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FREAK KITCHEN

Entretien avec Mattias "IA" Eklundh (Chant/Guitare)

A l'hotel General de Paris

 

Freak Kitchen, le groupe mené par Mattias "IA" Eklund est de retour avec un album plus simple et direct que d'habitude mais toujours aussi bon. Voici un entretien qui ressemble plus à une discussion avec un musicien passioné, inspiré et d'une sympathie très communicative.

Salut Mattias comment ça va en cette deuxième journée promo ici à Paris ?

Ca va bien, j’ai fait 20 interviews hier, encore 20 aujourd’hui, beaucoup de discussions donc, mais c’est cool, c’est un super boulot que j’ai (rires). Demain je repars sur Stockholm, ensuite je vais à Frankfort. Le 26 avril je reviens en France pour 5 jours de promotion avec les Trophées Hard Rock, ensuite l’Espagne, le Japon, Thaiwan, l’Islande, la Hollande, Suède, Angleterre, Danemark, donc pas mal de chose à faire (rires).

Ok puisque tu as l’air bavard tu vas faire le boulot à ma place, comment décrirais-tu le nouveau Freak Kitchen « Organic » à mes lecteurs ?

C’est un nouvel album, nous sommes heureux du résultat, je pense qu’il est homogène. Nous sommes vraiment tous les 3 content du résultat, nous avons beaucoup travaillé dessus, tu ne peux jamais prendre pour acquis de faire un bon album, il faut beaucoup travailler, de longues heures. Nous avons travaillé dessus pendant 6 mois, mais pas 6 mois sur l’album en lui-même, nous avons pris notre temps. C’était plutôt du genre : tiens cette semaine nous travaillerons dessus seulement 2 jours dans la semaine, ensuite comme cela je pouvais ré écouter ce que nous avions fait avec des oreilles plus objectives et je pense que l’on a été « okidoki ». C’est notre sixième album, il y a beaucoup de chances à ce stade là de nous répéter mais je pense que nous l’avons évité.

Es tu d’accord avec moi si je te dis que je trouve cet album assez orienté pop ? Cet album pour moi c’est une sorte de pop sophistiquée !

Oui bien sur, je suis d’accord, il y a toujours des parties de batterie musclées et des guitares lourdes, des trucs agressifs. Y a pas mal de gens qui m’ont dit que l’album est pop mais en général ils le rapprochent de chose comme Slipknot, Rammstein et System Of A Down et là je leur fait : quoi ? Euh probablement je n’en sais rien !

Je ne trouve pas que cela sonne comme du Rammstein ou du Slipknot…

Non moi non plus ! Mais pourquoi pas, je n’ai pas de problème avec ça, nous sommes Freak Kitchen, nous aimons les belles mélodies, cet album peut être perçu comme une collection de chansons pop jouées par un groupe de metal en fait.

Tu as pour habitude de trouver ton inspiration dans des choses délirantes d’habitude, comme des vibromasseurs ou des imprimantes par exemple, alors cette fois ci ?

Pour les parties de guitare j’ai essayé de… en fait l’expérimentation cette fois a été de ne pas expérimenter (rires) ! Il n’y a pas de gadgets ou de trucs comme ça. Avec Freak Guitar j’ai beaucoup expérimenté la dernière fois, j’ai utilisé des imprimantes, des guitares sans corde. Et c’est très bien pour Freak Kitchen car je n’ai du coup pas besoin d’expérimenter, l’album est vraiment naturel…

C’est pour cela qu’il s’appelle « Organic »…

Oui c’est vrai cet album est organique.

De plus les paroles sont assez simple et drôle, c’est également une des raisons du titre je suppose…

Oui cet album est moins compliqué que ce que nous avons fait par le passé, cette fois ci on a voulu faire un truc direct qui a du punch, plus « in your face ». Un album qui botte le cul avec du twist. Bien sur c’est réellement un album de Freak Kitchen, les paroles, la façon dont nous jouons, la façon dont je joue de la guitare, mais ce n’est pas aussi compliqué qu’avant, plus direct et c’est bien nous en avions besoin.

Allez parlons un peu de toi et tout d’abord de ton jeu de guitare, quelles étaient tes influences quand tu étais jeune ?

