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HATEBREED

Entretien avec Jamey Jasta (chant)

20/11/06 - Loges de la Locomotive - Paris

 

Hatebreed a sorti il y a à peine quelques mois un très bon album intitulé "Supremacy". C'est avec la tête pensante du groupe Jamey Jasta que je me suis entretenu sur la génèse de l'album mais aussi sur bien d'autres sujets. En effet le chanteur évoque déjà le prochain Hatebreed, sans oublier les projets parrallèles que sont Kingdom Of Sorrow et Icepick.

Salut Jamey ! Chris Beattie s’est blessé au bras droit le 9 novembre dernier. Carl Swchartz (First Blood, ex-Terror) le remplace. Comment cela se passe-t-il jusque là ?

Très bien. Nous nous sentions vraiment mal pour Chris, car il était en train de stopper une bagarre dans laquelle il ne voulait pas être impliqué. Mais il est intervenu parce qu’il y avait 15 gars contre 2 autres gars. Il a été très gravement touché au poignet et a eu le bras complètement cassé. Concernant Carl, c’était comme un coup du destin. Carl était à Berlin pour rendre visite à un ami, il ne savait même pas que nous jouions ce soir là. Il a vu une affiche et s’est rendu au concert. On n’a pas compris ce qu’il faisait là et on lui a dit de venir dans notre bus. Il connaissait déjà toutes les chansons. Nous n’avions rien à lui apprendre. Il est monté sur scène en connaissant chaque chanson. Ce mec devrait être en couverture de Bass Magazine. Vraiment !

En plus votre set change chaque soir habituellement…

Ouais, il connaît tout parfaitement. C’est un génie ! Il chante même les chœurs avec nous.

Parlons un peu de « Supremacy ». Bien que tu m’avais dit l’année dernière avoir été très affecté par la mort de ton manageur, j’ai été très étonné de lire dans le livret de l’album que tu as traversé une grosse dépression. Car Hatebreed donne le sentiment sur scène d’être plein de confiance et d’assurance. Je suppose qu’il devait être difficile à l’époque de monter sur scène et de jouer ce rôle de mec fort et sur de lui…

Oui. C’est quelque chose avec laquelle j’ai voulu être honnête envers les fans. Quand j’achète un album je me demande toujours ce qui s’est passé dans la vie des mecs pour les pousser à faire ce genre de musique. J’ai voulu emmener les gens à l’intérieur du propos de l’album qui est de repartir à zéro et trouver une solution. Même si ce n’est pas forcement la bonne solution, c’est une nouvelle voie pour moi. C’est ce que représente cet album.

Quand as-tu pris le dessus sur cette dépression ? Car l’année dernière lors du Persistance Tour tu avais l’air d’aller bien…

Ouais. Je veux dire, et c’est pourquoi je veux que les gens lisent le livret, que l’on peut tous avoir des revers dans la vie. En ce qui me concerne fin 2004 et début 2005, j’ai laissé tous les problèmes extérieurs que j’avais affecter mon envie de faire de la musique. J’ai donc eu besoin de me reconnecter avec les aspects positifs qui tournent autour du fait de faire de la musique, partir en tournée, rencontrer les fans après les concerts. J’ai voulu me reconnecter avec tout ça. C’est une bonne chose de le dire aux gens car je sais ce que c’est que de s’enfoncer dans une mauvaise passe et ce n’est pas quelque chose qui n’arrive qu’aux musiciens. C’est pourquoi j’ai voulu faire un album qui puisse procurer une décharge à quelqu’un dans un piteux état et lui donner envie de se relever. Va à l’école, va à ton travail, va n’importe où mais sens toi en élévation. C’est le but de l’album.

Le laps de temps séparant « The Rise Of Brutality » et « Supremacy » a été plutôt long. Etait ce un laps de temps nécessaire pour que tu retrouves l’envie de faire un album ?

Ouais, mais j’ai fait 2 autres albums entre temps : Icepick et Kingdom Of Sorrow. Pour Kingdom Of Sorrow, moi et Kirk (ndlr : Windstein, chanteur/guitariste de Crowbar et guitariste de Down) nous souvenons à peine avoir enregistrer l’album. Il était surtout question d’alcool, de pilules, aller dans des stripclub. C’était fou ! Mais c’est un album excellent, lorsque les gens vont l’entendre ils vont devenir dingues. Donc ce n’est pas vraiment que je ne pouvais plus faire de musique mais plutôt que je ne ressentais plus d’épanouissement dans Hatebreed à l’époque. J’avais besoin de sortir ces albums de mon système. Après ça, c’est comme si je pouvais ouvrir à nouveau cette grande porte avec Hatebreed. Je ressentais le même sentiment que lorsque nous écrivions nos premiers morceaux en 1995. J’ai eu besoin de me reconnecter à ça.

Bien que l’album soit très sombre musicalement, les paroles sont toujours positives en quelque sorte. Es tu d’accord ?

