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HATEBREED

Entretien avec Jamey Jasta (chant)

04/12/05 - Loges de l'Ancienne Belgique - Bruxelles

 

Hatebreed fête cette année ses 10 ans d'existance ! Le groupe vient donc à cette occasion en ce mois de décembre, faire une petite tournée Européenne, qui évite soigneusement la France. Voici un entretien exclusif, avec la tête pensante du groupe Jamey Jasta, quelques heures avant le concert monstrueux d'Hatebreed à Bruxelles. Nous reviendrons dans cet entretien sur les 10 ans du groupe, mais aussi sur les projets futurs de Jamey Jasta, que ce soit avec Hatebreed ou avec son nouveau projet Kingdom Of Sorrow.

Salut Jamey, Hatebreed fête cette année son 10ème anniversaire. Pour l’occasion vous avez organisé 2 concerts, à New Haven, qui ressemblaient plutôt à des festivals. Peux tu me raconter ?

C’était super. C’est un petit club à New Haven. Un club très ancien où tout le monde à joué au moins une fois. Des groupes comme les Rolling Stones, The Doors, beaucoup d’histoires au fil des années. Quand j’étais plus jeune, j’ai vu là bas les Bad Brains, Carcass, Slayer, Testament et pleins d’autres bons concerts. Ce fût un honneur pour nous de revenir jouer là bas, en tête d’affiche et en affichant complet 2 soirs de suite. (ndlr : Un technicien montre à Jamey une photo d’une demoiselle qui était apparemment présente au show et qui a envoyé au groupe un mail agrémenté d’une photo d’elle nue) Cette nana était là (rires) ! Il y avait donc un peu plus de 1000 personnes chaque soir, on a fait venir Crowbar en avion de la Nouvelle Orléans jusqu’au show, ils ont joué le second soir avec Converge que nous avons pu retrouver, cela fait un moment que l’on se connaît, nous avions à une époque le même manageur et le même label. Il y avait aussi nos potes d’100 Demons. Le premier soir nous avons joué l’intégralité du EP et de « Satisfaction Is The Death Of Desire » dans l’ordre comme sur les albums. Nous avons joué également quelques reprises comme du Shelter et du Sepultura. Le second soir nous avons joué l’intégralité des albums « Perseverance » et « The Rise Of Brutality ».

Plutôt cool ! Avez-vous filmé ça ?

Oh oui, je pense que ça a été filmé (rires).

La dernière fois que j’ai parlé à Sean Martin, il m’avait parlé d’un DVD à venir. Cela fait maintenant plus d’un an, où en est ce ?

Le problème c’est que nous avons 10 années de métrage. Nous tournons en permanence et nous n’avons pas suffisamment le temps de nous asseoir pour nous occuper de ça. Mais on travaille toujours dessus.

Sur ce DVD, vous ne voulez pas seulement montrer du live apparemment ?

Non, ce sera une sorte de documentaire sur l’histoire du groupe avec du live également. Nous avons beaucoup de matériel pro ou Bootlegs, il y aura un peu des deux.

D’une certaine façon, vous continuez cette célébration en Europe en ce moment avec cette affiche énorme intitulé le Persistance Tour. Cela dit, cette tournée est très courte, pourquoi ?

Juste parce que nous devons rentrer chez nous pour les vacances et que nous n’avions pas plus de temps libre. Nous devons aussi rentrer en studio pour enregistrer le prochain album.

Quel est ton sentiment lorsque tu vois des groupes qui t’ont influencés comme Crowbar, Napalm Death, Converge et Agnostic Front, ouvrir pour ton groupe ?

Je suis vraiment très heureux d’être sur la même scène, c’est un honneur. Je connais les mecs de Converge depuis 14 ans. La première fois que j’ai vu Crowbar j’étais un gamin, ils ouvraient pour Morbid Angel et ça a changé ma vie. J’aime tellement ce groupe, j’aime tellement les paroles. Maintenant j’ai un groupe avec Kirk (ndlr : Windstein, chanteur/guitariste de Crowbar) qui s’appelle Kingdom Of Sorrow. Je suis vraiment heureux de tout ça, vraiment reconnaissant.

