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QUEENS OF THE STONE AGE

Entretien avec Josh Homme (chant, guitare) et Troy Van Leeuwen (guitare, claviers)

10/05/07 - Hotel De Sers - Paris

 

Queens Of The Stone Age, créateurs autoproclamés du robot-rock, reviennent dans les bacs en juin avec "Era Vulgaris". Ce cinquième album marque une évolution certaine dans le style du groupe et c'est le charismatique leader et fondateur Josh Homme, épaulé par son lieutenant Troy Van Leeuwen, qui répondront aux questions relatives à ce nouvel opus dans une ambiance pour le moins décontractée.

Comment était le concert hier à l’Elysée Montmartre ?

Josh : Très amusant.

C’était court…

Josh : Ouais c’était court. Mais nous nous sommes efforcés de faire comprendre que ces concerts seraient de petits concerts où nous jouons pratiquement que des nouvelles chansons. Ils sont courts car ils sont censés représenter une sorte d’avant goût. Mais nous allons revenir prochainement pour jouer de vrais concerts. Finalement, jouer principalement de nouveaux titres n’est en général pas une bonne idée car les gens ne comprennent pas ce qu’ils entendent. En fait ils n’aiment pas payer pour entendre des choses qu’ils ne vont pas comprendre et c’est normal. Mais nous avons essayer de dire en avance : Vous savez quoi ? C’est ce qu’il va se passer (rires) ! J’espère ne pas avoir déçu trop de gens. Nous étions vraiment enthousiasmés à l’idée de jouer nos nouveaux titres. C’était un concert amusant. J’aime cette salle mais j’ai un petit problème avec. Le volume est trop faible. Logiquement on ne devrait pas pouvoir entendre quelqu’un parler au dessus de notre musique.

Pouvez vous présenter les 2 nouveaux membres du groupe ?

Troy : Mikey Shoes est notre nouveau bassiste et il déchire. Dean Fertita et notre claviériste et guitariste extraordinaire.

Josh : Mikey Shoes a joué dans Wires On Fire, qui est un groupe relativement inconnu. Mais nous l’avons vu jouer et devenir dingue sur scène. C’est un mec cool.

Troy : Dean jouait sur la tournée de The Raconteurs l’année dernière…

Josh : Et nous leur avons volé ! On l’a foutu dans le coffre de notre bus et on s’est tiré ! Pendant que l’on faisait l’album, on l’a foutu dans un entrepôt en attendant que la tournée commence !

Le line up de Queens Of The Stone Age change en parmanance. Est ce quelque chose de voulu ou est il simplement trop difficile pour vous de conserver un line up stable ?

Troy : La dernière fois nous avions Alain Johannes et Natasha Shneider pour nous aider à promouvoir notre dernier album en tournée. Ils font partis de la famille. Alain a fait ce nouvel album avec nous. Il a été ingénieur du son et a également joué la basse sur l’album. Mais ces 2 là voulaient faire un nouvel album avec Eleven. Du coup ils ne pouvaient pas être disponible pour cette nouvelle tournée. Ce nouveau changement de line up est donc une nécessité pour nous. Nous aimons collaborer avec différentes personnes. Ca rend les choses intéressantes et tu es censé apprendre des autres. Avoir de nouveaux membres dans le groupe est toujours un grand bol d’air frais et rend les choses plus excitantes.