Oui, cela a toujours été notre formule. Nous avons besoin de ce ying et ce yang. Tu ne peux pas avoir l’un sans l’autre. Tu dois mélanger le mauvais avec le bon. Avoir une musique lourde, brutale et sombre en cohabitation avec un message d’élévation est la formule qui nous convient. Cela te donne envie de devenir fou, de devenir violent. Ca te donne des frissons, redresse tes cheveux. Mais ce n’est pas sans but. Cela t’amènes à te sentir vivant, à penser et à éveiller tes sens. Je veux voir les gens venir aux concerts, voir les lumières, sentir la basse frapper leur poitrine, avoir des frissons dans le dos et repartir avec un sourire au visage. Les concerts et les albums doivent te faire oublier tes problèmes le temps d’une heure.

Je trouve que tu t’es amélioré sur cet album. Ton chant reste toujours aussi brutal qu’avant et même peut être plus encore et tu essayes également de nouvelles choses. Ton chant est plus dynamique. Iras tu encore plus loin la prochaine fois ?

Oui, j’ai essayé de faire en sorte que l’on puisse comprendre chaque mot. Que chaque cri soit très fort. Mais pour être honnête je crois que sur le prochain album je vais juste chanter de façon plus brutale. Le prochain album sera très influencé par le death metal et le hardcore rapide. En ce moment j’écoute beaucoup de Suffocation, Infest, Decapitated, Kataklysm et du hardcore comme Negative Approach, Warzone ou Sheer Terror. Je suis un peu revenu en arrière et me suis reconnecter avec pas mal d’albums que j’écoutais lorsque je grandissais. Cela va se sentir sur le prochain album. Je veux faire un crossover entre punk/hardcore/thrash et du brutal death metal.

Je suppose que pour le moment ce ne sont que des idées…

En fait nous avons déjà de nouvelles chansons complètement folles. Cet album sortira rapidement.

Nous parlions de Kirk tout à l’heure. Je trouve que l’on peut comparer d’une certaine façon l’évolution entre « The Rise Of Brutality » et « Supremacy » à celle que Crowbar a eu entre « Broken Glass » et « Odd Fellows Rest ». Autrement dit, l’apport de beaucoup de dynamique…

Oui totalement. « The Rise Of Brutality » était très direct.

Penses tu qu’Hatebreed arrive à un point où le groupe doit apporter beaucoup de dynamique dans sa musique pour rester frais ?

Oui. Le prochain album marquera un nouveau départ mais un départ en arrière (rires). Cet album sera le plus extrême dans chacun des genres que nous abordons. Si tu écoutes « The Rise Of Brutality » il y a tous ces morceaux hardcore rapides comme Straight To Your Face ou Choose To Be Choosen. Puis il y a aussi toutes ces chansons metal comme Doomsayer et Beholder Of Justice. Lorsque tu écoutes « Supremacy », c’est un album vraiment rapide au début mais qui part ensuite sur des choses plus groovy comme Destroy Everything, Immortal Ennemies et Never Let It Die. Tandis que le prochain aura toutes les formules. Nous allons pousser les parties de batterie dessus. Plus de double pédale, plus de tempo thrash violents et haineux. Plus de mid tempo. Plus de tempo punk et plus de travail à 2 guitares. Frank a des choses à apporter. Sean, Chris et moi-même écrivons. Donc il devrait y avoir pas mal de choses.

Vous êtes donc revenus cette année à un quintet. Y a-t-il une raison particulière pour avoir à nouveau engagé un second guitariste ?

C’est juste parce que c’était ainsi lorsque que Chris et moi-même avons fondé le groupe. Nous voulions revenir à la vision originelle du groupe. Nous étions lassés d’être à 4 depuis que Lou à quitter le groupe en 2002. Cela fait plus de 4 ans à être entre nous 4. Pantera est un quartet et il y a beaucoup de formations de ce genre qui ont réussis mais nous avons voulu revenir à la façon dont nous avons commencés. Nous avons voulu revenir en arrière et cet album est juste un soupçon de ce qui est à venir. C’est un nouveau départ, nous avons un nouveau label, un nouveau guitariste. Nous nous reconcentrons et nous restructurons et maintenant nous allons vous frappez très fort avec le prochain album.

Tu considères donc « Supremacy » comme une étape ?

Oui.

Frank a-t-il pu contribuer à « Supremacy » ?

Non. Mais il le fera sur le prochain.

Quoi de neuf avec le tant attendu DVD ?

Il y aura 3 volumes. Le premier ira de 1995 à 2000. Le second de 2000 à maintenant et le troisième sera sans doute un concert actuel. Nous verrons bien. Nous avons trop de bandes.

Tu évoquais Lou tout à l’heure. Malheureusement il est mort il y a 2 mois. As-tu quelque chose à dire là dessus ou un hommage à lui rendre pour sa contribution à Hatebreed ?

Il y a beaucoup de rumeurs autour de ce qui s’est passé. En fait il s’est suicidé. C’est un scénario malheureux. Pour les gens qui lisent cette interview, j’ai envie de dire : si vous êtes en dépression ou vous pensez que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, s’il vous plait trouver de l’aide. Une aide professionnelle. C’est tout ce que je peux dire.