En regardant les 10 années qui viennent de s’écouler, quels ont étés pour toi les meilleurs moments de la carrière du groupe ?

Il y en a tellement. Définitivement, tourner avec Slayer à 7 reprises. Jouer dans le monde entier avec Slayer, un de mes groupes favoris. Ce sont des mecs cool, je les adore, ils nous ont donné tellement de bonnes opportunités qui nous ont réellement aidées. Etre nominé aux Grammy Awards, pouvoir faire des clips. Pouvoir rencontrer nos héros, comme Metallica avec qui nous avons joué au Giant Stadium, ce qui est assez dingue (rires).

Et au contraire, quels ont étés les pires moments ?

Tu sais, il y a toujours des hauts et des bas. Tu ne peux pas avoir l’un sans l’autre. (ndlr : sa voix devient fébrile) L’année dernière nous avons perdu notre manageur, il avait une tumeur grave au cerveau. Nous avons perdus quelques autres amis aussi cette année. C’est la vie, tu dois faire avec et gérer les mauvais moments.

Et sur un point de vue plus musical, vois tu des points noirs ?

Non, nous avons été plutôt chanceux tu sais. A travers les changements de line up et les différents labels, nous sommes toujours arrivés à être au top. Les albums ont toujours été plus gros et meilleurs.

Je sais qu’en ce moment ils vous arrivent de jouer une nouvelle chanson, avez-vous fini d’écrire le prochain album ?

Nous n’avons pas totalement fini, mais presque. Nous avons beaucoup d’idées, beaucoup de chansons déjà prêtes. Ca va être écrasant et ça va vous broyer ! C’est à peu près dans la continuation de « The Rise Of Brutality ».

Est-ce que ce nouvel album va sortir sur Roadrunner Records ?

Oui.

Parlons donc un peu de ton projet avec Kirk Windstein de Crowbar intitulé : Kingdom Of Sorrow. Ca ressemble à quoi ?

En fait c’est… c’est très lourd, très très lourd (rires). Nous sommes accordés en La et en Si sur ce projet. C’est démolissant, il y a un peu de Down, un peu de Pantera, un peu de Black Sabbath, d’Iron Maiden. Des trucs rentre-dedans comme des trucs mélodiques, il y a de tout. C’est vraiment un groupe différent de ce que nous faisons tous les 2 respectivement.

Partagez vous les voix ?

Oui. Kirk ne voulait pas au départ. Mais je l’ai poussé à le faire, je lui ai dit qu’il devait le faire car les gens aiment sa voix et veulent l’entendre, ils vont devenir fous si ils ne l’entendent pas (rires). Lui était plutôt du genre : vas y chante, c’est toi le chanteur, moi je veux juste jouer de la guitare. Je lui répondais : non, tu dois chanter ! Au final, il doit chanter la moitié de l’album.

Cet album est donc d’hors et déjà terminé ?

Oui, il est dément.

Qui sont les autres membres du groupe ?

Derek de Seemless joue la batterie sur l’album. Je ne pense pas qu’il va tourner avec nous, et d’ailleurs nous n’allons pas vraiment tourner, peut être 10 concerts en Europe et 10 concerts aux Etats-Unis. Les mecs qui vont nous accompagner en tournée sont une surprise. Tu vas être vraiment étonné quand tu vas savoir qui sera avec nous sur scène, mais je ne peux pas te le dire maintenant. Je peux juste te dire que ce sont des gros noms.

Vous allez donc tourner, c’est bien ça ! Quand comptez vous sortir l’album ?

Ca dépend du moment auquel sortira le nouveau Hatebreed. On verra.

