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GOD FORBID

Entretien avec Byron Davis (chant)

29/11/05 - Café Charbon - Paris

 

Déjà un minimum établi chez eux aux Etats-Unis, God Forbid n'est pratiquement rien en Europe. Mais depuis la sortie de ses 2 derniers albums de qualité et depuis que le groupe commence à tourner ici, la notériété du groupe commence à grandir de ce côté de l'Atlantique. Voici un entretien avec Byron le chanteur du groupe qui parlera majoritairement du message politique véhiculé par le groupe mais aussi des projets futurs de God Forbid.

Salut Byron. God Forbid est de retour en Europe après une tournée l’année dernière en première partie de Machine Head. Quel souvenir gardes tu de cette tournée ?

Souvenirs… j’ai beaucoup de souvenirs de cette tournée. C’était une très longue tournée, la plus longue que nous ayons faite en dehors des Etats-Unis. C’est jusque là la meilleure opportunité que nous ayons eu pour venir jouer dans la majorité de l’Europe car avant cela à part quelques dates et un festival en Allemagne nous n’avions pas vraiment tourné ici. C’était donc plutôt cool, nous avons eu beaucoup de bon temps. Les mecs de Machine Head ont été très respectueux avec nous, ils se sont bien assurés de faire en sorte que nous nous sentions à l’aise sur leur tournée. Vraiment un bon moment, mais également un moment tragique car c’est pendant cette tournée que Dimebag est mort. C’était surréel, une tournée très intéressante.

Pour le moment quels sont les pays Européens qui sont le plus réceptif à God Forbid ?

On marche plutôt bien au Portugal, on a vécu un bon moment en Espagne. Les concerts en Allemagne et en Autriche ont été intéressants. En général nous avons de bonnes réactions dans les endroits où nous jouons. A Lyon nous avons eu beaucoup de bons moments également. Ce soir c’est la première fois que nous jouons à Paris.

Pensez vous venir en tête d’affiche en Europe prochainement ?

Nous aimerions bien le faire à un moment mais pour le moment nous devons construire le nom de God Forbid en Europe. Nous n’avons pas pour l’instant l’impression que le nom soit très reconnu ici. Nous devons donc venir jouer devant le plus de monde possible en première partie afin de construire notre réputation ici. Si tout se passe bien, d’ici un ou deux ans nous pourrons revenir en tête d’affiche.

Votre premier EP va ressortir très prochainement, peux tu m’en parler ?

En fait il y aura dessus l’EP original, composé de nos premières chansons qui seront ici complétés par quelques morceaux live. Juste un tas de vieilles chansons de God Forbid je suppose. Nous ne savons pas très bien ce qu’il y aura dessus exactement en fait, car nous ne sommes pas intéressé par ce produit. Nous ne voulions pas le sortir maintenant, mais il sort quand même, donc bon…

Cet EP est toujours représentatif de ce qu’est God Forbid aujourd’hui pour toi ?

Je pense que cet EP montre une partie de l’échelle que nous avons escaladée au fil des années. Ce n’est pas vraiment une représentation appropriée de ce que nous sommes maintenant mais cela montre où nous en étions lorsque l’on a commencé. Tu peux ainsi voir la progression accomplie.

Votre nouvel album « IV : Constitution Of Treason » est un très bon album de thrash, sombre et épique. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour un groupe Américain, le titre de l’album est plutôt politiquement incorrect ! Est-ce difficile parfois d’avoir ce type de message devant un public Américain ? Par exemple, je suppose qu’il est moins aisé pour vous de maintenir votre discours lorsque vous jouez au Texas…