J’ai commencé avec Ace Frehley (Kiss), puis j’ai découvert Frank Zappa ce qui a changé ma vie pour toujours. Ensuite il y a eu Eddie Van Halen, avec son style de solos si particuliers. Sinon j’ai écouté les mêmes choses que tout le monde, je me souviens quand j’ai acheté "Kill’Em All" de Metallica, j’étais là : putain c’est le truc le plus cool que j’ai entendu ! J’avais une flying V et pendant tout l’été j’ai joué en boucle Motorbreath et Jump In The Fire. Ca a tout changé, Freak Kitchen ne serait pas Freak Kitchen sans cela. J’avais 6 ans quand j’ai découvert Kiss, j’en ai maintenant 35 donc c’était en 1976, j’ai vu mon premier concert de Frank Zappa en 1981, mon premier concert de Kiss en 1980. J’ai acheté "Kill’ Em All" à l’époque de sa sortie, à l’époque Metallica était un groupe assez secret mais j’ai lu dans Kerrang que Metallica c’était du Motorhead en 2 fois plus rapide donc j’ai foncé (rires). Il y a aussi tous ces jazzman Miles Davis et Django Reinhardt qui conjugués à Slayer m’ont beaucoup influencé, pas nécessairement des guitariste, mais c’est plus la variété musicale qui a fait ce melting pot qu’est Freak Kitchen.

Et à quel moment as-tu senti que tu mettais le doigt sur quelque chose, que tu trouvais ton style si particulier ?

(Rires) Je pense que le plus tu joues le plus tu sonnes unique. Tu sonnes « toi », de moins en moins comme les autres. Au début mon jeu devait ressembler à un compromis entre Steve Vai et Eddie Van Halen, puis j’ai commencé à découvrir les harmoniques que j’utilise vraiment à ma façon, ainsi que le tapping que je joue de façon personnelle. Donc à partir de l’âge de 15,16 ans j’ai commencé à trouver ce qui sonnait « moi », je me disais : je n’ai jamais entendu ça avant ! Donc ensuite j’ai abordé mes idées de façon différentes, si je jouait quelque chose de bon mais qui me rappelait quelqu’un je le jetais, je me disait : Hum, ça me rappelle quelque chose, ça fait un peu Yngwie Malsmteen, jette le, ne le rejoues jamais ! C’est la plus grosse partie du travail au début d’essayer de se trouver un son unique. Mais j’ai donc commencé à le trouver vers 16 ans.

Bon on va maintenant parler de quelque chose que les gens doivent souvent passer à la trappe avec toi, le chant. Je trouve que tu es plutôt bon en la matière et en général tout le monde se concentre sur ton jeu de guitare, es tu devenu chanteur par défaut ?

Totalement, je ne me considère même pas comme un chanteur, ni même comme un super guitariste d’ailleurs. Mais j’ai beaucoup d’idées dans la tête, et je ne me suis jamais vu embaucher un chanteur pour rendre justice à mes paroles. J’essaie d’écrire des paroles qui ont beaucoup de sens pour moi, et je ne veux pas qu’un type ce pointe et me dise qu’elles n’en ont pas pour lui, je préfère le chanter moi-même au final (rires) ! Au début je n’étais vraiment pas à l’aise, j’avais l’impression d’imiter quelqu’un d’autre, mais maintenant je suis plus du genre : c’est comme ça que je chante et c’est tout ! Je n’ai plus rien à prouver, si tu aimes, cool bienvenue à toi, si tu n’aimes pas va acheter autre chose (rires). En tout cas je te remercie de me parler un peu de mon chant car je passe tellement plus de temps à travailler le chant que la guitare, les harmonies vocales, les paroles. La guitare sur un album ne me prend jamais plus de 3% du temps de production, en 2 jours tout est bouclé. Par contre les voix prennent énormément de temps à enregistrer, à doubler etc. Les gens sont plus du genre à me faire : Salut tu es un super guitariste ! J’aime ça aussi bien sur mais très peu de gens me parlent de mon chant, on me parle des paroles mais rarement du chant.

Et pour revenir sur la guitare, aujourd’hui quels sont ceux que tu apprécies beaucoup ?

J’aime beaucoup Bireli Lagrène, le style gypsi, John McLaughlin bien sur avec Mahavisnu Orchestra et Shakti. Sinon mon guitariste préféré est Django Reinhardt, pour moi il est toujours le meilleur, il a beau être mort depuis environ 17 ans, c’est le meilleur pour moi, c’est le plus cool.

