ROY MAYORGA Entretien avec Roy Mayorga (batterie) 02/04/06 - Loges de l'Elysée Montmartre - Paris

Après une traversée du désert artistique suite à son départ de Soulfly en 2003, le batteur Roy Mayorga voit son actualité musicale en pleine agitation ces derniers mois. Après le Roadrunner United, le voici catapulté derrière les fûts de Sepultura pour palier à l'absence d'Igor Cavalera préférant passer du temps en famille. Mais le voici également batteur permanant de Stone Sour comme il le révèlera en exclusivité dans cet entretien. Nous retracerons dans ce dernier le parcours de Roy depuis 2003, son actualité immédiate et ses projets futurs.

Salut Roy. Tout d’abord cela fait 2 ans et demi que tu ne fais plus parti de Soulfly. Tout le monde connaît la version de Max concernant la séparation avec toi, Marcello et Mikey mais personne ne connaît votre version. Peux tu me raconter ce qu’il s’est passé réellement ?

J’ai quitté le groupe parce que notre bassiste n’en faisait plus parti. Mikey et moi-même avons ressenti que nous ferions mieux de ne plus faire parti du groupe parce que nous aimions tout simplement l’osmose qu’il y avait entre nous. En fait nous avons dit : si il doit partir, nous partons aussi, désolé. Nous vous souhaitons le meilleur pour la suite. Ils ont été cool, ils ont bien compris notre sentiment et nous ont dit de partir si nous n’étions plus heureux. A ma connaissance je suis toujours en bon terme avec eux et j’espère que c’est réciproque (rires).

Ensuite tu as crée Abloom avec Mikey et Marcello. Qu’est il arrivé à ce groupe ?

Le groupe s’est désintégré en quelque sorte. Nous avions un chanteur, Jason de One Side Zero. Il a quitté le groupe. Nous avons eu un autre chanteur après ça. Il était vraiment bon, mais je ne sentais plus très bien la direction de notre musique. J’ai donc décidé de quitter le groupe également. Rien de personnel, juste une question de style musical. Je ne me reconnaissais plus dans la musique d’Abloom. J’ai quitté le groupe et j’ai poursuivi mon travail dans la musique de film. J’ai également été musicien de session sur Los Angeles. Puis je me suis rapproché de Dino Cazares pour le Roadrunner All Star. Tout cela s’est passé suite à mon départ d’Abloom.

Peux tu justement me parler de tes souvenirs de l’enregistrement du Roadrunner All Star ?

Une très bonne expérience. J’ai rencontré beaucoup de très bons musiciens, d’horizon divers. Il y avait Paul de Slipknot, Andreas Kisser de Sepultura et Dino de Fear Factory, c’est plutôt cool. J’ai eu à enregistrer les sessions et à jouer dessus. Une expérience plutôt cool.

Donne moi également tes impressions sur le concert spécial Roadrunner United qui a eu lieu dans ta ville, New York…

Incroyable ! Nous avons répété seulement 3 semaines pour ce concert et pas un seul problème (rires). Ca a été un concert très lisse, homogène. Une sorte de « Las Vegas Act », tout était bien réglé et s’enchaînait parfaitement. Vraiment un concert ahurissant. J’ai joué avec Andreas, avec Jeff Waters d’Annihilator, James Murphy, Ripper Owens, Scott Ian. C’était super. Le meilleur moment du concert pour moi a été quand Joey Jordison et moi même avons joué de la batterie en même temps. J’étais sur un kit plutôt orienté percussions avec 2 gros toms et il avait son kit. Nous avons joué Roots Bloody Roots ensemble, c’était énorme, très lourd. Il y avait au moins 60 personnes sur scène (rires).

J’espère que ça a été filmé et que je verrai ça !

Ca a été filmé mais quand pourras tu le voir ? Je n’en sais rien (rires).

Tu as travaillé une nouvelle fois avec Dino pour Asesino…

Oui et Andréas également. Il a joué beaucoup de solos. Je me suis chargé de faire des orchestrations symphoniques autour de leur musique sur quelques chansons. Je vais peut être jouer avec eux en tournée d’ailleurs. Je ferai peut être du clavier et quelques instruments classiques sur scène.

Depuis Soulfly, il semble aussi que tu aies tissé des liens avec Logan Mader car ce dernier dit souvent des bonnes choses à ton sujet en interview. Depuis l’expérience malheureuse Medication, as-tu pensé à former à nouveau un groupe avec lui ?

Oui j’aimerai bien. Quand j’aurai du temps et qu’il sera libre aussi, j’aimerai déjà jammer un peu avec lui. Nous gardons relativement le contact et il nous arrive toujours de travailler ensemble. Mais il est plus branché par la production aujourd’hui.