Je pense tout d’abord que mon pays est divisé par son centre. Il y a beaucoup de gens qui croient en ce que nos ministres font mais il y a également beaucoup de gens qui voient des erreurs dans ce que nos ministres font. C’est effectivement un sujet difficile, mais c’est un sujet qui mérite d’être abordé car nous sommes un facteur dans les décisions qu’ils prennent, avec par exemple l’argent que l’on nous prend pour les taxes. Il est important que des gens parlent contre ce qu’ils voient comme une atrocité. Nous ne pouvons pas tolérer que notre pays mente et qu’il n’arrive pas à assurer les mêmes choses qu’il y a en Europe. Dans tous vos pays, vous prenez en charge la population, l’argent de l’état est dépensé dans certains domaines plus importants au lieu d’autres domaines comme chez nous. Nous devrions plus regarder au fond de nous même afin de réaliser que nous sommes tous des êtres humains sur cette honnête planète et nous devrions tous collaborer ensemble. C’est un peu le message global véhiculé dans l’album : ne pas rester là sans rien faire, essayer de faire parti du truc et avoir des raisons de se plaindre des choses qui se passent dans notre propre pays et qui ne nous plaisent pas. C’est évidemment un album politisé mais ce n’était pas notre intention de départ. Notre but était plutôt de faire ouvrir les yeux aux gens sur le monde qui les entoure. C’est intéressant d’observer l’impact que cela a sur les gens dans certaines régions démographiques de notre pays. L’endroit où nous nous trouvons importe peu, même au Texas, nous ne changeons pas de discours même si les réactions sont évidemment différentes. Depuis que nous avons commencé à tourner pour cet album, peu importe où nous étions, il y avait toujours beaucoup de soldats qui venaient nous rencontrer pour nous parler de leurs histoires en Irak et en Afghanistan. Ils étaient là bas, parce que leur pays les a envoyés mais au fond d’eux même, ils n’approuvaient pas tout cela et ils voyaient cela comme une guerre de merde qui consiste juste en un mec qui dicte sa volonté et qui sacrifie ses citoyens.

Le message sera facile à faire passer en Europe en tout cas (rires). Sur l’Ozzfest 2004, qui se tenait juste avant les élections, sur la seconde scène vous faisiez tout le temps des discours anti-Bush tandis que sur la scène principale des groupes comme Superjoint Ritual et Black Label Society apportait clairement leur soutien à Georges W. Bush, comment cela se passait en coulisse, y avait-il des tensions à cause de l’aspect très politisé qu’a pris l’Ozzfest 2004 ?

Non pas vraiment. Déjà la scène principale et la seconde scène sur l’Ozzfest, même si elles font parti du même gros show, sont plutôt séparées, divisées. Quant tu joues sur la seconde scène, tu restes souvent avec les mecs de la seconde scène, il n’y a pas beaucoup d’interaction. Cela dit on a rencontré des gens de la scène principale comme Phil Anselmo qui est venu faire un peu la fête avec nous avec les autres membres de Superjoint Ritual. Tes opinions sont juste ton interprétation, ta façon de voir les choses. Ils ont leur vision de voir le monde et nous avons la notre, principalement car nous ne venons pas du même coin. Peu importe ce qui a été dit ou fait, chacun a le droit d’avoir ses propres opinions, ce n’est pas un problème.

Et en gros concrètement, qu’est ce qui va mal pour toi aux Etats-Unis, qu’aimerais tu changer si tu étais président ?

La première chose que nous devons changer est notre système d’élection. Il y a beaucoup à faire. Nous devrions également pour le moment nous concentrer plus sur nous même au lieu de nous occuper des autres pays. C’est très bien d’être conscient de ce qu’il se passe dans le reste du monde mais nous devrions nous concentrer principalement sur nos propres citoyens. Nous avons beaucoup de sans-abri, beaucoup de pauvreté, un système éducatif également très pauvre, pas de prise en charge médicale. Voilà les problèmes qui sont réellement importants dans notre pays et nous devrions plutôt dépenser de l’argent pour cela à la place d’aller régler des choses en Irak. L’Irak est un problème, mais tu sais tout ce que nous ferons là bas ne changera pas ma vie. En Irak si les femmes obtiennent le droit de vote par exemple, c’est cool, mais au final cela ne m’aidera pas et si il m’arrive quelque chose et que j’ai besoin de soins médicaux, si j’ai besoin d’inscrire mes enfants à l’école, tout ce que nous ferons en Irak ne m’aidera pas. Je pense vraiment que tu ne peux pas prétendre régler tous les problèmes d’un pays, sans être capable de régler d’abord les tiens. C’est la chose la plus importante que les Etats-Unis devraient faire actuellement, une restructuration de notre système tout entier. Notre pays a ses bons côtés, mais il devrait vraiment régler nos problèmes de sans abri et de pauvreté plutôt que de dépenser 20 milliards de dollars dans une guerre en Irak. Personne ne va attaquer l’Amérique à moins que nous les attaquions en premier, nous devrions donc nous occuper un peu de nos affaires.

Allez vous continuer de garder cet aspect politique dans votre musique ou au contraire est ce quelque chose que vous allez laisser tomber pour le prochain album ?

