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MASTODON

Entretien avec Brann Dailor (batterie)

10/12/06 - Zénith - Paris

 

Mastodon a très largement confirmé tous les espoirs qui étaient mis en lui avec la sortie de "Blood Mountain". Le passage parisien de Mastodon en décembre 2006 en ouverture de Tool était l'occasion parfaite de s'entretenir avec l'incroyable batteur Brann Dailor.

Après avoir fait le Unholy Alliance aux côtés de Slayer aux Etats-Unis, vous avez une nouvelle bonne opportunité avec cette tournée européenne en première partie de Tool. Peux tu m’en toucher un mot ?

Oh ça a été très bien ! Nous sommes pratiquement à la fin de la tournée. Elle se termine dans 7 jours. Il ne nous reste plus que 3 ou 4 concerts à jouer. C’est super tu sais, nous avons beaucoup appris en tournant avec eux. C’est sans aucun doute le groupe le plus sage du monde du rock. Cela a été une très bonne expérience, nous avons joués de bons concerts et ce sont des amis. C’est toujours mieux de tourner en Europe avec de bons amis. Ca t’aide concernant le détachement que tu ressens par rapport à ta maison. Le sentiment de solitude et l’éloignement. Le fait d’être assis dans une pièce et entendre tous les jours des gens parler dans un langage que tu ne comprends pas (rires). C’est agréable d’avoir autour de toi des mecs que tu connais depuis un moment et de pouvoir leur parler.

Comment le public de Tool réagis à la musique de Mastodon ?

Je pense que chaque soir la marmite bouillit doucement. Au début du concert les gens n’ont pas l’air du tout dedans. Arrivé au troisième titre il commence à y avoir de bonnes réactions dans la salle, puis à la fin de notre set tout le monde semble apprécier.

Je suppose qu’une tournée européenne en tête d’affiche se prépare pour 2007. Quand aura-t-elle lieu ?

Je ne suis pas sur. Sans doute vers mars/avril.

Sens tu une croissance chez Mastodon depuis que vous avez rejoint Warner ?

Oh oui assurément ! Je pense que nous avons triplé nos ventes habituelles avec le nouvel album. Encore plus particulièrement en Europe où nous avons du quadrupler notre ancien score.

Vous êtes nominés pour les prochains Grammy Awards. Quel effet ça fait ?

C’est un bon truc à dire à ta mère au téléphone (rires). C’est cool, mais je ne pense pas devoir être plus excité que ça.

« Blood Mountain » est selon moi l’album le plus abouti de votre jeune carrière. Aviez vous des buts à atteindre en entrant en studio ?

Nous nous sommes mutuellement poussés les uns les autres de façon assez naturelle. Toute la musique était déjà écrite au moment d’enregistrer en studio. Nous avons bossé tous les jours à la salle de répétition. Ecrire, jouer, discuter. Tout s’est assemblé de différentes façons. Au moment d’entrer en studio nous ne voulions pas utiliser trop de ruses. Nous voulions garder les compositions telles quelles. Ne pas inclure trop d’effets bizarres impossible à reproduire en concert. En studio nous avons vraiment essayé de recréer ce que nous avons fait pendant les répétitions. Pour cet album nous avons voulu travailler davantage sur les voix. Nous avons voulu améliorer cet aspect de notre musique par rapport aux anciens albums.

Il est clair qu’il y a une grosse évolution vocale entre « Remission » et « Blood Mountain »…

Ouais pour « Remission » les voix ont été vraiment bâclées. C’était du genre : tiens on a besoin de mettre du chant sur cette partie. Et là quelqu’un allait écrire vite fait des paroles et en 5 minutes tout était fait (rires). Bon je ne vais pas te mentir sur le nouvel album aussi nous avons fonctionner ainsi quelques fois (rires). Nous avons toujours eu un problème avec le chant. Nous sommes réellement des musiciens concentrés sur l’aspect instrumental de la musique. Nous ne sommes pas écrivains. Nous avons un bassiste/chanteur et un guitariste/chanteur mais la partie importante de ce qu’ils font est de jouer leurs instruments. Ils ont été plus ou moins forcés de devenir également chanteurs. Au tout début nous avions un chanteur mais il nous a quitté juste avant de partir en tournée. Il a donc fallu que nous fassions sans et c’est comme ça que Troy et Brent ont commencé à chanter. On a commencé à se sentir bien comme ça et nous ne pouvions plus imaginer d’introduire quelqu’un d’autre dans le groupe.

Cet album donne l’impression d’avoir été fait dans la décontraction. Comment s’est passé en réalité l’enregistrement ?

Oui nous étions décontractés car nous avions au préalable travailler dur en répétition. Ca nous a permis de perdre le moins de temps possible en studio. Niveau batterie, je savais exactement tout ce que je voulais faire. Nous avons surtout prêté attention à l’atmosphère et aux différents tempos à utiliser ici et là car nous avions simplement plus de temps pour travailler là dessus. Nous avions de l’air, il n’y avait pas de pression. C’était cool.

