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MUDVAYNE

Entretien avec Ryan Martinie (Basse)

08/06/05 - Café De La Musique - Paris

 

Fort d'un énorme succès aux outre Atlantique avec leur nouvel album "Lost And Found" (entré à la seconde place du Billboard), les 4 musiciens de Peoria reviennent en Europe après une mini tournée donnée 3 mois plus tôt. L'ocassion de parler avec le très mystérieux (voir peu coopératif !) Ryan Martinie.

Salut Ryan, tout d’abord peux tu expliquer à mes lecteurs le sens du titre de l’album « Lost And Found » qui est plutôt contradictoire ?

Cela renvoi à plusieurs choses que nous avons traversé avec le groupe. Mais nous prions plutôt les fans de se faire eux même une idée de la chose. Je pense qu’il vaut mieux demander au public ce que cela signifie pour eux. Je pense que c’est plus important, ça ne compte pas vraiment ce que je pense de ce titre. Ce qui compte c’est de quelle façon cela touche les gens. Toi tu l’interprète comment ce titre ?

Euh, je pense que vous avez trouvé votre style avec cet album et que vous vous cherchiez un peu sur le précédant…

Ok, c’est ton opinion, mais ça me va, ça n’engage que toi, mais c’est bon pour moi, je le prend (rires).

Bien que cet album soit encore une fois très technique, il a cartonné aux Etats-Unis en rentrant directement à la seconde place du Billboard, comment expliques tu cela ?

Je ne peux pas l’expliquer. La musique pour moi c’est un organisme vivant qui nous dépasse toi et moi. Je ne peux pas savoir si quelque chose peut être assurément commercial ou pas. Le seul truc qui m’intéresse, c’est la création du son que nous faisons en tant que Mudvayne. Nous faisons la musique que nous aimons sans contrainte. Je pense que dans un sens c’est assez égoïste mais il nous appartient de faire ce que nous voulons.

Ok, vous avez choisi Dave Fortman cette fois en tant que producteur, je trouve que ce nouvel album sonne bien mieux que son prédécesseur…

Il sonne mieux ou différemment ?

Mieux et différemment selon moi, es tu satisfait avec du recul du travail de David Botrill sur « The End Of All Things To Come » ?

Oh oui, absolument. Chaque album est très différent et réclame son propre espace. Le premier album avait besoin de nous présenter et d’être très technique. Mais cet aspect technique entraîne aussi le fait que tu joues moins en groupe en quelque sorte. Après nous avons grandi et nous avons voulu prouver que nous pouvions jouer plus en groupe. L’évolution du metal a fait que nous sommes passés d’un groupe plutôt dur à une bande de gentlemen. Regarde tous les groupes de black metal Européen comme Emperor par exemple, ils nous rendent soft maintenant ! Y a dix ans nous n’étions pas soft du tout, mais eux sont très lourds ! Euh tu peux me rappeler la question de départ déjà ? (Rires)

Je voulais savoir si tu étais heureux du travail de Botrill sur votre second album, car en fait je n’aime pas trop ce qu’il a fait…

Si je suis heureux avec son travail ? Oui absolument, le premier album se devait d’être plus dur et le second devait être plus ambiant et spécial et David était le gars pour ça. On peut aimer ou pas la façon dont cela sonne, mais nous avons obtenu exactement ce que nous voulions, nous ne voulions pas faire quelque chose de figé dans son époque et nous voulions travailler avec David. Ca a été une très bonne expérience pour nous, une expérience spéciale, David est un mec génial, très communicant. Pour Dave Fortman, nous l’avons choisi car nous avions besoin de quelque chose qui sonne de façon plus sonique, l’album réclamait cela contrairement à l’aspect plus lisse du second album, il y a beaucoup plus de production sur le second album. Je ne pense pas qu’un de nos producteurs soient meilleur que l’autre, je pense juste qu’ils sont différents, je n’ai pas envie d’avoir à choisir un seul producteur, j’ai envie d’en essayer d’autres et d’aller de l’avant. Les 3 producteurs que nous avons eus sont bons, ils sont tous des types adorables, techniquement corrects. C’est comme travailler avec n’importe quel artiste, à partir du moment ou tu choisis un producteur, tu vas faire de l’art avec lui. Chaque action entraîne une réaction. Donc chacun de ses producteurs a entraîner certains changements dans notre musique, et ils sont tous bons.

