedans. Je l’ai jouée sans arrêt sans que personne n’y prête attention, à l’exception de Stef qui s’est mis à jouer de la batterie par-dessus. J’ai adoré ce que Stef a fait à la batterie et j’ai suggéré aux autres que l’on enregistre ça avec d’autres instruments. J’ai essayé quelques effets assez cool sur ce titre. Je peux te dire que je vais foutre un maximum de trucs dingues sur le prochain album. Ca va être délirent (rires). Chino a bien aimé le morceau et joue également dessus.

Stef : Il ne joue pas de guitare mais il doit faire les parties de clavier dessus. Je ne me souviens pas vraiment qui de Frank ou Chino a enregistré le clavier sur ce titre.

Chi : C’est Chino. Frank et Abe n’étaient même pas là. Ils n’ont pas été impliqués du tout dans ce morceau.

En parlant de claviers, il n’y en a jamais eu autant sur un album de Deftones. Frank a-t-il eu un rôle plus important cette fois ?

Chi : Il a assurément eu un rôle plus important. Frank s’est véritablement montré sur cet album et il lui revient un certain mérite. Il y a ces 2 chansons que Frank a écrites. Je sais que je joue de la basse sur les 2 mais nous ne les avons jamais utilisées. En plus de cela il y a 2 morceaux que j’ai écrits et au moins 3 que Stef a écrits que nous n’avons pas utilisés. Droïds n’a pas été utilisée et c’est une chanson incroyable. Finger Of Death n’a pas été utilisé non plus et ce morceau est même encore meilleur ! Il y a un autre morceau que tu as écrit qui s’appelle Teardrop je crois. C’est sans aucun doute l’album de Deftones pour lequel nous avons écrits le plus de chansons. A un moment nous avons du arriver au point de vouloir stopper l’écriture car les morceaux ne convenaient pas à Chino. Nous avions 17 morceaux prêts et il ne voulait même pas chanter sur 10 d’entre eux. Nous lui avons dit d’arrêter de nous demander de composer (rires).

Stef : La quantité de musique n’était vraiment pas un problème. Le problème était que cette musique ne l’inspirait pas. Il y a un point important dans ma perspective des choses. Nous sommes un groupe, personne n’est plus talentueux que les autres. Nous apportons tous une contribution au groupe et nous sommes tous égaux. Le fait que chacun contribue au groupe de façon différente est encore meilleur. Peu importe le style ou l’ambiance d’un morceau. Joue sur l’ambiance du morceau ! Je veux juste créer quelque chose ! C’est comme une peinture. Je ne pourrai pas concevoir de finir un tableau à la moitié juste parce que je n’ai plus d’idée pour le terminer. Ca n’a aucun sens. Ca serait comme écrire un livre sans même avoir une fin. Juste écrire jusqu’à ce que tu aies atteint un nombre de pages.

Vous avez des projets pour ces chutes studio ?

Stef : Je pense que sur toute notre carrière, il doit bien y avoir 25/30 chansons que nous n’avons pas enregistrées et qui n’ont même pas de chant. Mais la musique est là. Parfois de toute façon si le morceau était de nous, il se faisait saquer.

Chi : Non il ne se ferait pas saquer, car si il est suffisamment bon nous voudrions le récupérer. Rends moi ma putain de chanson ! Je m’en servirai pour un projet parallèle ou je le refilerai à mes petits gars qui font du hip-hop. Ces mecs me supplient sans arrêt d’écrire des parties de basse pour eux et moi je leur dis à chaque fois que j’essaie de tout garder pour les Deftones. Aujourd’hui je suis plus dans l’état d’esprit de filer ces putains de chansons à mes rappeurs.

Stef : Ouais vaut mieux refiler ces morceaux à des gens désireux et qui ont envie de travailler dessus. Des gens qui seraient excité par ces morceaux.

Chi : Surtout que sur le prochain album, je ne suggèrerai même pas ces morceaux car je connais déjà la réaction de Chino : Non je ne veux pas travailler sur ces chansons, elles sont vieilles ! (Rires).

Stef : Ce n’est même pas que je souhaite un jour voir ces morceaux sortir quelque part, c’est juste que j’aimerai entendre ces morceaux finis. C’est comme si tu construis une maison mais que tu ne mets pas de toit dessus (rires). Tu mets tout le reste dedans : des murs, l’électricité mais pas de toit.

Chi : Tu sais quoi ? Il y a de plus en plus de couvreurs aujourd’hui. Tu vois ce que je veux dire ? J’ai été couvreur (rires).