Vous repoussez toutes vos limites sur « Blood Mountain ». Est-ce venu de façon naturelle parce que vous jouez de mieux en mieux ensemble ou était ce une intention à la base ?

C’est juste venu comme ça. Tu te dois de connaître le jeu de tes partenaires et enregistrer un album est à chaque fois une nouvelle opportunité de proposer quelque chose de nouveau et de différent. Tu dois à chaque fois élever ta technique et ton talent au maximum.

Tu es en toute sincérité un de mes batteurs favoris actuellement. J’aimerai en connaître plus sur ton parcours musical et tes influences…

Merci ! Mon beau père jouait de la batterie lorsque j’étais petit. Mon oncle jouait également de la batterie. Je pense que ce sont mes 2 plus grosses influences. En général je ne prête pas tellement attention aux batteurs, mais beaucoup plus aux guitaristes. Je suppose que je me suis intéressé à la musique pour les mélodies et non pas pour le rythme. J’aime jouer de la batterie car je fais ça depuis que j’ai 4 ans et j’ai toujours aimé ça. J’ai essayé de devenir guitariste mais ça n’a jamais collé, j’ai fini par lâcher l’affaire.

C’est peut être ce qui donne ce côté unique à ton jeu. Tu essaie peut être de jouer la batterie comme une guitare…

Oui c’est ce que j’essaie de faire en quelque sorte. J’essaie toujours de mettre la batterie très en avant. J’ai joué avec beaucoup de guitaristes très techniques au jeu chargé. J’essayais de suivre leurs gammes avec ma batterie (rires). J’ai continué ainsi et j’ai sans doute développé mon style vers mes 14/15 ans, lorsque j’ai commencé à jouer dans des groupes et à réaliser que les filles aiment les musiciens (rires).

Il y a beaucoup d’invités prestigieux sur « Blood Mountain ». On retrouve Josh Homme (Queens Of The Stone Age, ex-Kyuss), Cedric Bixler Xavala (The Mars Volta, ex-At The Drive In) et Scott Kelly (Neurosis). Peux tu me raconter comment chaque collaboration a eu lieu ?

Scott est un de mes plus vieux amis dans le monde de la musique. Nous avons tourné en Europe avec Neurosis en 1999. Nous sommes toujours restés en contact régulier depuis et nous maintenons une relation proche. Neurosis est une de nos influences les plus évidentes. C’est très simple, nous l’avons appelé et nous lui avons dit : salut mec, nous avons une partie pour toi. Il nous a demandé de lui envoyer et il a chanté sa partie. Pour Josh, là encore c’est un ami. Nous avons joués quelques concerts avec lui. En fait il a rencontré quelqu’un de notre label dans un avion, qui lui a demandé si il connaissait Mastodon. Josh a répondu par l’affirmative et le mec du label lui a fait écouter quelques nouvelles chansons. Quand Josh a entendu Colony Of Birchmen il a absolument voulu chanter dessus. Il a appelé Brent et ils en ont parlé ensemble pendant un moment. Pour Cedric, nous avions rencontrés The Mars Volta il y a quelques années. Ils étaient venus nous voir jouer avec Slayer à Hollywood. Nous avons ensuite jouer un concert avec eux et avons maintenus le contact. Un soir alors que nous étions ivres, nous avons demandé à Cedric de chanter sur notre nouvel album et il a accepté. C’est aussi simple que ça. C’est juste des amis. En réalité les groupes qui font ça pour de vrai, la communauté d’artistes dans le monde musical est assez petite et tout le monde est ami. Du moins aux Etats-Unis.

Vous êtes toujours dans votre trip gros animaux mythologique. Allez vous garder ce gimmick ou est ce quelque chose que vous pouvez lâcher du jour au lendemain ?

Je ne sais pas (rires). Je ne sais pas non plus si c’est vraiment un gimmick ! Je pense que cet aspect reflète juste la part d’enfance qui est en nous. Nous restons des enfants au lieu de devenir déprimant. Je veux également aborder des choses sérieuses mais tout en conservant la mentalité du gamin fasciné par une multitude de monstres.

Mastodon joue réellement dans sa propre cour. Quels sont les groupes qui vous ont permis de créer votre son si unique ?

Neurosis, The Melvins et Thin Lizzy. Je pense que l’on se positionne quelque part entre ces 3 groupes. Nous avons d’autres influences comme les vieux albums de Genesis, Steve Wonder, Black Flag et les Dead Kennedys. Egalement quelques influences étranges comme la country que Brent apporte dans le groupe.

Y a-t-il un projet de DVD live ?

Oui j’aimerai bien. Je ne sais pas quand et où mais nous devrions probablement faire quelque chose durant la tournée de cet album.

Merci à Brann ainsi qu'à Amael de Warner.