Djengo est un bon choix, en général je ne suis pas super friand de la guitare dans le jazz, mais des mecs comme Django Reinhardt et Wes Montgomery sont vraiment super…

Oh oui, Django et Wes avaient vraiment un truc à dire, tu sens dans leur musique qu’ils sont enragés, pour moi ils sont tout simplement plus « metal » que (il mime une demo de gamme à toute allure suivi d’un fuck you), c’est si intense comme jeu, on sent presque les empreintes digitales (rires)…

En plus Django n’avait que 2 doigts…

Et oui et avec 2 doigts il nous botte tous le cul (rires) !

Revenons un peu sur Freak Kitchen, des plans de tournée ?

Oui au moment où l’album sort nous jouerons en Suède, puis nous ferons une petite escale à Paris pour les trophées Hard Rock, une semaine de concerts en Espagne, quelques festivals comme le Sweden Rock avec Motley Crue et Dream Theater. On va faire un festival dans le sud de la France aussi, je ne me souviens plus le nom, tu connais un groupe qui s’appelle Téléphone ?

Euh oui, c’est le groupe de rock français le plus célèbre !

Et bien leur guitariste a un nouveau groupe et joue là bas (rires). Ensuite je vais partir avec mon équipe de Freak Guitar pour une tournée avec Bumblefoot en Caroline Du Nord en juin pour une semaine de Freak-Foot (rires). Sinon nous reviendrons en France en octobre.

En parlant de Bumblefoot, tu as jammé avec eux à plusieurs reprises récemment tu peux me raconter ?

Oui nous avons joué ensemble à Paris, en Hollande et dans un super festival aussi en suisse qui s’appelle Mars Attacks. Nous avons joué Speak When Spoken To le premier titre de notre nouvel album ou Ron Thal apparaît. Nous avons aussi joué un titre de "9.11" Don Pardo Pimpwagon, on a jammé sur I Can’t Play The Blues des trucs comme ça, c’est excellent guitariste, un mec super donc bon c’était vraiment cool.

Comment s’est passé votre rencontre pour cet album ?

En fait nous nous connaissons tous les 2 depuis un long moment. La première fois que je suis allée au Japon en 1996 un mec d’un magasine m’a donné son premier album, je l’ai trouvé hilarant. Ensuite j’ai sorti moi-même mon premier album de Freak Guitar et un jour ce mec s’est pointé en me disant : Salut, mon nom est Ron Thal, j’adore ce que tu fais ! J’étais là : Yeah cool ! On a gardé contact depuis, nous avons joué ensemble en Hollande il y a 3 ans. Un jour on s’est dit que l’on ferait un album ensemble, le groupe s’appellerait Freak-Foot et le nom de l’album Foot-Freak (rires).

Steve Vai t’a signé sur son label Favored Nations, j’ai lu qu’il était très amateur de ton jeu et particulièrement de la chanson Print This ! Quelle est ton opinion sur le jeu de Steve Vai ?

Il est excellent, certainement une de mes plus grosses influences dans ce qu’il faisait avec Frank Zappa, « Flexible » m’a carrément soufflé, « Passion And Warfare » est un bon album. Steve m’a appelé, ce n’est pas moi qui l’ai contacté et j’ai cru que c’était une blague, je suis très honoré, et je pense que Favored Nations est le meilleur label pour sortir les albums de Freak Guitar. Le dernier album va pouvoir sortir dans les pays ou cela n’a pas été le cas, comme les Etats-Unis, le Mexique, la nouvelle Zélande et pleins d’autres, pratiquement la terre entière en fait. Avoir Steve Vai comme boss c’est cool car il est toujours derrière toi.

Et comment est-il ? Tout le monde dit qu’il est fou ! Même lui se dit un peu fou !

Il est un peu fou oui, mais c’est une qualité à avoir dans le show business. Je pense aussi qu’il est très humble, c’est un mec bien. Tout le monde aimerait avoir un petit bout de Steve Vai, et je suis très heureux d’être signé chez lui. Je n’aurai jamais osé envoyer du matériel sur Favored Nations, dans ma tête il se serait dit : ok, je n’ai pas de temps à perdre avec ce mec suédois ! Tu sais quand je lui ai présenté l’album de Freak Guitar, je lui ai demandé de me dire ce qu’il en pensait. Il m’a envoyé l’email le plus adorable que j’ai reçu de ma vie, je l’ai imprimé et je lai accroché direct sur le mur ! Je le regarde et je me dis : Steve Vai a écrit ça (rires) !