Josh tu as déclaré récemment que pour la première fois de ta vie, tu n’avais rien à dire au moment d’écrire cet album…

Josh : Ce n’était pas un manque d’inspiration musicale. Ecrire les paroles est de loin le truc le plus difficile pour moi. Car il ne s’agit pas seulement d’écrire à propos de choses qui te passionnent mais tu dois rendre ces choses intéressantes à écouter. Tu dois y mettre la couleur et les images qui te conviennent. C’est quelque chose de très difficile. Avant j’étais embarrassé quand il s’agissait de parler du contenu des paroles de telle ou telle chanson et je répondais souvent que je m’en foutais, que je ne prêtais pas vraiment attention à cet aspect. Alors que ces paroles ont un sens. C’est comme si j’étais absorbé dans des mots à voix haute. Dans notre époque parfois tu n’as rien à dire de plus que : pfff ! Mais cela ne veut pas dire que tu n’es pas intéressé par le monde qui t’entoure. Il est juste compliqué de savoir à quoi tu vas consacrer ton énergie. Il y a tellement d’informations, tellement de choses. Il est bon de se souvenir qu’il faut parfois se déconnecter du monde extérieur. (Le portable de Josh se met à sonner et ce dernier nous quitte quelques instants).

Troy, c’est ton second album avec les Queens Of The Stone Age. As tu ressenti une différence en comparaison avec « Lullabies To Paralyze » ?

Troy : Ouais. Ca a été différent sans aucun doute. « Lullabies To Paralyze » a été écrit principalement sur la tournée de « Song For The Deaf ». Nous avions déjà une bonne idée des chansons que nous allions enregistrer et qui allaient finir sur l’album. Pour "Era Vulgaris" c’était complètement différent. Nous nous sommes enfermés dans le studio et avons trouvé l’inspiration à ce moment là, en essayant plusieurs idées. Nous avons essayés d’exprimer l’inexpressif. Les sons nouveaux qu’il y a dans cet album viennent de cette démarche. Nous avons essayés d’évoluer.

Cet album me parait plus sombre que d’habitude. Une raison particulière ?

Troy : Je ne suis pas vraiment très sur. Je dirai qu’il faisait sombre dans le studio, il n’y avait pas vraiment de lumières (rires). Il n’y a rien eu de vraiment intentionnel. Nous avons essayé de trouver plus d’équilibre avec nous même. Nous aimons avoir du bon temps mais nous aimons aussi faire des choses plus sombres. Mais je ne suis pas vraiment sur que cet album soit plus sombre…

Non pas vraiment, il y a toujours des chansons amusantes et légères. Mais la couleur du son en elle-même est très noire je trouve…

Troy : Ok. Intentionnellement nous n’avons pas seulement essayé d’évoluer d’un point de vue musical mais nous avons également expérimenté sur le son. Nous avons essayés de faire des trucs un peu plus baisés cette fois ci. Avec du recul, le son de l’album est assez thrash pour moi. Il n’y a pas beaucoup de sons acoustiques à part peut être un piano. Tout le reste est lourd, amplifié et manipulé. C’était sans aucun doute une part du processus d’évolution.

Es tu d’accord si je dis que cet album sonne de façon bien moins organique que d’habitude ?

Troy : Oui. C’est sans aucun doute une nouvelle tentative robotique (rires). Personnellement j’ai pas mal expérimenté avec des synthétiseurs au lieu de jouer de réelles notes. Je me suis souvent contenté de frapper des notes et de faire du bruit. C’est ce qu’on appelle le robot mourrant. Hurler pour vivre !

Il y avait beaucoup d’attente et de pression sur « Lullabies To Paralyze » à cause du départ de Nick Oliveri. L’ambiance était elle plus détendue cette fois ci ?

Josh : (qui vient de revenir dans la pièce) Je me sentais de la même manière pour le dernier album. Je savais que quoi que l’on fasse, nous ne serions pas compris de bien des façons. Le truc c’est qu’il était question en premier lieu de choses qui n’ont rien à voir avec la musique. Nous ne voulions pas nous défendre alors que nous ne sentions pas le besoin de le faire. Il ne s’agit pas de se sentir bien dans ses baskets, il s’agit juste de se mettre dans une autre paire de baskets. Mikey Shoes (ndlr : jeu de mot, shoes signifiant chaussures) ! Nous avons également procédés ainsi pour « Song For The Deaf ». Nous n’avons pas essayés de faire ce que les gens voulaient entendre. Nous ne pouvons pas nous copier et copier quelqu’un d’autre. Les choses doivent être nouvelles à chaque fois. Nous savons que certaines personnes ne nous comprendront pas. C’est comme savoir que tu vas devoir marcher dans une pièce et ramasser la merde que 14 personnes te jettent dessus mais être toujours là et continuer à marcher. Les gens ne s’occupent pas de savoir comment nous ressentons ce genre de situation. Je suis fier de me dire que la plupart des gens ne marcheraient pas dans cette pièce et que nous le faisons. C’est juste une question de style. Bottez moi le cul !

