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DEVILDRIVER

Entretien avec John Boecklin (batterie)

06/04/07 - Terrass Hotel - Paris

 

Après avoir boudé l'Europe lors de la sortie de leur premier album, on peut dire que le groupe Devildriver est en mission sur le vieux continent depuis l'année dernière. Après avoir écumé tous nos festivals ou presque, le groupe est rentré en studio pour accoucher de son 3ème album "The Last Kind Words". Album qui marque une évolution certaine dans la carrière du groupe.

Tout d’abord, pourquoi avoir intitulé ce nouvel album « The Last Kind Words » ?

Il y a 2 raisons. Premièrement je trouve que ce titre inspire la force et l’assurance. Ensuite j’aime les paroles suivantes que Dez a écrit dans la chanson Tirades Of Truth  : “the last kind words you have over here is you bellow angels and above beasts”. Cela signifie juste que tu es humain et que tu vas devoir faire avec tes émotions et le côté maléfique de l’humanité. Etre humain est quelque chose de négatif, par moment. Voici les derniers mots aimables que tu entendras. Tu es humain et tu vas devoir faire avec, car cela t’emmène parfois tout un tas de putain de problèmes (rires). Ca du sens ce que je dis (rires) ? Ce n’est pas vraiment le thème principal de l’album, ni une bonne définition, mais bon ce n’est pas si mal (rires).

Vous n’avez pas collaboré avec Colin Richardson pour ce nouvel album et le groupe explore de nouveaux horizons cette fois ci. Y avait-il un besoin de changement  au sein du groupe ?

Oui, mais le fait de ne pas utiliser Colin n’a rien a voir avec ça. Colin était génial pour ce qu’il a fait. De toute façon nos producteurs n’influencent pas la direction d’un album car nous n’écrivons pas avec eux. Pour cet album, nous avons porté un regard sur les 2 précédents et nous avons juste voulu en faire un bien meilleur. Cet album avait besoin d’être plus rapide et plus complexe. Il n’avait pas besoin d’avoir un refrain à chaque chanson (rires). Nous avons voulu chambouler nos structures et faire des choses plus originales. Toutes les chansons que nous avons écrites auparavant était toujours sur le même schéma : couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain. Je pense que notre formule est devenue trop prévisible. Nous avons donc voulu traverser quelques frontières. Il y a sans aucun doute plus de solos et je pense que la plus grande amélioration du groupe dans cet album est au niveau du travail sur les guitares.

Du coup le groupe sonne de façon plus personnelle sur « The Last Kind Words » alors que dans le passé vos influences étaient très visibles. Considères tu que vous vous cherchiez un peu sur les 2 premiers albums ?

Chercher n’est pas le bon mot. Je dirai juste que nous sommes devenus plus matures et meilleurs (rires). Nous n’avons jamais cherché à être de telle ou telle façon. Nous avons toujours fait ce que nous voulons et je pense juste que nous devenons meilleurs.

Quelle différence majeure as-tu ressenti entre travailler avec Colin Richardson et travailler avec Jason Suecof ?

Colin est mur, doux et réservé. Très professionnel. Tandis que Jason est un petit garçon. Il ne ferme jamais sa gueule, il est à fond en permanence et il est très drôle. C’est un des mecs les plus marrants que j’ai rencontré (rires). Il a une approche absolument pas professionnelle. Il en découle une atmosphère plus décontracté, moins sérieuse et cela rend les choses plus faciles en fait.

Vous avez fait l’album très rapidement d’ailleurs…

Ouais car il était motivant et nous n’étions pas en train de chercher la perfection pendant des heures. C’était très simple. Du genre lorsque nous merdions, il nous disait direct : les mecs vous craignez ! Recommencez. J’aime bien cette approche (rires).

Cet album est très noir et beaucoup plus sombre que les précédents. Une raison particulière ?

C’est exact. La pénombre qui plane au dessus de cet album vient du fait que nous savions que si ce dernier n’était pas bon, notre carrière n’allait pas durer beaucoup plus longtemps. Cet faim que nous avions, couplé à cette peur a donné à l’album une conduite très sombre. Nous ne devions pas rater notre coup (rires).

Comme tu as dit précédemment, il y a plus de solos de guitare sur cet album. Sont ils partagé par Jeff et Mike, ou est ce qu’un des 2 a mis davantage en avant cette volonté ?

