SPOCK'S BEARD Entretien avec Nick D'Virgilio (chant, batterie, guitare, claviers) 15/05/07 - Locomotive - Paris

Mieux vaut tard que jamais ! Le 9ème album éponyme de la barbe de Spock est sorti en novembre dernier et il aura fallu attendre 6 mois avant de voir le groupe partir en tournée pour le défendre. L'occasion de parler enfin de ce nouvel album en compagnie du sympathique musicien multicasquette Nick D'virgilio.

Salut Nick ! Tout d’abord te souviens tu de votre dernier concert à Paris dans cette même salle de la Locomotive à un horaire plutôt inhabituel (ndlr : le groupe avait du jouer en tout début d’après midi) ?

Ouais je me souviens et en réalité j’ai trouvé ça marrant. Nous n’étions pas au courant de la situation. Nous avons du l’apprendre la veille. Lorsque qu’ils nous ont dit qu’on allait devoir jouer très tôt, ma seule inquiétude était de trouver une salle vide. J’avais peur que l’information ne passe pas et que les gens ne soient pas là. Mais au final le public a été fantastique. C’était amusant et je ne regrette pas de l’avoir fait. Notre tourbus était prêt à repartir à 17h00.

Pourquoi avoir simplement intitulé votre nouvel album « Spock’s Beard » ?

Aucune raison évidente. Nous n’avions pas encore d’album éponyme, même pas notre premier. Nous pensions juste que c’était un truc cool à faire. La plupart de mes groupes favoris ont un album éponyme dans leur discographie. On a essayé de se la jouer plus classe cette fois ci. Nommer simplement notre nouvel album « Spock’s Beard » ça fait comme une genre de déclaration !

Mais pourquoi maintenant ?

Juste parce que nous ne l’avons jamais fait avant !

Vous êtes toujours dans un élan rapide. Il n’y a en général qu’un an et demi qui sépare vos derniers albums. Combien de temps avez-vous mis pour faire celui-ci ?

Ca a pris un bon moment en fait. Nous composons tout le temps. Chacun compose dans son coin et ensuite nous rassemblons nos idées en tant que groupe. Cela a du nous prendre 4 ou 5 mois. Nous sommes rentrés en studio en février et nous avons fini l’album autour de septembre. Mais nous n’étions pas au studio tous les jours, il y avait certains trous dans notre emploi du temps. En réalité ça a été plus long que d’habitude.

Pourquoi défendre cet album si tardivement sur scène ? Il est quand même sorti en novembre dernier…

Ouais, je ne sais pas pourquoi. Nous aurions aimé commencer la tournée à ce moment là mais il y a eu quelques snafu (ndlr : acronyme de « Situation Normal: All Fucked Up », expression signifiant qu’une situation est chaotique) avec notre maison de disque. Je ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Nous voulions commencer la tournée fin 2006 mais la tournée actuelle constitue les premières dates qu’on nous a données. Nous allons peut être revenir dans moins d'un an.

Cet album part dans beaucoup de directions différentes et demeure sans aucun doute un des plus variés de Spock’s Beard. Etait ce quelque chose de délibéré ou bien était ce naturel ?

Je dirai 50/50. Nous avons mis tout ce que nous avions dans la marmite. Parfois nous faisons des éditions limitées avec un CD bonus. Cette fois, nous avons préféré tout mettre sur l’album. Le tout est donc assez long et nous ne referons pas ça la prochaine fois. Le prochain album sera probablement plus court, plus concis et moins varié. Mais cette fois ci, nous avons voulu nous servir de tous les morceaux. Tout le monde a contribué massivement à l’album et nous avons pensé que ça serait une bonne idée de tout utiliser. Comme ça les fans peuvent avoir tout ce que l’on a écrit pour cet album. La prochaine fois ça sera probablement un album plus direct, enfin j’en sais rien, on verra !

Vous avez commencé à écrire le prochain ?