Tu es venu à la rescousse pour finir les parties de batterie du nouvel album de Stone Sour…

En réalité je joue sur tout l’album. Je vais également jouer avec eux en tournée. En fait, je suis le nouveau batteur. Je pense qu’au moment où tu mettras l’interview en ligne, il y aura eu une annonce officielle disant que je suis le nouveau batteur du groupe (ndlr : raté !). Mais je vais quand même continuer à jouer dans Sepultura. Je vais essayer de faire les 2 jusqu’à ce qu’Igor revienne. Pour Stone Sour ça a été très soudain. Ils m’ont appelé un jour où j’étais bien cramé par les répétitions que je faisais tout seul pour Sepultura. Ils m’ont appelé en me disant : Notre batteur est rentré chez lui, nous n’avons plus de batteur, nous avons besoin de toi pour faire cet album. Je leur ai répondu que je ne connaissais aucune de leurs chansons. Ils m’ont répondu : viens, tu les apprendras. Chose que j’ai faite. J’ai appris et enregistré 4 chansons par jour. Je leur ai fait changer quelques trucs pour que cela corresponde plus à mon style. Je leur ai apporté un peu d’aide. A la base je ne devais pas aller plus loin avec eux, juste faire les parties de batterie sur l’album. Puis ils m’ont offert la position dans le groupe. Je ne pouvais pas dire non. Ce sont des mecs cool en plus. Corey, James, Shawn et Josh sont des mecs super. Le nouvel album de Stone Sour est génial. Je pense que c’est un des meilleurs albums sur lequel j’ai joué.

Que préfères tu aujourd’hui entre être producteur ou musicien ?

J’avais lâché la production depuis un bon moment et c’était cool de bosser à la maison sur la pré et post production de musique de film. Mais depuis le concert Roadrunner United, j’ai re-goûté au fait de jouer devant tellement de monde. Je suis à un âge où j’ai toujours l’énergie de pouvoir jouer devant beaucoup de gens, donc je préfère jouer. Je préfère jouer de la batterie. La batterie est mon amour, ma passion, la chose pour laquelle je vis. Si je n’avais pas ça, je serai mort. Sérieusement, je le serai vraiment. Je suis de nouveau très occupé. Une période creuse, puis tout d’un coup Sepultura et Stone Sour qui me tombent dessus. Qu’est ce que je fais ? Je fais les 2 (rires).

Avec Sepultura utilises tu le même kit de batterie qu’Igor ?

Non, j’utilise le kit sur lequel j’ai toujours joué. J’utilise ma batterie.

Quelles sont les différences entre jouer dans Soulfly et jouer dans Sepultura ?

C’est assez différent de Soulfly. Comme j’ai joué pas mal de chansons de Sepultura du temps où je jouais avec Max, m’intégrer à Sepultura a été plutôt facile à l’exception des choses que je devais apprendre. Le nouvel album est un bon défi pour moi car ce n’est pas vraiment mon style. S’adapter au style de quelqu’un d’autre est la chose la plus difficile. Jouer ce n’est pas difficile, s’adapter c’est très difficile. Visiblement les mecs de Sepultura sont contents de moi, donc je suis content (rires). Tu es plus impliqué dans la musique de Sepultura que dans celle de Soulfly qui est plus orientée sur le groove, plus directe. Mais en ce moment ils jouent du thrash avec leur nouvel album « Dark Ages » qui au passage est un putain de bon album ! Je dois le dire, j’aurai souhaité jouer sur cet album (rires). Joe Nunez botte des culs sur « Dark Ages », il est incroyable. Mais de manière générale dans Soulfly en tant que batteur tu es moins impliqué que dans Sepultura dans lequel il y a tant à faire. C’est du thrash, il y a parfois 6 ou 7 parties différentes dans la même chanson. Tu dois te souvenir de plus de choses (rires). Mais c’est de la bonne came, j’adore jouer dans Sepul’ c’est beaucoup d’amusement pour moi. C’est une sorte d’ancien souhait que j’avais lorsque j’avais 18 ans. Ca fait 17 ans donc, c’est cool d’enfin jouer avec eux. Jouer avec Derrick est encore plus cool car je le connais de New York avant même qu’il rejoigne Sepultura. C’est un peu ironique que nous nous retrouvions ensemble tous les 2 dans un groupe brésilien (rires). C’est fou mec. C’est étrange, mais j’adore ça.

Quels ont été les morceaux les plus difficiles à apprendre ?

Ceux avec le plus de parties dedans, comme Dead Embryonic Cells. Ce genre de chansons t’en fait vraiment baver car il y a beaucoup de changements dedans. Une fois que tu choppes le truc c’est bon, tu n’y penses plus. Chaque chanson est difficile au début, mais à force de t’entraîner jusqu’à ce que tu choppes le truc c’est bon. Je me suis entraîné avec le groupe mais également tout seul avec les albums le mois précédant mon arrivée au Brésil.

As-tu des chansons favorites ?

J’aime toutes les jouer (rires). Je n’ai pas de préférence… Non en fait c’est faux. Mes favorites sont assurément Beneath The Remains, Arise et Dead Embryonic Cells. Ces chansons sont si bonnes à jouer, je les adore. Mais globalement j’aime jouer toutes ces chansons pour différentes raisons.

Essaies tu de reproduire exactement ce qu’Igor fait ou insères tu ton propre style dans les morceaux ?

