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KILLING JOKE

Entretien avec Jaz Coleman (chant)

20/04/06 - Loges du Plan - Ris Orangis

 

Il y a certaines figures dans le monde de la musique qui sortent des sentiers batus. Jaz Coleman appartient à coup sur à cette catégorie. Personnage haut en couleurs et attachant, voici une conversation partagée entre éclats de rire et depressions, effectuée à une heure tardive où le joker parle un peu de ce qui le chante sans forcément se soucier de la question.

Salut Jaz ! Ce nouvel album « Hosannas From The Basement Of Hell » sonne de façon très vintage, il rappelle les premiers albums. Est-ce une conséquence de la tournée 25 ème anniversaire de l’an dernier ?

Ca ne fait pas 25 ans mais 27 ans que le groupe a été crée. Le promoteur a dit que 25 ans ça sonnait mieux. Tu peux voir de cette façon que la vie est un non-sens. Il manque 2 années. Peut être que j'ai été adopté par 2 extra terrestres pendant ce temps là (rires).

Mais penses tu donc, que ce retour à un son vintage est une réaction à cette tournée ?

Bien sur ! Nous avons enregistré cet album avec… je n’arrive pas à calculer en euro mais nous avons enregistrés cet album avec 20 livres par jour, dans une cave et avec du matériel de merde. Pas de pistes doublées, juste nous en train de jouer.

Vous avez enregistrés cet album en compagnie de Mark Lusadi qui a travaillé avec vous sur le tout premier album. Comment était ce de retravailler avec lui ?

Il m’a dit : Si vous m’aimez autant, pourquoi ne m’avez-vous jamais appelé depuis 26 ans ? (Rires). Il disait ça tout le temps (rires).

Comment est ce d’enregistrer un album à Prague ?

J’ai fait beaucoup d’albums à Prague. J’aime enregistrer là bas. J’aime enregistrer de la musique classique là bas. C’est un endroit étrange. Tu ne peux pas aller à Prague et trouver de la joie. C’est la vérité. Mais si tu vis là bas, tu vas acquérir de la force car c’est très difficile d’y vivre. La vie est bon marché…

(Brenda, la femme de Jaz l’interrompt) : Et il y a des femmes  !

Ouais, les femmes aussi. C’est une des plus belles villes au monde. Quotidiennement je prends les transports publics et je découvre toujours quelque chose de nouveau à adorer dans cette ville. Mais il y a aussi une part de pénombre à tout ça qui est : les gens n’ont pas assez d’argent. Tout le monde est payé une livre anglaise par heure. Les prix augmentent tous les 6 mois. Nous devons passer à l’euro en 2009 mais ça ne marchera pas. Aucune chance que ça marche. On sera baisé par la Chine et par l’Inde en Europe.

Est-ce que cela te manque parfois de ne plus habiter en Angleterre ?

Ca fait des années maintenant. Mes collègues disent que je suis plus britannique que chacun d’entre eux. Mais j’ai choisi de ne plus vivre là bas.

La dernière fois que tu as joué à paris en octobre dernier, tu as fait beaucoup de discours concernant ton dégoût de la politique étrangère menée par le gouvernement britanique …

Il n’y a plus de Grande Bretagne. C’est juste une nouvelle amérique. Pour moi la Grande Bretagne est morte. Je me rappelle d’elle à l’époque où elle était magnifique. Mais cette époque est révolue. J’adore jouer à Londres, j’adore les gens, j’adore la marmelade, j’adore le thé et j’adore le sens de l’humour. Mais je peux avoir tout ça en Nouvelle Zélande ou à Prague. Mais je ne peux plus vivre en Grande Bretagne. Je suis parti il y a trop longtemps.

J’aime beaucoup la pochette de cet album. Qui en est l’auteur ?

Victor Safonkin. C’est un surréaliste russe. Il a peint l’image et ensuite nous avons fait la musique en nous basant sur cette pochette.

Le bassiste Paul Raven a été occupé par l’album de Ministry. Du coup a-t-il eu une contribution importante sur cet album de Killing Joke ?

(Rires). Pas de commentaire. Killing Joke c’est Geordie et moi. Il y a 12 albums de Killing Joke, Geordie joue la basse sur 10 d’entre eux. Pff ! Et également la batterie sur 3 d’entre eux. Je fais tout le reste. Au bout du compte, j’adore jouer avec ce mec. C’est un super guitariste, il sonne comme un mur de 4 guitares à lui tout seul. Pour moi, travailler avec Geordie Walker est un privilège. Benny notre batteur, les jeunes sont ceux qui deviennent meilleurs. Tu n’as pas besoin des vieux. C’est la même chose avec la basse. Tu as besoin de plus d’énergie et de précision. Les standards musicaux doivent restés à un niveau élevé. Killing Joke est un son et un style de vie. Le look n’est pas important. La célébration est tout ce qui compte. Voilà c’est tout. Tant que Geordie continuera à vouloir faire ça, Killing Joke continuera de vivre. Nous continuerons à faire de la musique et chaque album doit être meilleur. Nous essayons toujours de nous améliorer et de nous surpasser.

Ok ! Donc pour revenir sur Paul Raven, il est remplacé sur scène par quelqu’un, qui est ce ?