Aucun des 2 en particulier. C’était une volonté du groupe. Auparavant nous n’écrivions jamais de parties rythmiques où insérer un solo. Cette fois ci, un de nos buts était de créer davantage d’espace pour les solos.

Le chant de Dez devient de plus en plus extrême. Est-ce un indice de la direction future du groupe ?

Oui (rires). Je sens le groupe de plus en plus en confiance et je pense donc que nous allons être de plus en plus lourds et de plus en plus extrêmes. Plus nous sonnons lourds, plus je me sens satisfait. C’est la direction que le groupe suit.

Je n’ai pas encore eu le tracklisting de l’album, mais j’ai noté sur un titre une outro avec une partie clavier très 70’s. Qui a eu cette idée décalée ?

Même sans la partie d’orgue sur le hammond, la partie existait déjà. Dez n’était pas très chaud pour cette partie car elle est joyeuse. C’est ce que j’aime dans cette partie car elle montre une autre facette du groupe. Nous n’avons pas à être black metal ou heavy metal en permanence. Pendant que nous travaillons sur ce morceau, j’avais envie d’ajouter quelque chose qui rende le tout plus dramatique et qui sorte un peu de nos barrières. Le propriétaire du studio est un très bon pianiste de session et je lui ai donc suggéré de remplir cette partie en jouant quelque chose dessus. Nous ne savions pas si nous allions utiliser cette partie, mais finalement nous l’avons fait.

Il y aussi un titre très inhabituel pour le groupe. Il est très lent avec un côté limite indus…

(Après m’avoir mimé le riff pour être sur que l’on parlait bien du même titre) Il s’agit de Monster Of The Deep. J’ai écrit cette chanson. J’étais sur mon canapé avec une bonne gueule de bois (rires). Puis je tâtais la partie de ma guitare se trouvant entre le manche et l’extrémité. Ca faisait ce son particulier qui sonne un peu comme une gueule de bois d’ailleurs (rires). Ca m’a donné une bonne idée et pour encore alourdir le truc, j’ai pris une guitare 7 cordes que j’ai accordé en G (ndlr : Sol pour la France). Toute la chanson est partie de ce riff ultra lourd. La structure est plutôt simple car je n’avais pas beaucoup d’idée pour le morceau. J’ai du écrire une partie par mois pour ce titre (rires). C’est un titre très lent, qui a été écrit très lentement.

En parlant guitare, je sais que tu as enregistré des parties sur l’album précédent. Etait ce de nouveau le cas cette fois ci ?

Oui.

Dans le futur, aimerais tu avoir un groupe où tu serais le guitariste ?

A vrai dire, j’étais le guitariste de Devildriver à l’origine. Mais nous n’avons jamais trouvé de bon batteur. Du coup c’est moi qui ai pris la batterie (rires).

Tu as commencé à jouer quel instrument en premier ?

La guitare. Mais je pense que j’excelle beaucoup plus en tant que batteur. Je peux vraiment définir mon style avec cet instrument alors qu’avec la guitare je ne suis pas très impressionnant. Je ne peux pas vraiment attirer l’attention. En fait j’enregistre des parties de guitare sur nos albums juste pour celles que j’ai écrit car j’aime ma façon de jouer, tout simplement. Ce n’est pas que je n’aime pas la façon de jouer de mes 2 guitaristes, ils peuvent bien sur enregistrer les parties que je compose eux même, mais je préfère juste les jouer moi même.

On peut donc dire que Devildriver évolue musicalement sur cet album. Par contre au niveau de la pochette, on est plutôt dans la stagnation. C’est toujours la même chose : le logo sur un fond coloré qui ne représente rien. Pourquoi n’allez vous pas plus loin dans le concept des pochettes ?

(Rires) Parce que je n’aime jamais ce que l’on me propose. Ils essayent, mais je n’aime pas. En général je trouve les pochettes que l’on nous propose complètement stupides. J’aime la simplicité dans mon travail. Je pense que c’est la même chose pour les autres. Par exemple lorsque nous avons fait « The Fury Of Our Maker’s Hand », on nous a proposé une pochette illustrant la terre avec 2 grosses mains qui arrivent dessus. Je n’aime pas ce genre de trucs. J’aime la simplicité et les couleurs. Sur la pochette de « The Last Kind Words », j’aime la lumière éclatante qui émane de la croix. C’est très important pour nous de toujours mettre en avant notre croix. C’est le symbole de Devildriver. C’est ce que nos fans se font tatouer sur le bras. On veut que cette croix soit toujours prédominante dans notre visuel. En travaillant autour de cette croix on est un peu limité (rires).