J’apporte mon propre style tout en conservant les signatures d’Igor. Mais je me les approprie. Tu verras ce soir. Je respecte les règles établies par le jeu d’Igor et je conserve les parties importantes qui doivent être jouées comme dans Slave New World, l’intro de Territory ou bien encore la partie centrale de Dead Embryonic Cells. Je garde ces parties ainsi que les parties de double pédale et ce genre de choses. Mais pour la majeure partie j’apporte ma touche aux morceaux. Personne ne peut copier quelqu’un d’autre. C’est impossible. La meilleure chose que tu puisses faire dans la situation dans laquelle je me trouve en ce moment, est d’imiter les choses en te les appropriant.

Avec Igor le groupe joue très vite, parfois trop vite je pense. L’intro de Territory par exemple ne ressemble plus vraiment à l’originale en live avec Igor ces dernières années…

Je joue davantage au tempo des albums. Quand je joue ça (il mime l’intro de Territory) tu peux encore sauter. La première fois que j’ai joué avec le groupe, j’ai essayé de jouer aussi vite qu’Igor. Le groupe m’a regardé et m’a fait : non, Roy ! Calme toi ! Je leur ai demandé si il ne voulait pas que je joue vite, ils m’ont répondu : Non pas si vite ! En fait c’est eux qui m’ont donné l’idée de jouer au même tempo que celui des albums. Même avec des chansons comme Arise ou Beneath The Remains ça change beaucoup niveau vitesse (il me mime la différence de tempo entre la version studio et la version live pratiqué par le groupe avec Igor). C’est vraiment mortel comment Igor joue ces morceaux. C’est genre : whoa (rires) !

Même une chanson comme Roots Bloody Roots devient quelque chose de rapide avec Igor…

(Il mime le tempo auquel Igor joue le morceau en live) Ouais c’est mortel (rires) ! Je joue ce morceau de la même façon que je le jouais avec Soulfly. Igor est juste incroyable. Pour moi il est mortel, j’adore son putain de style.

Sais tu combien de temps tu vas encore rester dans le groupe ?

Je ne peux pas te le dire. Je ne sais pas combien de temps je vais rester avec le groupe. Ce que j’aimerai faire, c’est partir jouer dans Stone Sour et une fois que le groupe s’arrête au moment où Slipknot se remettra en marche, revenir dans Sepultura si ils ont toujours besoin de moi. Mais qui peut le dire ? Ca peut se passer comme ça ou bien Igor peut revenir dès demain.

Etant donné que tu es le batteur de Stone Sour, tu vas être occupé cet été avec les festivals européens et la tournée Alice In Chains avec qui vous partagez beaucoup de dates. Du coup je suppose que Sepultura ne sera pas sur les festivals…

Non. Je ne serai pas capable de faire les 2. La musique de Sepultura est très exigeante. Après un concert de Sepultura je suis complètement crevé. Ca te bouffe pas mal d’énergie mec. J’ai arrêté de fumer il y a 3 mois pour pouvoir assurer cette tournée. J’ai arrêté de fumer pour de bon maintenant. Je me sens beaucoup mieux, j’ai beaucoup plus d’énergie. Je peux jouer de la batterie beaucoup plus longtemps. J’ai plus de souffle, plus de force. Je les remercie de m’avoir fait arrêter (rires). Ils ne m’ont pas fait arrêté directement mais pouvoir assuré leur tournée m’a incité à arrêter de fumer. Je le conseille à chaque batteur qui fume : Arrêtez !!! (Rires). Vous vous sentirez mieux, croyez moi ! Vous jouerez des blast beat 6 heures d’affilée sans aucun problème !

Evidemment nous savons que tu aimes la période du groupe avec Max, mais quelle est ton opinion sur l’ère récente du groupe. Car je me souviens avoir lu il y a longtemps que tu n’aimais pas « Against »…

Je n’ai jamais dit ça ! C’est probablement Max qui a dit ça non ?

Oui excuse moi. C’était une interview vers 98/99 où Max disait ne jamais avoir écouté « Against » mais que toi et Marcello lui avait rapporté que c’était un mauvais album…

Non, non, non ! Il ne devrait pas parler pour moi. En réalité, j’aime beaucoup « Against » (rires). J’aime « Nation », j’aime ces albums. Ce qu’ils font avec Derrick est différent mec. C’est un style différent. Sur le nouvel album je trouve qu’ils se sont vraiment trouvé en tant que groupe. Pour moi c’est le meilleur album avec Derrick.

Oui pour moi aussi, avec « Nation »…

« Nation » est super, mais « Dante XXI » écrase tous les autres pour moi. Ca va devenir un classique. Et j’aime également « Against » et nous jouons d’ailleurs Choke en ce moment qui est un très bon morceau. J’aimerai bien disposer d’un set plus long avec le groupe, mais on essaie de jouer un peu de tout.

A un tempo rapide en 55 minutes, vous avez le temps de caler au moins 14 chansons je pense…

(Rires) ouais ça dépend. Ca change chaque soir. Je joue plus ou moins vite en fait, ça dépend de mon humeur et c’est moi qui conduis le groupe. J’essaie aussi de bouger avec le public, j’utilise le public comme tempo parfois.

Merci à Roy et Roger de Replica Records pour leur gentillesse.