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MACHINE HEAD

Entretien avec Robb Flynn (chant, guitare)

16/11/07 - Le Splendid - Lille

 

Machine Head est sur un nuage depuis la sortie de "The Blackening" en mars dernier. Allant bien au delà des espoirs générés par le retour en force du groupe en 2003 avec "Through The Ashes Of Empire", le succès artistique de "The Blackening" se traduit également par une popularité accrue. En cette fin d'année 2007, l'album collectionne les diverses récompenses et c'est un Robb Flynn décontracté qui nous parle de son dernier opus mais aussi des projets de 2008.

Salut Robb ! Machine Head vient sans doute de connaître une des meilleures années dans sa carrière. « The Blackening » connaît un large succès et il s’agit pourtant d’un album épique, sans concession et sans aucun potentiel commercial. Es tu surpris de ce succès ?

Oui car il s’agit d’un album metal monstrueux. Les paroles sont féroces et les rythmiques sont thrash. C’est incroyable que l’album rencontre autant de succès (rires). C’est génial. Nous sommes vraiment fiers même si c’est un peu étrange pour nous de rencontrer tant de succès maintenant alors qu’il s’agit de notre 6ème album. Le succès arrive alors que nous en sommes si loin dans notre carrière. Mais c’est génial, on se réveille chaque matin et le concert du jour est toujours complet.

Le seul point noir de l’année a sans doute été la censure que vous avez connue avec Disney. Peux-tu me raconter ce qu’il s’est passé ?

Toute cette histoire avec Disney est arrivée car il s’agit d’une compagnie très conservatrice et nous avons écrits en quelque sorte un album anti-conservateur. Avant même que l’album ne sorte, lorsque nous étions en train d’enregistrer, nous avons déjà imaginé qu’il pourrait y avoir une forte réaction en contrecoup. Nous en avons parlé en groupe. Mais nous sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agit de ce en quoi nous croyions et nous voulions parler de ça dans nos chansons. Peu importe qu’il y ait des contrecoups ou non, nous voulions dire ce que nous pensions car plus personne ne le dit. Mais honnêtement nous étions persuadés que toute personne essayant quelques censures que ce soit n’y arriverait pas. Tout simplement car nous sommes en 2007, nous vivons aux Etats-Unis et c’est un pays libre tu sais (rires). Mais Disney a réussi. Ils ont écouté l’album, ils se sont sentis offensés par les paroles et ils ont réussi à faire annuler 2 de nos concerts qui étaient programmés dans des salles House Of Blues leur appartenant. Heureusement que toutes les salles House Of Blues n’appartiennent pas à Disney. Ils ont réussi leur coup en faisant pression sur les promoteurs et en envoyant des menaces de licenciement aux gens qui bossent dans les salles concernées. Aucun promoteur ou aucun employé de salle n’allait risquer sa vie pour programmer un concert de Machine Head et c’est normal. Ces 2 concerts ont donc été annulés à cause de la pression de cette grosse corporation. C’est incroyable. Bienvenue dans l’Amérique des années 50 (rires) !

C’est cool de vous voir tourner avec Arch Enemy après la petite altercation par presse interposée que tu as eu avec Angela Gossow il y a quelques années. Avez-vous enterré la hache de guerre ?

Oui nous avons enterré la hache de guerre car nous avons toujours été fans du groupe. Ils sont super. Ce genre de choses arrive et tu dois passer outre. Il y a vraiment eu un désir de réconciliation car nous sommes vraiment fans de ce groupe.

Vous avez récemment filmé un clip pour le titre Now I Lay Thee Down. C’est la première fois qu’il y a une sorte de scénario dans un clip du groupe. Peux-tu me raconter l’idée derrière ce clip ?