Avez-vous déjà un contrat pour Kingdom Of Sorrow ?

Oui, il y a des négociations, mais nous devons faire les choses correctement pour n’énerver personne. Personnellement, j’aimerai que le groupe soit signé chez Roadrunner, on verra ce qu’il se passera.

Tu vas faire parti du concert spécial Roadrunner United à New York le 15 décembre, que vas tu faire exactement ?

Je serai le présentateur, mais je jouerai également.

Et peux tu me révéler quelques informations sur ta performance ?

(Rires) Non, pas du tout ! J’ai juré que je garderai le secret (rires), mais ça sera bien. Il y aura beaucoup de musiciens à ce concert appartenant à des groupes Roadrunner du monde entier.

Tu vas sûrement chanter une chanson d’Hatebreed non ?

Non, car nous ne sommes pas chez Roadrunner aux Etats-Unis. Seulement en Europe et au Japon. Je chanterai sur des chansons d’autres groupes (ndlr : le concert étant passé au moment où vous lisez ces lignes, Jamey a chanté Set It Off de Madball ainsi que Pure Hatred de Chimaira).

Sur l’album que Roadrunner a sorti pour célébrer leurs 25 ans, le hardcore n’est absolument pas représenté alors qu’il a pourtant constitué une part importante dans la renommée du label avec des groupes comme Hatebreed, Biohazard…

Madball, les premiers Life Of Agony, ouais je sais bien, mais en fait je n’ai pas encore entendu l’album. Je l’ai, mais je n’ai pas pu le mettre dans mon iPod pour certaines raisons. J’ai essayé, mais mon iPod est mort, donc je dois attendre de revenir à la maison pour l’écouter. Il est comment cet album ? Est-ce qu’il vaut le coup ?

Pour ce genre d’album, il n’est pas mauvais, si tu le considères comme une compilation. Mais par rapport au line up de rêve, les titres ne sont pas tout à fait à la hauteur, j’ai été par exemple assez déçu des titres de Dino Cazares et Robb Flynn…

Dino est un de mes guitaristes préférés, je l’adore. Bon il va falloir que je vérifie ça alors.

Sur une note plus triste, cela fait un an que Dimebag Darrell a été assassiné. Tu as croisé sa route et je voudrai savoir si tu pouvais lui rendre hommage, en partageant une anecdote avec mes lecteurs ?

Oui bien sur. Nous avons tourné avec Damageplan. Une fois sur la route, avant la date de Portland dans l’Oregon, nous n’avions jamais joué en concert la chanson Final Prayer issus de l’album « Perseverance » car sur l’album c’est Kerry King qui fait le solo. Nous ne l’avions donc jamais joué avant, même sur les tournées avec Slayer, cela n’avait jamais abouti en live avec Kerry King. Nous avons donc demandé à Dime sur la tournée avec Damageplan et il a répondu : ouais peut être, peu être que je vais le faire mais je ne te le dirai pas (rires). Je viendrai sur scène pour le faire mais je ne te le dirai pas pour te surprendre. C’était un mec tellement talentueux qu’il ne lui a fallu qu’une seule écoute pour connaître par cœur le solo. Un solo de Kerry King ! Note pour note ! Il l’a digéré en une seule écoute ! Nous avons donc joué cette chanson pour la première fois à Portland, et il est arrivé sur scène, le public est devenu fou, Vinnie Paul s’est ramené sur scène, habillé en redneck supposé aveugle, avec un bâton, des lunettes et un chapeau de cow-boy. Il a ramené sur scène avec lui un plateau avec des shot d’alcool fort, nous avons tous pris notre shot et nous avons joué Final Prayer avec Dimebag qui est également resté joué avec nous This Is Now. Je crois que cela a été la nuit la plus incroyable de ma vie !