Par contre au niveau de votre site Internet, on dirait qu’il va avoir belle allure dans les semaines qui suivent…

Ouais. On essaie d’avoir le meilleur site Internet possible car c’est très important aujourd’hui. Je n’aime pas lorsque je vais sur le site d’un autre groupe et que je le trouve superbe (rires). On va faire un site super cool pour les fans.

Depuis le premier album, ton jeu de batterie conduit littéralement le groupe. Quelles étaient tes influences en grandissant ?

Vinnie Paul. Il a eu une influence énorme sur moi pour le groove et pour son attitude « less is more » qui rendent ses parties si lourdes. J’aime les batteurs qui n’en font pas trop tout en montrant une incroyable technique à la fois. Même si cela ne s’applique pas vraiment sur notre nouvel album car j’ai voulu faire quelque chose de très relevé. Vinnie Paul est ma plus grosse influence, mais j’ai commencé à jouer de la batterie à cause de Lars Ulrich ou même Metallica en général. J’ai été également très influencé par Dave Mc Clain et Kris Kontos. Plus récemment par Joey Jordison et Chris Adler.

J’ai trouvé d’ailleurs un côté un peu tribal dans tes parties sur ce nouvel album…

Ouais ça doit être mon influence Igor Cavalera (rires). Je me souviens d’avoir lu un article sur Chris Adler pendant qu’il enregistrait « Sacrement ». Il disait qu’il n’arrivait même pas à dormir la nuit car il se demandait sans cesse si il livrait le meilleur de lui-même au niveau de ses capacités. Se demander ce qu’il pouvait faire pour rendre chaque partie la plus intéressante possible. Je n’agis vraiment pas comme cela d’habitude. Mais cette fois ci j’ai essayé de faire ça. Analyser chaque partie, essayer de rendre chacune d’entre elle plus extrême ou plus créative. Ca a eu l’air de marcher car je trouve que cet album est un grand pas en avant au niveau de la batterie. Je dois dire que je dois un peu ça à Chris Adler (rires).

Je suppose que vous vous considérez comme un groupe live. Avez-vous des projets quant à un DVD ?

Nous avons beaucoup de métrages mais nous aimerions bien filmer un DVD très professionnel. Nous voulons le faire mais nous ne savons pas quand. Une fois que nous filmerons un concert de façon pro, nous inclurons également nos autres séquences live que nous avons en stock. Je ne peux pas te dire quand, mais il y a assurément un projet de DVD.

Je sais que Dez vient de se faire bouffer le doigt par son doberman. Est-ce que cela pose un problème pour les concerts à venir ?

Il s’agit effectivement de la main avec laquelle il tient son micro, mais ça va aller. Hors de question d’annuler des dates pour ça.

Vous avez fait beaucoup de festivals l’année dernière. Il en sera de même cette année. Y en a-t-il en particulier que tu attends avec impatience ?

L’année dernière nous avons eu un superbe week end au Download Festival. Nous avons eu l’opportunité de jour 2 fois et Dez a chanté avec Korn (ndlr : Jonathan Davis était malade à l’hôpital et Korn avait assuré un set avec quelques invités pour le remplacer). Evidemment nous avons hâte de refaire ce festival cette année. Il y a aussi le Fields Of Rock en hollande qui me botte bien. J’aime tous les groupes sur l’affiche (rires). Ce sont les 2 festivals qui sortent du lot dans ma tête.

Quels sont vos projets après ces festivals ?

Nous allons revenir ici. Nous tournons aux Etats-Unis pendant l’été, mais nous avons tous décidé de nous concentrer désormais sur l’Europe. Nous ne sommes pas venus suffisamment ici. En faisant cette tournée promo actuellement, nous réalisons à travers notre maison de disque que nous devons faire de l’Europe une priorité. Nous viendrons peut être 4 ou 5 fois en Europe pour cet album. C’est vraiment ce que nous voulons faire.

Merci à John Boecklin ainsi qu'à Mathilde et Karine de Roadrunner.