L’histoire illustrant la chanson est en fait une tragédie à la Shakespeare. Un mec rencontre une fille. Le mec veut se suicider. Il demande à la fille de le tuer. La fille le tue et réalise ensuite qu’elle vient de perdre l’amour de sa vie. Elle décide ensuite de se donner la mort. Fin de l’histoire (rires) ! Ce n’est pas une fin heureuse et ce n’est pas une chanson joyeuse. C’est amusant car pour moi le refrain de ce titre est assez pop. J’adore ce refrain et cette mélodie mais j’ai eu envie de les saboter avec les paroles (rires). Il n’y a aucune chance que la chanson passe en radio car elle est trop déprimante (rires). Certaines personnes m’ont conseillé de trouver une bonne fin à l’histoire. Du genre la fille s’en sort etc. Mais moi j’étais du genre : hum, non ! Elle meurt, c’est tout (rires). Pour l’artwork de l’album nous avons utilisés de l’architecture victorienne et d’anciennes sculptures pour donner l’ambiance d’une ère ancienne. Nous avons voulu restituer cette ambiance dans un de nos clips. Notre batteur Dave a eu l’idée de filmer le clip dans le style du film Nosferatu avec cette teinte jaune et un peu crade. Nous avons utilisé un décor et des costumes victoriens. C’était cool de faire ça, c’était un défi pour nous de faire un clip différent de ceux des autres groupe de metal actuels.

Revenons un peu sur le contenu politique de « The Blackening ». Cet album est une critique claire de l’administration Bush. En France on parle beaucoup de Barrack Obama ou Hillary Clinton pour lui succéder en 2008. Quelle est ton opinion sur ces 2 individus ?

Je ne sais pas. Je n’en ai pas vu assez sur eux. En tout cas rien qui me donne envie de voter pour eux pour le moment. Nous sommes anti-conservateurs mais aussi anti-démocrates (rires). C’est la même merde. Avec chance les choses iront mieux avec le prochain président. On verra bien.

Aesthetics Of Hate parle évidemment de l’article insultant que The Iconoclast (ndlr : media conservateur) a publié au sujet de Dimebag Darrell peu après son assassinat. As-tu déjà joué ce titre en présence de son frère Vinnie Paul ou de sa petite amie Rita ?

Oui. Rita vient à beaucoup de concerts. C’est une grosse fan et une amie à nous. Vinnie nous a vu quelques fois comme lorsque nous avons joué à Dallas. Nous avons également été sur la même affiche qu’ Hell Yeah en festival.

Je suppose que ca doit être une expérience intense émotionnellement…

Oui c’est assez dur. C’est un titre qui parle de son frère et tu as envie qu’il le prenne de la bonne manière et qu’il comprenne d’où ça vient. Mais il a compris ce que l’on voulait dire.

Lorsque l’on regarde les crédits, il semble que tout le monde a collaboré à « The Blackening ». Dirais tu qu’il s’agit davantage d’un effort de groupe ?

Oui, mais je ne suis pas sur qu’il s’agisse davantage d’un effort de groupe. Dave a écrit beaucoup de choses sur « Through The Ashes Of Empire ». Mais c’est vrai que Phil a écrit plus de trucs sur « The Blackening ». Cela dit, je compose toujours la majorité des chansons. Adam a écrit quelques paroles et Phil y a contribué pour la première fois ce qui est plutôt cool.

« The Blackening » est de loin l’album le plus complexe du groupe. Y a-t-il des titres difficiles à jouer live ?

Pas ceux que nous jouons déjà en live. Ceux là nous les avons déjà bien assimilés. Mais il y en sur l’album que nous n’avons pas encore essayé en concert et qui sont trop durs à jouer pour le moment. Je pense plus particulièrement à Wolves car il y a un million de changements dans ce titre. Nous avons besoin de le répéter pendant au moins un mois avant de pouvoir le jouer en concert. Mais nous allons devoir le faire car j’aime ce titre et beaucoup de fans nous demandent de jouer l’intégralité de « The Blackening » en concert. Nous avons pris cette demande en compte et nous pensons le faire quand ça se sera le bon moment. Le moment n’est pas encore venu, mais ça va arriver sans aucun doute pendant la tournée de cet album. Lorsque nous jouerons plus longtemps. La tournée va être longue. Je pense que nous avons encore pleins de choses à accomplir. Il y a encore plein de gens qui n’ont pas écouté « The Blackening » et nous devons les atteindre. Il y a plein de gens qui ne connaissent pas ce qu’il y a en dehors de la bulle pop et nous devons tourner encore et encore pour venir à eux.

Je me souviens que tu parlais, au début de l’écriture de « The Blackening », d’un titre au nom provisoire de Godfather 4. Qu’est il devenu et y a-t-il beaucoup d’autres titres qui n’ont pas été retenus pour l’album ?

