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OCEANSIZE

Entretien avec Mike Vennart (chant, guitare)

03/12/05 - Loges de l'Hof Ter Lo - Anvers

 

Oceansize a eu une grosse rentrée. Un nouvel album "Everyone Into Position", dans les bacs fin septembre, une tournée qui a suivi, et sans pause une nouvelle tournée en première partie des excellents Porcupine Tree. C'est à la fin de ce processus sur l'avant dernier concert du groupe avant un break pour les fêtes que Mike Vennart, usé (cf.photo) et quelque peu dans le vague, a accepté de parler des projets du groupe et de son actualité immédiate. Visiblement quelque chose va changer dans Oceansize prochainement, mais seul le temps nous le dira.

Salut Mike, vous êtes arrivés à l’avant dernière date de cette tournée en première partie de Porcupine Tree, comment cela s’est déroulé, avez-vous gagné des fans ?

Ouais, ça se passe bien, c’est certainement la meilleure tournée de première partie que nous ayons eu même si évidemment l’audience n’est pas très réceptive parfois. Ils ne veulent pas te laisser le temps, ils veulent que tu te tires de scène. Mais étant donné que beaucoup de dates ont affiché complet, nous avons certainement du convertir pas mal de gens à notre musique.

En tout cas sur le concert parisien, le public était très calme pendant votre prestation…

Ouais, mais j’aime bien ça aussi parfois. Je ne me sens pas tout à fait à mon aise lorsque j’entends en permanence des murmures et du bruit provenant du public. Si le public est calme, cela veut sûrement dire qu’il écoute au moins.

Après cette tournée, quels seront vos projets de tournée 

Après notre break de Noël, nous allons tourner aux Etats-Unis probablement en tant que première partie d’un autre groupe, vers février/mars.

Vous semblez rencontrer certains problèmes techniques pendant vos concerts. C’est arrivé les 2 dernières fois que vous avez joué à Paris par exemple. Est-ce que cela arrive sur une base régulière ou est ce juste une coïncidence ?

Non cela n’arrive pas énormément mais pour être honnête une bonne partie de notre équipement est assez primitive. Si nous pouvions nous le permettre nous réglerions ces petits problèmes. La dernière fois que nous avons joué à Paris, en toute sincérité, cela n’était pas de notre faute, ce n’est pas une partie de notre équipement qui est morte, mais quelque chose sur la table de mixage de la salle. C’est un cauchemar lorsque cela arrive. Nous faisons cette tournée, sans roadie, sans technicien guitare, sans ingénieur du son, sans tour manager, sans conducteur, nous faisons tout nous même. Donc le premier soir de cette tournée (ndlr : à Paris) était un test, mais cela s’est mal passé, c’était vraiment la panique.

Cela dit ne t’inquiète pas, votre premier concert parisien à la Boule Noire était super…

Ouais, c’était bien, une bonne tournée, la première fois que nous rencontrions les gars de McLusky, une expérience très étrange (rires). Des mecs amusants. Paris a toujours été bon pour nous, nous avons fait un concert complet au Nouveau Casino, ce qui est assez incroyable pour nous. Nous avons eu également des problèmes ce soir là, car nous n’avions pas notre ingénieur du son encore une fois, le son devait être mauvais, j’espère que les gens auront encore envie de venir la prochaine fois.

Sur scène, Jon lâche sa basse sur certains morceaux pour aller derrière un ordinateur, mais j’ai remarqué que l’on entend toujours des lignes de basse en même temps, utilisez vous des boucles lorsqu’il se met derrière l’ordinateur et que fait-il concrètement derrière ce PC ?

Il utilise un clavier contrôleur midi, sur lequel il affecte un plug-in à chacune des touches. Il peut par exemple avoir une boucle de ma voix sur l’ordinateur, l’assigner sur une touche de son clavier et faire des trucs un peu fous avec les effets, en modifiant ma voix avec beaucoup d’échos et de delay. Pendant qu’il fait ce genre de choses, il ne peut évidemment pas jouer de la basse, nous recourons donc à des parties de basse séquencées, ce qui lui permet de pouvoir faire des trucs fous spontanément et de lancer des break-beats ainsi que d’autres sons. C’est un truc assez nouveau chez nous.

Quelles sont pour le moment les villes qui sont les plus réceptives à Oceansize ?

Oh je ne sais pas trop. La Suisse a été incroyable, nous n’avions jamais été là bas auparavant et ils ont eu une réaction chaleureuse. Pour être honnête sur cette tournée c’est un peu étrange car nous avons été dans tous ces différents pays, mais il n’y a pas de réelles fenêtres dans notre bus, tu ne sais jamais vraiment où tu te trouves, tu ne le sais que lorsque tu rentres dans la salle, et une fois à l’intérieur tu te retrouves dans des loges qui se ressemblent toutes finalement. Ensuite tu joues pour un public qui est finalement toujours plus ou moins le même tous les soirs. Bien que ce que je dis sonne de façon négative, je ne m’ennuie pas pour autant en tournée car tu rencontres des personnes différentes tous les jours mais tout cela se mélange en un seul gros truc dans ta tête, c’est étrange et c’est donc difficile de pouvoir savoir ou cela s’est le mieux passé.