Neal. Pff ! Je pense que c’est un super bassiste. Il n’a eu que 2 jours de répétitions avec nous. Pour moi c’est un honneur de travailler avec un professionnel. Nous avons une histoire avec Paul Raven et Youth, ces 2 bassistes. En réalité 3 bassistes en comptant Geordie (rires). Même moi parfois. J’ai fait la basse sur le morceau Asteroid. Je pense que parfois les jeunes musiciens peuvent jouer notre musique à la basse ou à la batterie de meilleure façon. Ils apportent quelque chose de plus que les gens qui jouent depuis des années. Parfois ça peut être meilleur. Je me répète mais tant que Geordie Walker voudra travailler avec Jaz, nous ferons de la musique fantastique. Geordie Walker est un guitariste unique différent de tous les autres de Keith Richard à Jimmy fuckin’ Page ou bien encore Hendrix. Je ne pourrai jamais remplacer Geordie.

Je suis un amateur de ton jeune batteur Ben Calvert depuis qu’il a joué dans Kill 2 This…

J’ai travaillé avec Dave Grohl, j’ai travaillé avec ce que l’on peut considérer comme les meilleurs batteurs tribaux du monde. Il n’y en a pas tant que ça. J’ai travaillé avec le batteur de Tool…

Danny Carey !

Ouais ! C’est un ami à moi. Un putain de batteur. Nous nous sommes rencontrés, nous avons passés un bon moment et il a joué avec Killing Joke. Mais Benny est vraiment spécial. Il est jeune. La différence qu’il y a avec les jeunes batteurs c’est qu’ils ont écouté beaucoup de musique à base de samples. Du coup, tout est automatique et précis. Ils peuvent tout faire parfaitement. Les vieux batteurs ne peuvent pas (rires).

Oui, je l’ai vu jouer lorsqu’il avait 17 ans avec son ancien groupe, il était déjà très précis…

Benny a le même problème que moi. Il est dépressif.

Et comment a-t-il obtenu le poste chez Killing Joke ?

J’étais contre car je n’aime pas Kill 2 This. Mais Geordie m’a dit : tu dois écouter ce foutu jeune batteur ! Après avoir eu Dave Grohl…Benny est incroyable (rires).

Killing Joke est confirmé pour le Download Festival cette année. Avez-vous d’autres festivals confirmés ?

Laisse moi te dire quelque chose. Tu vois Killing Joke comme un groupe. Moi pas. Je vois Killing Joke comme une idée, un rêve. Killing Joke peut être un livre, un film. Killing Joke peut être n’importe quel support que tu aimes. Je ne me restreindrai pas et je ne me laisserai jamais dicté par les stéréotypes du rock n’roll. C’est pourquoi j’aime travailler avec les orchestres, j’aime les nouveaux défis. J’aime faire des lectures, j’aime faire des trucs que je n’ai jamais faits avant. J’aime avoir peur. J’aime me dire : Pourquoi Jaz ? Pourquoi as-tu accepté ? Maintenant tu dois le faire. J’aime me jeter dans le feu. Une fois que je suis dans un cercle de feu et que je le traverse, je réalise que c’était de la gnognote. Tout le monde peut accomplir ce qu’il veut. Tout le monde possède cette puissance. Dieu a donné a tout le monde un don. Pour moi ce don se trouve plus loin car j’ai un long nez (rires). Je soupçonne le fait d’avoir un pouvoir qui ne se limite pas à la musique. Il y a quelque chose d’autre et je dois survivre à cette vie démente pour le savoir. Je dois dormir avec une alarme qui surveille mon battement de cœur car j’ai un problème avec ça. Mais il y a toujours un problème. Tu dois observer les gens. Tu dois être suspicieux et paranoïaque. La paranoïa et l’épuisement sont tes meilleurs amis (sa femme Brenda ricane). Ouais, parce que tu ne comprends rien à la créativité jeune femme. La paranoïa est… bien regardez Salvadore Dali. La méthode paranoïaque critique. Il a piqué ça à Yves Tanguy. Quelqu’un le connaît ici ? On l’appelle aussi Papa Tanguy. C’est comme ça que Salvadore Dali l’appelait. Tanguy vivait à Carnac. Il rêvait des méthodes comme celle de dormir éveillé. Comment dormir éveillé ? Bien sur les français savent le faire car ils boivent beaucoup pendant leurs bons repas et ils ont appris à rester éveillé tout en dormant. Ca leur donne des visions. Tanguy pour moi est le seul, l’unique. Il y a toujours quelqu’un dans l’ombre des meilleurs. Pas de Tanguy, pas de Dali et pas de Victor Safonkin. Tanguy a appris à dormir éveillé tout en continuant sa conversation et en peignant. Il mettait ensuite un nombre représentatif de l’énergie. C’est lui qui a initié cela. Je vais finir l’interview en portant un toast à Yves Tanguy mais aussi à Tanguy qui travaille pour notre maison de disque en France, il fait tant pour nous. Double trouble (rires)! Santé ! L’interview est finie (rires).

Merci à Jaz Coleman pour m'avoir accueilli après le concert et avoir donné cette interview à presque 3h00 du matin. Merci à sa femme Brenda pour sa patience et un grand merci à Tanguy de Wagram pour avoir arrangé le tout.