Vous êtes toujours proche de votre premier album « Satisfaction Is The Death Of Desire » car vous jouez toujours beaucoup de morceaux de cet album en concert. Mais lorsque j’écoute cet album aujourd’hui, pour moi il ne s’agit plus du même groupe. Vous avez tellement évolué. Le chant est naze en comparaison à maintenant et le son est mauvais. Pensez vous le réenregistrer à l’avenir ?

(Rires) Je suis d’accord avec tout ce que tu as dit mais je ne pense pas que nous le réenregistrerons un jour.

Je sais que vous l’avez joué entièrement en concert l’année dernière. Peut être sortir une version intégrale de l’album en live ?

Oui peut être. Dans ce contexte ce serait plus intéressant. Chris et moi-même avons écrit cet album. Nous l’avons fait à la dernière minute en studio, dans la précipitation. J’ai perdu ma voix à la moitié de ma période d’enregistrement, nous étions défoncés en allant en studio. Mais les gens adorent cet album. C’est pratiquement l’album de hardcore le plus vendeur de tous les temps. J’ai du mal à comprendre (rires) mais pourquoi pas. Il a été voté comme un des albums les plus violents de tous les temps dans des magazines comme Revolver. Quand quelqu’un dit que cet album est un classique, je prends ça comme un énorme compliment. Je pense que cet album est une bonne photographie de ce que nous étions à l’époque.

En fait je te dis juste ça car je n’écoute pratiquement jamais cet album, mais j’aime bien entendre les chansons en concert…

Oui et c’est pourquoi il y aura beaucoup de chansons de cet album lorsque nous sortirons un live.

Parlons un peu de Kingdom Of Sorrow. Ca commence à faire un moment que l’album a été enregistré…

Oui, plus d’un an. Nous devons nous occuper de tout ce qui concerne les labels et ce genre de choses. Nous avons fait l’album nous même, juste pour le fun. Maintenant la partie plus politique arrive (rires). Je pense que les fans de Pantera, Hatebreed, Down et Crowbar vont adorer.

Je devrai aimer alors !

Oui (rires). Je pense que tu vas aimer.

L’année dernière tu m’avais parlé d’invités spéciaux pour compléter le line up live de Kingdom Of Sorrow, mais tu n’avais rien voulu me révéler. En mars dernier, Kirk ne m’a rien dit non plus. Toutefois j’ai réussi à lui faire cracher le morceau en juin dernier. Il m’a dit que vous pensiez à Rex Brown (Down, ex-Pantera) mais que ce dernier a décliné car il veut se concentrer uniquement à Down…

Oui c’est vrai (rires). Quand je vais recommencer à m’occuper de tout ça, vers fin janvier, je vais utiliser quelques tours qu’il me reste sous la manche (rires). J’ai encore quelques nouvelles surprises à développer. Je ne peux rien dire, je dois d’abord être sur que cela se passe.

Quand pouvons nous espérer voir cet album sortir ? Pour 2007 ?

(Rires) Ouais, je pense.

Comment allez vous jongler entre tous ces projets. Tu m’as dit vouloir sortir un nouveau Hatebreed très vite…

Oui, le prochain Hatebreed sortira probablement en janvier 2008. Le Kingdom Of Sorrow aux alentours d’avril 2007 et le nouveau Icepick vers aout/septembre 2007.

C’est plutôt serré comme calendrier, d’autant plus que Kirk a également pas mal de projets. Le nouveau Down sortira sans doute vers le mois de mai. Même si ce n’est pas encore officiel, il sera en tournée avec Crowbar en mars…

Ouais et le nouvel album de Crowbar sortira à l’automne 2007. Effectivement nous avons tous les 2 pas mal d’albums qui vont sortir (rires).

Pour finir peux tu me donner plus de détails concernant Icepick ?

Nous avons joués quelques concerts. Des trucs locaux, dans le nord-est des Etats-Unis. Nous avons eu des offres pour des festivals européens, le Japon et l’Amérique Du Sud. Mais nous n’avons même pas de réel line up à l’heure actuelle. De plus le line up pour le prochain album va être très différent. Nous allons avoir de nouveaux collaborateurs. Frank « 3 Gun » et Zeuss ont quelques chansons. Le prochain album va être assurément plus éclectique. Il y aura John Joseph des Cro-Mags qui chantera une chanson avec moi et Lord Ezec. Si tout se passe bien nous aurons Zoli d’Ignite. Ce sera différent. Moins metal et moins violent. Plus punk et plus thrash. J’ai déjà 2 bonnes chansons sur lesquels j’inviterai bien Joost de Discipline et à nouveau Roger d’Agnostic Front. Il y aura pleins d’invités. C’est ce qui est fun avec Icepick.

Merci à Jamey Jasta pour sa sympathie ainsi qu'à Karine et Sarah de Roadrunner.