Pas moi. Enfin nous composons tout le temps, mais personnellement je n’ai pas encore pensé au prochain album.

Comme tu l’as souligné, tout le monde contribue aujourd’hui à la composition et j’ai également remarqué dans les crédits 2 noms qui me sont inconnus : Stan Ausmus et John Boegehold. Qui sont ils ?

John Boegehold est un ami de longue date d’Alan, Neal et Dave. C’est un compositeur basé à Los Angeles. Il fait pas mal de musique pour la télévision par exemple. Stan Ausmus a fait parti de mon tout premier groupe lorsque j’avais 15 ans. Nous sommes restés amis depuis. Ces 2 mecs viennent parfois jammer avec nous et leurs idées sont bonnes et elles collent à ce que nous faisons. Nous construisons des chansons avec eux. Dave et John s’échangent pas mal d’idées par Internet. Ce sont des fondus de prog comme nous. Ils contribuent à l’écriture et en quelque sorte ils sont les 6ème et 7ème membres de Spock’s Beard. Ils ont également contribué à « Octane » et « Feel Euphoria ». John écrit également certaines paroles.

Vous utilisez également depuis « Octane » un orchestre. Peux tu m’en dire plus ?

Il y a le Section Quartet, qui est un orchestre à cordes de Los Angeles. Ils sont connus là bas pour jouer sur des albums de rock. Ils ont joué sur des tonnes d’album en tant que musicien de session et ils se sont fait un nom comme ça. Ils ont également leurs propres albums où ils jouent du rock n’roll en quartet. Ils ont repris entièrement le premier album de Led Zeppelin et le premier album de Pink Floyd. Je crois aussi qu’ils ont du reprendre un album de Metallica. Juste avec des instruments à cordes. Ils sont géniaux. Ce ne sont pas seulement de très bons musiciens, l’avantage est aussi qu’ils sont moins classiques que les autres. Souvent lorsqu’un orchestre joue sur un album de rock, ça fonctionne mal car l’orchestre ne sent pas le truc. Le rendu est souvent rigide du coup. Le feeling entre le rock n’roll et la musique classique est assez différent. Ils le comprennent bien et ils sont rapides. Je pense qu’ils ont du enregistrer toutes leurs parties en seulement 2 heures. Ils sont fantastiques.

Comme souvent il y a une pièce épique dans cet album. En l’occurrence As Far As The Mind Can See. Peux tu me raconter l’histoire de ce titre ?

Malheureusement la réponse est ennuyeuse car il n’y a pas vraiment d’histoire derrière ce titre. Logiquement il y en a toujours une mais pas cette fois. John Boegehold a beaucoup contribué aux paroles de ce titre. Nous avons voulu que l’auditeur se fasse sa propre histoire en écoutant le morceau car les paroles sont très abstraites. Elles ne signifient pas grand-chose mais si tu écoutes du début à la fin, tu peux t’imaginer ta propre histoire. Contrairement à l’album précédent. Sur « Octane », A Flash Before My Eyes racontait une histoire précise. Celle ci est vague.

Ce titre est d’ailleurs un des plus frais de cet album avec With Your Kiss ou Rearranged…

With Your Kiss est un de mes morceaux. C’est un titre un peu maniaque. J’ai été marié pendant longtemps à la même personne. Je ne sais pas si tu es marié où si tu as une petite amie depuis longtemps mais les filles peuvent te rendre dingue à un certain moment. Et plus elles te rendent dingues, plus tu t’enfonces dans cette situation (rires). En gros ce titre parle de ça.

Une des autres nouveautés de cet album est qu’Alan Morse est le chanteur principal sur Sometimes They Stay, Sometimes They Go. Est-ce qu’avoir d’autres membres du groupe en tant que chanteurs principaux est quelque chose que vous voulez creuser à l’avenir ?