Pour finir, nous allons faire ensemble une rétrospective des albums d’Hatebreed avec tes avis pour résumer les 10 ans de carrière du groupe :

Under The Knife : C’est un EP. Je crois que nous n’avons que payer 80 dollars pour le faire (rires). Un studio horrible, avec le plus mauvais son que tu puisses trouver. Mais il s’en est vendu une centaine de millier aux Etats-Unis, ce qui est assez dingue. Il continue à vendre d’ailleurs. C’était vraiment une époque amusante pour nous. Au départ nous n’avions que des copies cassette de l’album et nous les vendions à la fin des concerts. Un soir pour Halloween en 1996, nous avons joué un concert avec Machine Head. Plus d’un millier de personnes présentes et nous avons vendu à peu près 500 cassettes ce soir là. C’était vraiment une bonne époque, quand nous conduisions encore nous même pour aller faire les concerts, nous avons joué à l’époque avec Six Feet Under, Napalm Death, Cannibal Corpse, Machine Head, nous commencions à jouer avec beaucoup de groupes metal, c’était vraiment fun.

Satisfaction Is The Death Of Desire : Nous avons enregistré cet album dans le New Jersey et nous avons du conduire du Connecticut jusque là bas tous les jours, ce qui était assez dingue. Nous n’avions pas assez de chansons pour finir l’album, j’ai donc écrit Betrayed By Life et Afflicted Past dans le studio avec le producteur Steve Evetts puis j’ai ensuite montré ces 2 morceaux au groupe avec une guitare. A cette époque nous ne pensions vraiment pas que cet album deviendrait un classique car nous étions tout simplement réjoui de pouvoir en faire un. Nous étions excité également du fait d’être sur un vrai label. Vraiment une bonne époque également car cela s’est produit juste après la reformation d’Agnostic Front, et nous avons joué les concerts avec eux. Nous avons également joué avec Madball à l’époque, le hardcore commençait à redevenir vraiment gros. Il y avait 25 To Life, Vision Of Disorder, One For One, Shelter était de retour. Nous avons joué avec tous ces groupes de hardcore et avec d’autres encore, c’était donc une très bonne époque pour nous.

Perseverance : Nous avons tourné 4 ans pour promouvoir « Satisfaction Is The Death Of Desire », beaucoup de tournées et de rencontres. Le Tattoo The Earth avec Slayer et Slipknot. Nous avons fait une tournée entière avec Sepultura : Etats-Unis, Canada et Europe. Nous avons tellement tourné, avec Danzig, Disturbed, Six Feet Under, Soulfly, nous n’arrêtions pas de tourner. Nous avons du coup fini par avoir notre contrat pour sortir « Perseverance » et c’est à ce moment là que tout a explosé. Les tournées avec Slayer, l’Ozzfest, Le Eastpack Resistance avec Biohazard et Agnostic Front. En 2002, nous avons donné 320 concerts (ndlr : excusez du peu !).

The Rise Of Brutality : Cela fait 2 ans que nous tournons pour cet album. Nous avons eu la chance de tourner avec Damageplan sur la tournée Headbanger’s Ball, nous avons fait l’Europe avec Slayer et Slipknot sur le Unholly Alliance Tour. Nous sommes chanceux, nous avons eu tellement de bonnes choses pour cet album, avec entre autre la nomination aux Grammy Awards. Maintenant nous finissons cette tournée européenne et nous allons faire un nouvel album.

Si tu avais une seule chanson à citer pour définir ce qu’est Hatebreed, laquelle choisirais tu ?

(sans hésitation) Live For This. Parce que la musique nous a donné toutes ces opportunités, a changé nos vies, nous a fait rencontrés tellement d’amis de longues dates à travers le monde. Tout ça juste grâce à la musique, car elle nous aide tous durant les moments difficiles et lorsque nous évoluons. Cette chanson est à propos de cela.

Merci à Jamey Jasta, à Dirk de CNR Records, Bas de Roadrunner Hollande et Karine de Roadrunner France pour avoir rendu cette interview française exclusive possible.