Il y a une chanson très épique sur ce nouvel album, elle s’intitule Choices, de quoi parle-t-elle ?

Encore une fois je vais te prier de te poser la question toi-même. Je peux te dire ce que la chanson signifie pour moi, mais je n’en ai pas besoin. Tu sais, ce que la chanson signifie pour moi peut être très différent de ce qu’elle signifie pour quelqu’un d’autre.

Et pour les fans français qui ne comprennent pas un mot d’anglais, tu ne voudrais pas leur donner le sens de la chanson non plus ?

(Rires) ok je vois, tu veux me coincer. Et bien dans ce cas va voir les labels, dis leur d’imprimer les paroles de nos albums en Français, point barre (rires).

Vous avez joué à la Boule Noire de Paris il y a à peine 3 mois comment était-ce ?

Tu veux vraiment une réponse honnête ? Je ne m’en souviens pas (rires). En réalité, je me souviens avoir rencontré des fans après le concert, mais je ne me souviens pas du concert en lui-même. Lorsque tu joues 240 concerts par an, tu oublies forcement la plupart des shows, comment tu as joué, les chansons que tu as joué. Je ne séparerai même pas un show d’un autre car tous les shows sont d’un certain côté quelque part les mêmes et en même temps différents (rires). Je pense que c’est plus l’ambiance crée par le public qui va rendre un concert meilleur qu’un autre. Pas vraiment le groupe ou la façon dont il joue. C’est à propos des impressions du public, de leur investissement, de leurs émotions. Si ils sont captivés ou si ils sont ennuyés, fatigués et prêt à rentrer à la maison. Je pense que d’une manière globale nos fans sont très généreux et qu’ils aiment beaucoup l’espace et le temps qu’ils partagent avec nous. Concernant le show de Paris je peux affirmer avec grande confiance que c’était probablement un bon moment (rires).

Est-ce que cela t’ennuie maintenant que vous êtes dans une réelle tournée de jouer dans un Trabendo même pas rempli ce soir ? Car lors de la dernière tournée vous aviez fait un Elysée Montmartre presque plein…

Non pas du tout. Les ventes de billets, c’est aussi simple que cela. Si nous avions vendu suffisamment de billets, nous aurions joué dans un endroit plus grand. Ca serait stupide pour nous d’aller à tout prix dans de plus grandes salles si c’est pour vendre uniquement la moitié des tickets. Je pense que les gens ont une perception du groupe qui n’est pas bonne. D’une certaine façon, nous ne sommes pas un gros groupe et plus spécialement en Europe et encore plus spécialement en France. Ici le label commence à peine à montrer un peu d’appui avec ce nouvel album. Le temps que l’on a passer ici à rencontrer nos fans à chaque fois, je suis sur qu’ils savent après nous avoir rencontrer que nous sommes des gens vrais. Si l’on se montre plus souvent ici, avec chance plus de gens seront intéressé par ce que nous faisons.

Tu parles justement du buzz généré par les concerts, à chaque fois avec mudvayne que vous venez faire les festivals, vous en faite très peu, seulement les plus gros comme le Download et le Rock Am Ring, pourquoi ?

Agence de réservation, point barre. En fonction de notre temps disponible également. Les agences nous mettent sur le plus de festivals possibles avec la plus grande exposition possible sur le petit laps de temps que nous avons. Car notre plus gros marché est l’Amérique Du Nord, et nous devons donc passer le plus de temps là bas pour défendre notre album afin de pouvoir continuer à en faire d’autres. Si les ventes décollent plus en Europe, nous passerons plus de temps en Europe.