C’est la première fois qu’il s’occupe de la ligne de chant principale sur un titre entier. Je trouve ça super. Il chante très bien sur ce morceau. J’adore ce titre. Il est sexy, lent et rock n’roll. Ca a donné un truc super. Ca n’était pas prévu mais Alan a commencé a chanté sur ce titre en studio. On l’a encouragé à continuer. Tout le monde est capable de chanter dans Spock’s Beard et je n’ai rien contre. Je serai mal placé d’ailleurs (rires).

Depuis quelques années je suppose que tu te concentres principalement sur ton chant. Mais accordes tu toujours une place importante à la batterie ?

J’essaie de me concentrer sur tous les instruments que je joue. Je joue sans aucun doute toujours beaucoup de batterie. Je joue également beaucoup de guitare et j’essaie d’étudier le plus d’instruments possibles. J’essaie de m’améliorer constamment et je ne compte pas négliger la batterie.

J’ai pu remarquer lors des balances que tu joues également du clavier maintenant…

Ouais. Je joue quelques parties. Rien de très difficile mais ça permet de libérer un peu Ryo. Il y a trop de parties de clavier dans Spock’s Beard et c’est difficile pour lui de tout jouer.

Comment comparerais tu à la batterie le style de Jimmy Keegan et le tiens ?

Très similaires et différents en même temps. Nous avons les mêmes goûts. Nous avons écouté les mêmes batteurs en grandissant. Nous avons beaucoup d’influences communes. Nos jeux se ressemblent beaucoup en fait. Je pense qu’il convient parfaitement au groupe en tournée.

A-t-il pu contribuer à l’album cette fois ci ?

Non, je suis toujours un peu égoïste et j’aime me charger entièrement de la batterie. Il joue avec nous uniquement pour les tournées. Mais c’est un musicien talentueux qui a de bonnes idées et nous écoutons ses opinions.

Peu de gens le savent mais tu as joué avec beaucoup d’artistes très connus. Y a-t-il des expériences que tu as préférées ?

Enregistrer avec Peter Gabriel a été quelque chose d’incroyable pour moi. Pareil pour Genesis. Je n’aurai jamais imaginé enregistrer quelque chose avec eux. Je joue sur « Calling All Stations ». Avec Peter Gabriel, il s’agissait d’une session studio. C’était pour un album tribute. J’ai grandi avec ces gars là, ils font partis de mes musiciens favoris et je ne m’attendais pas à bosser avec eux un jour. Phil Collins a été batteur de Genesis et avoir mon nom sur un de leurs albums est quelque chose de toujours étrange pour moi. C’est incroyable. J’étais également un gros fan de Tears For Fears en grandissant et je vais faire leur prochaine tournée européenne cet été. Je pense qu’il y a un concert à Paris en juin d’ailleurs. J’adore jouer avec des groupes dont je suis fan. C’est assez cool.

Je sais que tu as maintenant un studio chez toi. Je suppose que cela va te permettre de bosser sur ton prochain album solo…

Oui. C’est en projet.

Quelle va être l’actualité de Spock’s Beard dans les prochains mois ?

Je ne sais pas vraiment pour être honnête avec toi. Nous allons sans aucun doute commencer à écrire de nouveaux titres dans un futur proche. En ce qui me concerne, je me concentre sur cette tournée et sur ce nouvel album et ensuite je vais faire le vide de tout ça dans ma tête. Puis on recommencera le processus avec le prochain album. Sinon nous allons filmer un DVD en Hollande à la fin de la tournée. Donc nous allons avoir un nouveau DVD live. Je ne sais pas quand il sortira, peut être à la fin de l’année. Ca m’enthousiasme car ça fait longtemps que l’on veut en refaire un. Celui-ci sera beaucoup mieux fait. Il y aura beaucoup de caméras et j’espère qu’il sera bien enregistré avec un meilleur son que d’habitude. Il y aura également un DVD bonus avec des séquences un peu folles. Ca va faire un bon ensemble.

Merci à Nick D'Virgilio ainsi qu'à Roger de Replica Records et Andreas Platte.