Stef : Il y a toute une industrie !

Chi : Si je ne finissais pas le boulot dans les temps, ils auraient fait appel à un autre couvreur (rires).

Stef : Si tu vis en Europe, la plupart des couvreurs viennent d’Europe de l’est. Si tu vis aux Etats-Unis, tous les couvreurs viennent du Mexique. Ca se passe comme ça !

Chi : C’est pour ça que j’ai été couvreur pendant un moment !

Stef : Oui mais t’étais là avant le grand rush !

Il y a sur le titre Mein une apparition discrète et réussie de Serj Tankian de System Of A Down. Comment cela est il arrivé ? L’avez-vous appeler en lui disant : on aimerait que tu fasses ça sur notre album ?

Stef : Ouais je l’ai appelais en lui disant : Hé mec, tu es le mec le plus cool et j’adore System Of A Down. Tu ne voudrais pas venir faire ce que tu fais avec eux sur notre album ? (Rires). Non, cela ne s’est pas du tout passé ainsi.

Chi : En fait nous avons le même manageur que System Of A Down et quand Chino a commencé à bloquer sur ce morceau, notre manageur nous a dit que Serj adorerait nous aider. Serj a été l’antithèse de Chino. Il a enregistré toutes ses parties en seulement une nuit et nous a tout renvoyé le lendemain. Chino a alors refusé d’utiliser l’intégralité des parties de Serj. Il ne voulait pas qu’il y ait un morceau intégralement chanté par le chanteur de System Of A Down. D’une certaine manière, Chino est quelqu’un de très arrogant, point barre. Il n’allait pas laisser Serj chanter toute la chanson.

Stef : Tout au long du morceau Serj chante la même ligne vocale à 4 reprises…

Chi : Oui mais as-tu entendu la version avec seulement Serj au chant ?

Stef : Non.

Chi : Elle est incroyable !

Stef : Non je veux dire que je ne suis pas d’accord avec ce que tu viens de dire concernant l’arrogance. Je pense qu’un morceau entier avec la voix de System Of A Down, ça craindrait vraiment !

Chi : (Rires) Ouais mais d’une certaine façon cette version est une chanson qui sonne vraiment Deftones.

Stef : Oui sa voix convient à notre style sur ce morceau, c’est ça qui est bon.

Chi : Ce n’est pas comme si c’était un truc typique à la System Of A Down. C’est une belle mélodie, tu sais que c’est lui qui chante mais ça ne domine pas le morceau. Il se mélange bien avec nous.

Stef : C’est la technique du morceau. C’est juste un changement de voix. Il y a soudain cette voix qui arrive de derrière avec une tonalité différente et tu te dis : tiens qu’est ce que c’est ?

Chi : Oui mais tu le reconnais !

Stef : En tout cas j’ai écrit l’intégralité de ce morceau musicalement mais il a été modifié et produit par Chino (rires). A la fin lorsqu’il était en train de faire les voix j’étais du genre : ce sont mes riffs mais ce n’est pas la manière dont j’ai conçu ce morceau. J’aime le résultat final, je trouve le morceau génial mais il ne ressemble pas à l’idée initiale. Toutefois c’est tripant de voir tes trucs évoluer. J’aime la finalité car ça sonne bien. Mais si je laissais ma nature égoïste et arrogante s’exprimer je dirai : merde mec, j’ai écrit ce morceau bien avant que tu piailles dessus. Qu’est ce qui rend ton opinion plus importante que la mienne et qui te laisse le droit de changer quelque chose sur lequel nous avons tous bossés ?

Chi : Et ce n’est pas tout ! Pourquoi veux tu changer des morceaux pour lesquels tu n’as pas encore de parties vocales (rires) ? C’est ça qui m’énervait le plus. Je lui disais : Tu dis que tu veux découper le morceau de telle ou telle façon pour que cela colle avec ton chant alors que tu n’as même pas essayé de chanter dessus ! Si au moins il avait tenté et que cela n’avait pas fonctionner. Cela dit comme nous te l’avons déjà dit, nous adorons quand même l’individu, nous nous aimons tous et les Deftones ne pourraient pas se retrouver dans un meilleur univers actuellement.

Stef : Ouais nous nous sentons vraiment bien en ce moment.