Comment s’est passée la tournée Américaine, je suppose que la mort de Bryan Ottoson (ndlr : guitariste d’American Head Charge, retrouvé mort pendant la tournée) a du ternir quelque peu l’ambiance de la tournée ?

Je pense que la mort et la vie sont liées. Si tu acceptes la vie, tu dois accepter la mort. Et dire cela ne diminue en rien la valeur de la vie de quelqu’un. Je ne dirai pas qu’il n’y a pas eu d’effets sur l’ambiance de la tournée, puisqu’il y en a eu. Mais tout le monde a eu besoin de son petit moment dans la matinée pour penser à ses émotions, puis après la tournée quand tu rentres chez toi, tu peux repenser à tout cela et te guérir, c’est une partie de la vie. Tu dois faire face à ça que cela soit vrai ou non, et c’est vrai. American Head Charge a fait face à ça, ils sont de retour sur la route. La tournée proposait une belle affiche (ndlr : Mudvayne, Life Of Agony, American Head Charge et Bloodsimple), ça a été une belle tournée et tout le monde a été content de cela. En fait ça n’a pas été une mauvaise tournée, cela a été un bon divertissement pour tout le monde, c’est juste quelque chose qui s’est passé malheureusement.

Sur une note plus gaie, quel souvenir gardes tu du Summer Sanitarium en compagnie de Metallica en 2003 ?

(Après s’être fait interpeller par son batteur Matt qui voulait lui montrer une jolie fille habillée en jaune qui passait par là) euh excuse moi quoi ? Ah oui la tournée avec Metallica. Je me rappelle de quelques trucs comme James Hetfield qui vient dans notre loge. Il rentre dans la pièce et il fait : Salut les gars, comment allez vous ? C’est un mec bien, avec une présence très puissante, il est lui-même, il est très James Hetfield ! C’était super de le rencontrer et de passer quelques minutes avec lui. En réalité à ce moment là je venais de recevoir une nouvelle basse et lui il me fait : vas y joue ! Je lui répond : non, non, je n’ai pas trop envie. Il insiste : si tu vas jouer ! Du coup je me suis exécuté et j’ai joué 2,3 trucs sur ma basse. J’ai aussi un peu parlé avec Lars, ce sont des mecs bien ils sont là depuis longtemps, ont influencés tant de monde, mais ce sont des gens vrais avec de vrais vies. Une très bonne opportunité pour nous en tout cas cette tournée.

D’ailleurs pourquoi avoir choisi de mettre des chansons de cette tournée sur votre second DVD ? Car on vous voit jouer de jour devant un public très clairsemé. Une date en tête d’affiche devant votre public aurait été plus judicieuse…

Oui, tu sais ce DVD a été accompli par la maison de disque. Il voulait un produit, alors nous leur avons dit : ok, ça nous va, mettez des trucs live de cette tournée. C’est simplement comme cela que ça s’est passé. Ce DVD est très différent du premier en même temps ce qui est cool ça peut permettre aux fans de faire leur choix.

Allez vous sortir de nouveaux bootlegs via votre site Internet ?

Je n’en sais rien.

Et es tu intéressé par le fait de sortir un vrai live ?

Non.

Tu préfères l’aspect studio de la musique de Mudvayne ?

Tu sais, chaque aspect a ses avantages. Un album live va avoir un feeling plus vivant. L’enregistrement d’albums studio est passionnant car tu peux voir l’évolution des technologies au fil des années, changer ta manière de travailler. Nous sommes très branchés par l’aspect matériel et technique de l’enregistrement. Tu peux utiliser certains outils à ton avantage en studio et nous aimons utiliser ces outils. C’est une exploration de notre métier. Faire un live, c’est beaucoup plus simple que cela. Et ce n’est pas une priorité pour nous.

J’aimerai bien connaître les influences principales du groupe et plus particulièrement quel a été ton parcours musical quand tu étais plus jeune ?

(L’air ennuyé) tu sais ce n’est pas très important tout ça.