Mark Lanegan chante une nouvelle fois sur cet album. Y a-t-il toujours une chance de le voir rejoindre le groupe en tournée ?

Troy : Je pense qu’il a beaucoup de choses à faire. Il fait de la musique constamment. C’est un chanteur phénoménal mais comme pour Alain et Natasha, il a beaucoup de choses à faire. C’est un invité et c’est un membre de notre famille.

Josh : Je n’exclue rien mais il n’y a aucun projet de côté-là pour le moment.

Depuis votre premier album éponyme jusqu’à « Era Vulgaris », le son du groupe est très personnel. Quelles sont les formations qui ont eu un impact sur la formule Queens Of The Stone Age ?

Josh : Si nous le disons nous allons ruiner notre réputation (rires). Et tout le monde saura à qui on a volé nos idées. Nos influences vont de Rocky Erikson à Rocky Balboa (rires). Non plus sérieusement je dirai que nos influences vont de Leonard Cohen à Discharge.

Troy : Ouais le panel d’influence de notre groupe est énorme.

Josh : De Bob Collins à…

Troy : Buckcherry (rires) !

Josh : Oh non ! (Exprimant son dégoût et faisant mine de vomir).

Make It Wit Chu, qui est à la base un morceau issus des Desert Sessions, fait parti d’ "Era Vulgaris". Utilisez vous parfois les Desert Sessions comme un laboratoire pour Queens Of The Stone Age ?

Josh : Oui. J’ai apporté à plusieurs reprises des trucs pour les Desert Sessions en sachant que je voudrais les utiliser ensuite pour Queens Of The Stone Age. Les Desert Sessions sont un peu comme une banque de son et un endroit d’essai. Pour Make It Wit Chu, ça ressemble un peu à l’histoire qu’il y a derrière Go With The Flow, qui a en réalité été écrite bien avant de finir sur « Song For The Deaf ». A l’époque j’avais peur de mettre ce genre de chanson sur un album de Queens Of The Stone Age. Si nous avons peur de certains styles de musique que nous écrivons, nous les essayons d’abord sur les Desert Sessions car cela veut dire que nous ne sommes jamais allés dans cette direction auparavant. C’est aussi pour cela que nous n’avons jamais voulu écrire un « Song For The Deaf Part 2 ». Nous voulons faire des choses nouvelles pour nous. Nous ne réinventons pas la roue, mais nous disons : hé regardez notre roue, elle est plutôt cool (rires) !

Y a-t-il de nouveaux volumes en préparation pour les Desert Sessions ?

Josh : Ouais, je n’arrêterai jamais les Desert Sessions. Il est juste question de pouvoir trouver le temps pour le faire. J’ai pensé pouvoir me libérer un peu lorsque nous faisions « Era Vulgaris » mais au final il n’y a que 24 heures par jour.

Le titre éponyme de l’album Era Vulgaris, sur lequel figure Trent Reznor de Nine Inch Nails, ne fait pas partie de l’album. Pourquoi ?

Josh : Nous avons pensé qu’il serait amusant que le titre éponyme ne figure pas sur l’album. Ca lui donne une attention plus particulière et il peut être vu comme un complément à l’album.

Merci à Josh et Troy ainsi qu'à Sarah Ichi, Nitsan Sayag et Carine Hervé.