Puis parfois les combats entre musiciens donnent de très bons albums, comme ce fut le cas pour « White Pony » par exemple…

Stef : Nous nous battons en permanence comme dans chaque famille. Nous n’avons pas le même sang qui coule dans nos veines mais nous formons une réelle famille. Aucun de nos problèmes individuels ne peut peser sur le pouvoir que nous avons en tant qu’entité. Individuellement nous travaillons chacun du mieux que nous pouvons. Mais en tant que groupe nous avons 5 fois plus de pouvoir. C’est quelque chose de génial, comment pourrions nous laisser tomber ça !

Vous avez joué tout l’été dernier le nouveau titre Beware. Quel a été l’accueil du public ?

Stef : Ho mec ! Les filles ont montré leurs seins tout le long pendant que les mecs faisaient tous d’énorme circle pit (rires) ! Bon en réalité rien de tout ça n’est arrivé, mais c’est ce que j’aurai souhaité (rires). J’aurai aimé voir des seins partout et m’exclamer : Oh mon dieu !

Chi : Ce titre c’est le genre de trucs typique où en live Chino souhaite être le guitariste et où je souhaite être le chanteur (rires).

Stef : Et moi je souhaite être le caméraman sur scène (rires) !

Vous avez fait parti du Family Values cet été en compagnie de Korn et Stone Sour. Il va y avoir un CD/DVD live qui sortira pour la fin de l’année, pouvez vous me dire quels seront les titres de Deftones dessus ?

Chi : Je le sais, mais je ne te le dirai pas (rires).

Stef : Sans doute les morceaux qui ont été le mieux joués.

Dernière question pour Stef. Quoi de neuf avec Kush (ndlr : projet de Stef en compagnie de B-Real de Cypress Hill ainsi que Christian Olde Wolbers et Raymond Herrera de Fear Factory) ?

Stef : C’est en suspend. Ce n’est pas ma priorité principale mais j’ai hâte de pouvoir sortir un album de Kush. Nous avons tellement d’idées individuellement et nous fonctionnons bien ensemble. Il nous suffirait juste de 2 mois pour boucler un album. Peut être moins, mais pour sur en 2 mois. Nous avons un truc comme 30 chansons et pleins d’enregistrements individuellement. Mais je ne peux rien sortir car Mavericks refuse. Nous avons eu un contrat avec Columbia, la maison de disque de B-Real. Mais ils voulaient avoir l’exclusivité sur le groupe et mon label Mavericks n’a pas été d’accord.

Chi : C’est vraiment de la connerie car ça n’a rien à voir avec Deftones. Stef ne leur appartient pas. Heureusement pour moi, mon projet parallèle est un projet d’écriture et personne ne peut rien me dire car je fais ça tout seul (rires).

Stef : La réalité est que je n’ai même pas essayé de m’approprier les choses. Pour moi nous devons diviser de façon égale entre les musiciens qui participent au projet. Peu importe qui a le plus de talent, qui est le plus concentré sur le groupe. Toutes les personnes participant au projet doivent toucher la même chose.

Chi : C’est vraiment regrettable car j’adorerai entendre un album de Kush. Les gens m’interrogent souvent à ce sujet. Je leur réponds que je ne sais pas quand un album sortira mais que je sais que ce n’est ni de la faute de Stef, ni celle de B-Real. Je suppose donc que c’est à cause des labels.

Et ça fait un bon moment que le projet existe en plus…

Stef : Oh oui mec ! Nous avons commencé en tant que groupe en janvier 2000. Nous avons tout de suite écrit 4/5 morceaux. Peut être 6 même. Peut être même plus, je ne m’en souviens plus très bien. Le mois de janvier est toujours la période où je suis en temps libre, même encore aujourd’hui.

Il y a une page myspace avec 4 chansons…

Stef : Oui, ces morceaux proviennent de la seconde démo que nous ayons faite. Maintenant le line up a changé, car Christian joue désormais de la guitare et non plus de la basse. Nous serons donc à 2 guitares et notre son va changer massivement. Ca va être incontrôlable (rires). J’ai vraiment envie de continuer ce projet !

Chi : Ouais ça va déchirer !

Stef : Mais en même temps je ne veux pas que ça fasse de l’ombre à Deftones. C’est un autre groupe d’amis. Tout comme Team Sleep pour Chino. Mais nous nous connaissons tous, nous devrions tous jouer ensemble. Peut être que je devrai prendre 2 gars de Team Sleep, les mecs de Kush et former un super-groupe qui détruirai tous les autres (rires).

Chi : Ouais et je serai le chanteur (rires).

Merci à Amael de Warner ainsi qu'à Stef et Chi pour leur sympathie.