Il y a toujours eu un aspect politique dans notre musique, mais ce n’est pas quelque chose que nous allons pousser de plus en plus car tu en arrives vite à raconter les mêmes choses. Nous avons dit ce que nous avons à dire, les gens savent ce que nous pensons, c’est à eux de voir maintenant, si ils veulent essayer de changer les choses ou non. Nous sommes comme des messagers en quelque sorte. Nous avons répandu notre message, maintenant c’est aux gens d’essayer de changer ce qu’ils perçoivent comme des fautes. Nous préférons nous concentrer sur le fait d’écrire de la bonne musique tout en véhiculant un message plein de sens, que ce soit de la politique ou des choses sur la vie en général. Car avec ce genre de message, peu importe qui tu es et d’où tu viens tu peux toujours ta rattacher à ce genres de choses. Maintenant nous préférons nous concentrer sur la musique, je ne sais pas ce à quoi ressemblera notre prochain album mais il se doit de surprendre et d’être meilleur que le précédent.

Y a-t-il déjà des ébauches de prête pour le prochain ?

Oui, nous travaillons déjà sur certaines choses et nous parlons du prochain album. Mais bon notre nouvel album vient de sortir donc nous nous concentrons naturellement plus dessus. Nous essayons toutefois de travailler les 2 angles en même temps.

Comptez vous sortir un DVD ?

Nous sommes toujours en train de réunir quelques métrages, cela fait pratiquement 10 ans que nous sommes là nous avons donc beaucoup de matière. Mais nous voulons sortir un produit de qualité. Il y a trop de groupes aujourd’hui qui sortent un DVD live mais qui ne travaillent rien sur ce DVD. Nous voulons un DVD qui soit une parfaite représentation de God Forbid, nous allons donc bien prendre notre temps, ce n’est pas une urgence pour nous. J’aimerai effectivement que nous ayons un DVD live, mais tant que nous n’aurons pas assez de matière cela ne sortira pas.

Vous êtes à l’origine de l’appellation « New Wave Of American Heavy Metal », que penses tu de l’état actuel de cette scène ?

En réalité les mecs de Chimaira ont déposé l’appellation « New Wave Of American Heavy Metal » dans les magazines (rires). Je pense que c’est une bonne représentation de cette scène. Nous sommes des jeunes groupes comme à l’époque du Big 4 avec Metallica, Slayer, Megadeth et Anthrax. C’est le même genre d’esprit mais avec des nouveaux visages plus jeunes. C’est comme si les années 80 recommençaient sauf que c’est maintenant. Donc je pense que nous sommes la nouvelle vague de groupes américains Heavy Metal. C’est une représentation appropriée. J’aime vraiment Shadows Fall, Killswitch Engage, Chimaira, Lamb Of God, Unearth. Ils sont de notre époque, nous avons tous percés à différents niveaux, nous représentons réellement une grande famille. C’est vraiment bon de voir des groupes, qui se sont démené avec toi, réussir. Nous nous sommes tous vu en train de progresser et de grandir. Nous avons joué ensemble des plus petits hangars jusqu’aux grandes arénas. C’est un super sentiment de voir tes amis, que tu connais depuis un long moment, arriver à quelque chose grâce à leurs efforts.

Souhaiteriez vous être sur les festivals Européens l’été prochain ou préférez vous obtenir une place sur l’Ozzfest ?

Nous aimerions beaucoup faire parti des festivals Européens, mais ça fait maintenant 3 ou 4 ans qu’on essaie sans succès (rires). Nous avons toujours voulu faire parti du Wacken, du Dynamo, du Download, tous ces festivals. Mais nous n’avons jamais eu l’opportunité de le faire. On espère qu’avec la sortie de cet album, et avec nos performances ici en Europe, nous allons obtenir une place sur le circuit des festivals d’été en Europe. C’est vraiment quelque chose que nous désirons depuis un long moment. Si cela ne se passe pas encore cette année, nous essayerons à nouveau l’année d’après, mais j’espère que ça se fera cette année. Nous essayons d’emmener les choses à un niveau supérieur en essayant de faire toujours un album meilleur que le précédant et nous poussons vraiment notre album. Il y a tellement de groupes qui sortent des albums incroyables et qui ne vont nulle part. C’est pourquoi nous poussons à fond sur l’album, nous sommes ici pour prouver qui nous sommes, ce dont nous sommes capables et pour prouver que notre musique est incroyable. Un jour ou l’autre nous serons reconnus ici.

Merci à Byron Davis et son tour manager ainsi qu'à Valérie et Jean Marc de Century Media.