Ben disons que tu es un bassiste assez hors norme avec un style très particulier, surtout pour un bassiste metal, j’aimerai bien connaître un peu l’origine de ton jeu…

Cette question n’est pas très intéressante, mais je suppose que ça intéresse les fans. Bon je pense qu’il serait faux de dire que nous ne sommes pas influencé par les choses auxquelles nous sommes exposés. Tout le sens de la vie tient à l’exposition. La vie se résume à l’exposition et à la mémoire. Tout au long de ta vie tu es donc exposé à différente chose : ta famille, les livres, l’interaction sociale, les différentes cultures. Le résultat se voit ensuite dans le groupe avec les 4 perspectives différentes de chacun de nous. Un groupe c’est une combinaison de nos expériences regroupées. Donc dire que j’ai été influencé par tel groupe, livre ou artiste ne serait pas très complet pour définir les influences du groupe. On ne peut pas dire que je sois tant influencé que ça par un artiste en particulier, il y en a trop. Je pense que ce qui compte le plus c’est la façon dont tu as grandi, dans quelle religion tu as grandi, je pense qu’il y a énormément d’influences plus puissantes et profondes que la musique que tu as l’habitude d’écouter.

En tant que bassiste tu ne veux pas me parler un peu plus de ton apprentissage ?

Non pas vraiment. Je suis une réflexion de toutes les choses que j’ai traversé.

Je ne sais pas, on sent par exemple très bien que tu as eu une approche sur beaucoup de style et pas seulement le metal…

Evidemment, je n’écoute qu’un seul type de musique. La musique vraie, celle qui touche mon esprit, mon cœur. Il n’y a absolument aucune raison que j’écoute uniquement du metal. Tout ce qui me touche est bon, du rock à la country, en passant par le heavy metal et le jazz.

Tu n’as pas d’icônes particuliers à la basse comme Jaco Pastorius par exemple pour citer une référence ?

Oh si bien sur, il y en a tellement. Beaucoup m’ont influencés dans ma jeunesse. Mais aujourd’hui plus tellement. Je suis plus influencé par les autres membres de mon groupe à la limite. L’aspect technique de l’instrument ne m’intéresse pas plus que ça, jouer vraiment en groupe est bien plus difficile et intéressant. Cela demande une réelle relation avec les autres et d’y faire attention. Il y a plusieurs éléments à respecter. La basse c’est comme une glue. Elle contient tous les éléments rythmiques et mélodiques. Elle peut être chaque élément primordial d’un groupe et son rôle est avant tout de transmettre les informations et de lier toutes les pièces du puzzle. C’est l’importance de cet instrument, bien écouter les autres, combiner les éléments et servir les chansons. Il y a quelque chose d’égoïste dans le fait d’écrire des chansons pour toi, c’est bien mais c’est également égoïste. Nous sommes à l’opposé de ça maintenant, nous essayons de faire les chansons telles qu’elles ont besoin d’être. Alors oui mon style est peut être unique comme tu l’as sous entendu avec une approche différente, mais c’est grâce à mes frères dans le groupe, car je suis une réflexion d’eux même.

Et as-tu conscience que Mudvayne influence aujourd’hui des groupes très établis comme Dream Theater par exemple ?

Non, je ne lis pas les magazines car ça ne m’intéresse pas. Par contre j’ai écouté Dream Theater pendant beaucoup d’années, je les respecte et j’apprécie ce qu’ils font. Je pense qu’il y a beaucoup de respect mutuel, nous formons une famille d’artiste dans un tout petit monde. Il y a pleins d’artistes que nous respectons et qui nous influencent, et nous les influençons aussi du même coup par l’exposition qu’ils ont sur notre musique. Je suis également exposé à leur musique je suis donc influencé par eux. Ce n’est certainement pas la chose à laquelle tu penses tous les jours, mais c’est toujours là. Je prend cela comme un privilège, le fait de pouvoir influencer les gens, c’est dingue. Particulièrement si l’on prend le groupe technique et incroyablement performant en écriture qu’est Dream Theater. Ils sont bien au dessus du lot.

Merci à Ryan, Marion Thomassin de Sony et Chad Olech le tour manager de Mudvayne.