Serait il possible de te voir un jour sur le G3 de Steve Vai et Joe Satriani ?

Je ne sais pas, j’aimerai bien. Je ne connais pas Joe mais je sais qu’il dit des choses très cool à mon sujet. Je pense que je ne suis pas encore assez connu en fait, mais pourquoi pas, peut être un jour !

Et si tu avait la possibilité de faire ton propre G3, qui emmènerait tu avec toi ?

Bumblefoot, Christophe Godin qui mériterait plus d’attention. Sinon si je pouvais je prendrai John McLaughlin et Bireli Lagrène. Steve et Joe c’est cool aussi, en fait ça serait un G10 (rires) !

Tu as collaboré avec beaucoup de personnes pendant toutes ces années, avec qui aimerais tu travailler aujourd’hui ?

Il y a beaucoup de gens intéressants, encore une fois je vais dire John McLaughlin, Morgan Agren qui joue sur l’album solo de Fredrik Thordendal de Meshuggah. Si Frank Zappa était encore vivant, ça serait avec lui, j’aurai fait n’importe quoi pour partir en tournée avec Frank Zappa.

Et as-tu un nouveau Freak Guitar en préparation ?

Tu sais le dernier album n’est pas encore sorti dans beaucoup de pays, puis les albums de Freak Guitar demandent beaucoup de temps, Freak Kitchen c’est du gâteau à coté ! Je pense beaucoup à la musique, à ne pas me répéter, à emmener la communauté des guitaristes plus loin, à un autre niveau. On verra mais ce n’est pas pour tout de suite à mon avis !

Sinon tu as l’air vraiment très occupé tu arrives à vivre de ta musique ou tu as aussi un travail à coté ?

Putain non (rires) ! Je vis de ma musique depuis l’âge de mes 19 ans et j’en ai 35 ans maintenant. Je n’aurai jamais de travail normal, j’ai pu m’acheter une grande maison, une grande propriété avec une forêt, je joue avec des vibromasseurs donc la vie est cool (rires) ! Le truc c’est que tu es obligé d’être protecteur sur ta musique, il faut que tu t’assures que l’argent te revient bien dans les poches. Je ne suis pas avide, mais je dois gagner l’argent qui vient de ma musique, personne d’autre ne doit le gagner. J’ai même attaqué en justice une chaîne de télévision suédoise qui a utilisé des trucs du premier album de Freak Guitar sans payer, en plus pour l’utiliser sur une sorte de « soap opera », je les ai attaqué et l’argent est arrivé, donc c’est cool (rires) ! Mais tu dois travailler dur pour cela. Y a tellement de musiciens qui sont la en train de dire : oui je suis musicien uniquement pour rien foutre, faire la fête tous les jours, me droguer et je ne peux même pas payer mon loyer (rires). Je trouve ça vraiment mauvais comme attitude.

Pour finir on va jouer à un jeu, je te donne 2 guitaristes et tu en choisis un, c’est assez difficile dans la plupart des cas mais il y a des fois où c’est plus simple !

Robert Fripp ou Adrian Belew : Adrian Belew, mais les 2 sont excellents

Jimmy Page ou Tony Iommi : whou ! C’est dur ça ! Allez Jimmy Page

Dimebag Darell ou Zakk Wylde : Dimebag

Kirk Hammett ou Dave mustaine : Dave Mustaine

Steve Vai ou Joe Satriani : Steve Vai

Max Cavalera ou John McLaughlin : (rires) John McLaughlin

Steve Morse ou Ritchie Blackmore : Steve Morse

Mike Akerfeldt ou John petrucci : Je ne connais pas le premier donc John !

Frank Zappa ou Jimi Hendrix : Frank Zappa

David Gilmour ou Brian « Head » Welch : Le mec qui était chez Korn la ? Euh David Gilmour alors (rires)

Larry Lalonde ou Ron Thal : Ron Thal

Devin Townsend ou Fredrik Thordendal : Hum c’est un choix difficile, je vais dire Fredrik mais Devin est super aussi

Merci à Mattias pour sa sympahtie debordante ainsi qu' à Roger pour les mêmes raisons.