La dernière fois, Steven Wilson m’a dit que si il avait à nouveau le temps pour produire d’autres groupes, Oceansize serait définitivement le genre de groupe qu’il considérerait, quelle est ton opinion sur son travail de producteur ?

Steve t’as dit ça ? Whoa, c’est cool. Il était sur la liste pour le dernier album, je ne sais pas pourquoi il ne l’a pas fait (rires). Il était censé le faire. Pour le prochain, nous avons quelques noms en tête, mais de toute façon nous n’avons pas encore de contrat pour le sortir donc ce n’est pas à l’ordre du jour (rires). Tant qu’il n’y a pas de contrat sur la table, il n’y aura pas de prochain album. Il se pourrait même du coup qu’il n’y en ait pas du tout.

Votre groupe commence vraiment à être très populaire chez les musiciens, par exemple Mike Portnoy de Dream Theater était très excité à l’idée de vous voir à Paris, quel sentiment cela te procures ?

Je pense que nous sommes probablement un groupe qui s’adresse entre autres à des dégénérés de la musique, et c’est cool. Cela dit je ne veux pas être uniquement un groupe qui s’adresse à des musiciens, je veux m’adresser aussi aux gens normaux.

Ce nouvel album se concentre surtout sur les atmosphères, l’ambiance et les voix, est ce quelque chose que vous allez pousser plus loin la prochaine fois, ou allez vous faire quelque chose de plus direct ?

Je n’en ai absolument aucune idée. Le prochain album, si il y a un prochain album, sera différent, mais je ne sais pas de quelle façon. Certaines circonstances font qu’il y aura forcement un changement qui affectera ce que l’on fera.

Et quelles sont ces circonstances ?

Je ne peux pas en parler. Mais quelque chose va se passer, il va y avoir un changement, j’espère pour le meilleur. Nous allons faire un communiqué officiel sur notre site Web dans les prochaines semaines, mais avant cela, je ne peux rien révéler.

Il y a une chanson sur « Everyone Into Position » qui s’appelle Music For A Nurse, ce qui est pratiquement le même titre que votre EP. Y a-t-il un lien ?

Non (rires). J’ai bien peur que non. Les 2 titres ont une signification complètement différente bien qu’il n’y ait qu’une seule lettre qui change dans chacun des titres. La chanson est bien plus personnelle. Le titre de l’EP « Music For Nurses » vient de notre producteur Chris Sheldon, mal luné à la table d’un café, énervé par l’enregistrement, trouvant les choses trop lisses et qui s’est exclamé : C’est de la musique pour infirmières (ndlr : Music For Nurses en anglais) ! Mais le titre de la chanson est quelque chose de personnel.

En parlant de cette chanson, j’ai remarqué que sur la setlist, il était toujours marqué « Gamb » au lieu de son titre…

Ouais (rires). On l’appelait Gambiant en fait auparavant, car cette chanson est partie d’une suite de 5 accords étranges que Gambler jouait tout le temps, attendant inlassablement que quelqu’un le rejoigne. Mais personne ne l’a fait avant une bonne année. Mark est le premier à s’être joint à Gambler en faisant un beat étrange par-dessus. La chanson est alors devenu brillante, j’ai une version de la chanson qui a été enregistré en 5 minutes, où Mark a fait son rythme de batterie et m’a dit de brancher tout de suite le micro car nous tenions quelque chose de vraiment bon. C’est la version originale. La seule différence qu’elle comporte réellement avec la version présente sur l’album se trouve au niveau des paroles. Je ne suis pas très bon pour improviser des paroles en général, mais c’était un bon jour.

La dernière fois, Gambler m’a dit qu’il y a des choses sur cet album que vous n’auriez jamais osé auparavant, comme le truc gospel sur le dernier titre. Avec cette nouvelle assurance, y a-t-il certaines choses que tu aurais aimé changer sur le premier album « Effloresce » ?

Non, car nous avons eu 4 ou 5 ans pour écrire ce premier album. Au moment de l’enregistrer, nous savions exactement ce que nous voulions. Avec le second, c’était différent, nous avons essayer diverses choses, tu regardes ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Je pense vraiment que notre premier album est très bon, je ne voudrai rien changer, en même temps je ne l’écoute jamais, je n’écoute jamais les trucs que nous faisons. Quand nous avons fini le second album, je l’ai écouté énormément car j’en étais très fier, mais maintenant j’en suis écoeuré (rires). Tu n’écoutes pas ce que tu fais à moins d’être un malade avec un gros ego. Je n’aime pas les changements, les albums sont les albums. Ils doivent rester tels qu’ils sont, ils représentent ce que tu étais à un moment précis. Je n’aime pas quand Georges Lucas fait des changements sur les putains de « Star Wars ». Pourquoi les gens font ils cela ? Laissez tout tel quel !