Oui il y a pas mal d’autres titres qui n’ont pas été retenus pour l’album, mais ils n’ont pas été retenus pour une raison (rires). « The Blackening » contient des titres de 9 minutes qui vont dans la bonne direction et Godfather 4 est un titre de 9 minutes qui va dans la mauvaise (rires). Lorsque tu travailles sur des chansons, tu dois en atteindre le paroxysme et construire autour. Il faut qu’à un moment ça fonctionne vraiment bien. Malheureusement ce titre n’a jamais réussi à atteindre ce niveau et du coup il en est même ennuyeux. Mais il y a de bons moments dedans, notamment cette partie qui a donné le nom Godfather 4. Elle est géniale, je voulais vraiment en faire quelque chose car elle tue. Mais le reste de la chanson n’était pas au niveau de l’album. Peut être qu’on utilisera cette partie pour le prochain.

Les setlists de Machine Head sont prévisibles en concert. Vous avez beaucoup de « hits » dont vous ne voulez pas vous débarrasser. Mais il y a pourtant dans votre répertoire beaucoup d’excellents titres oubliés en tournée. Je me souviens que vous avez joué Bay Of Pigs sur le Sounds Of The Underground en 2006. Y a-t-il d’autres raretés que tu aimerais jouer à l’avenir ?

On en parle en ce moment. Ca parait difficile sur cette tournée (ndlr : The Black Crusade) car nous sommes en co-tête d’affiche avec Trivium et nous ne jouons qu’une heure. Nous n’avons pas répété d’autres chansons pour cette tournée. Mais lorsque nous serons réellement en tête d’affiche je pense que nous allons jouer quelques raretés. J’adorerai jouer « The Blackening » dans son intégralité. J’adorerai jouer Blood Of The Zodiac, Spine ou bien encore Down To None. J’aimerai rejouer Exhale The Vile, Trephination ou Supercharger. Egalement Only The Names de l’album « Supercharger ». Ce genre de titres oubliés qui figurent pourtant parmi les favoris des fans. J’aimerai rejouer Silver de « The Burning Red ». Je ne sais plus si nous avons déjà essayé Down To None. Je crois que oui. Par contre nous n’avons jamais joué Spine et Blood Of The Zodiac en concert. Nous avons joué seulement 2 fois Blistering en concert et c’était géant. On a aussi essayé Devil WithThe King’s Card à plusieurs reprises, c’était pas mal. Il faudrait qu’on fasse un peu plus tourner le set à l’avenir.

Qu’en est-il de vos concerts de reprise sous le nom de Ten Ton Hammer ? Ca fait un moment que vous n’en avez pas fait…

Je sais. Parles-en à Dave. C’est lui qui ne veut plus en faire. Dave veut être sérieux maintenant (rires). J’adorerai en refaire, c’était énorme à chaque fois mais Dave ne veut plus.

Machine Head sortait il y a 10 ans « The More Things Change ». J’ai toujours trouvé que cet album sombre sonne de façon morbide et maladive alors qu’aujourd’hui tu sembles plein d’assurance. As-tu réussi à vaincre tes démons de l’époque ?

Je dirai que nous étions en train de lutter avec notre célébrité à l’époque. C’est arrivé si rapidement. Aujourd’hui j’ai un peu le même état d’esprit qu’à l’époque de « Burn My Eyes ». Pendant « The More Things Change » j’avais des pulsions autodestructrices. J’étais devenu boulimique. J’ai toujours eu des problèmes de poids et j’en ai toujours été conscient mais pendant cette période je me forçais à boire tous les jours. Si cet album sonne de façon maladive pour toi, c’est assez normal car d’une certaine manière j’étais malade pendant que je le faisais. J’étais également plein de colère sur cet album et ça s’entend aussi. Mais il y a la célébrité qui m’a aussi déboussolé. Tout d’un coup tu deviens une personne médiatique et tu essaies de rester toi-même. Le problème est que tu ne te souviens même plus de qui tu étais avant car ta vie n’est plus jamais la même. Tout d’un coup ta vie devient un aquarium. Tu ouvres à peine la porte de ton bus et il y a des étrangers qui veulent te rencontrer et qui veulent des autographes et des photos. C’est à la fois pénible et agréable lorsque tu y repenses ensuite. Il faut juste trouver son équilibre la dedans. Bien séparer les choses. Nous venons tous de familles instables et décomposées et je pense que ça nous aide d’une certaine manière, car la vie en tournée est instable. Mais lorsque tu repenses à la vie que tu avais avant tout cela, cette vie n’existe plus et tu dois t’y faire .