Cela dit je pense vraiment qu’« Effloresce » est un premier album parfait, sa production est géniale en plus…

Ouais, Chris Sheldon est quelqu’un que nous voulions vraiment avoir, c’est un producteur incroyable, cela s’est très bien passé.

Vous avez l’air d’avoir tous des personnalités très différentes dans le groupe. Comment cela se passe sur la route ?

Ce job est étrange. Ce n’est pas naturel. Quelque soit la grandeur de ton amitié pour les gars avec lesquels tu joues, ce n’est pas normal de passer chaque réveil avec eux. Mais c’est ce qui se passe. Il y a donc énormément de moments dans la journée où nous nous parlons pas. Nous regardons souvent des films ensemble, sans parler. Ca fait un moment maintenant que nous faisons cela. Malgré l’impression de renfermé et de moisi que tu ressens en tournée, tu apprends à apprécier certaines choses, puis tu es obligé de continuer, car tu dois faire un petit peu d’argent (rires).

As-tu personnellement un projet parallèle ou consacres tu tout ton temps à Oceansize ?

Personnellement, je n’ai plus de place dans mon cerveau pour un autre projet, mais j’essaie d’écrire un peu de musique pour moi-même, tout seul. Je ne sais pas si ces trucs que j’écris parfois serviront à Oceansize, mais j’essaie de devenir un petit peu plus autonome, c’est pourquoi j’ai acheté récemment un ordinateur.

Vous avez avec Oceansize un style vraiment personnel, même si une chanson comme The Charm Offensive par exemple, me rappelle énormément The Grudge de Tool…

Ah ouais ? Vraiment ?

Oui, dans la structures et certaines parties  ! Mais à part cela vous avez un style très personnel, quelles sont vos influences communes ?

Tout le monde aime des trucs complètement dans le groupe, si je dois te donner des top 3 de chaque membre du groupe, le mien serait probablement : The Cardiacs, Mr Bungle, Nine Inch Nails. Pour Steeve ça serait : Beach Boys, Gong… Gambler : Nine Inch Nails, Nine Inch Nails, Nine Inch Nails (rires). Jon du Radiohead... Il n’y a probablement aucun groupe qui ferait l’unanimité chez nous. Parfois les gens essaient de nous rapprocher de certains groupes dont nous méprisons vraiment le genre, je sais que cela sonne un peu cliché, mais nous ne voyons pas de liens entre eux et nous. Je ne dirais pas de noms mais il y a toute une certaine mouvance que nous n’aimons pas et à laquelle nous ne voulons pas appartenir, nous faisons juste de la musique, c’est tout. Je veux vraiment que le prochain album contienne des éléments que l’on ne peut pas entendre ailleurs, de façon à ce qu’il ne puisse pas y avoir de commentaires à propos de relation entre notre musique et d’autres musiques. Dès que tu joues un gros accord de puissance, c’est du metal. Si t’écoutes un groupe comme Do, Make, Say, Think, ils jouent juste de la musique, ça n’appartient à aucun genre ou style. Je suis vraiment intéressé par le fait de créer quelque chose qui ne puisse pas atterrir dans une case, ou un genre, je veux juste que ce soit de la musique.

En son temps l’EP « music For Nurses » est sorti assez rapidement derrière « Effloresce ». Est-ce quelque chose que vous voulez recommencer, avez-vous déjà des nouvelles chansons ?

Ouais, mais c’est plus dur maintenant, car nous tournons beaucoup, et nous n’avons donc pas beaucoup de temps pour écrire. Mais nous avons quelques trucs cela dit, mais il est difficile à l’heure actuelle de savoir ce que cela va donner. J’aimerai bien refaire un nouvel EP entre les 2 albums, mais je ne sais pas si ça se fera.

Avez-vous envie de sortir un DVD live ?

C’est un truc qui a l’air de particulièrement intéresser les européens pour certaines raisons que j’ignore. Je sais que tous les groupes en sortent un, mais je ne sais pas, tu as envie de sortir un DVD live lorsque tu joues devant des millions de gens non ? Et c’est loin d’être notre cas. Nous avons pris une caméra avec nous, où nous avons filmé pleins de concerts, mais nous avons laissé toutes ces cassettes à un putain de concert, à Eindhoven. Tout le truc, les cassettes, la caméra et nos concerts classiques, comme un donné avec les Cardiacs ou le Lowlands festival, tout a été laissé là-bas.

Merci à Mike Vennart et Gambler d'Oceansize ainsi qu'à JB de Beggars France et Kate de Beggars Belgique.