ACCUEIL
NEWS
INTERVIEWS
LIVE REPORT
CD REVIEWS
CONCERTS
FESTIVALS
BOUTIQUE
LIENS
E-MAIL

 

DEFTONES

Entretien avec Stef Carpenter (guitare) et Abe Cunningham (batterie)

22/03/07 - Olympia - Paris

 

Deftones est en ce moment en pleine tournée pour promouvoir "Saturday Night Wrist". Après une partie de leur tournée passée au Royaume Uni, les californiens étaient d'escale à Paris pour une date dans la prestigieuse salle de l'Olympia, avant de revenir au Trabendo le 8 avril pour une date supplémentaire. L'occasion de prendre la température avec un Abe timide et un Stef au cerveau enfumé.

Salut les gars. Vous avez du repousser vos 3 derniers concerts à cause de l’infection de la gorge de Chino. Comment va-t-il aujourd’hui ?

Abe : Oh il est toujours très malade, n’est ce pas ?

Stef : Oui je suppose (rires). On peut mettre un croix dans cette case (rires).

A partir de maintenant et sur tout le reste de la tournée, ce sont vos vieux amis de Will Haven qui ouvrent pour vous. Je suppose que cela va donner une atmosphère familiale à cette tournée. Pensez vous faire quelque chose de spécial à un moment de la tournée ?

Abe : hum…

Stef : En fait je trouve que le projet de cette tournée est déjà quelque chose de spécial. Cela fait longtemps que l’on n’a pas joué avec eux, mais il n’y a rien d’autre de spécial.

Abe : Ouais on verra au jour le jour mais je suppose que l’on ne va rien prévoir de particulier.

Stef : Ouais j’en doute aussi.

Il y a bien longtemps qu’une tournée de Deftones n’était pas passée par autant de villes françaises avec notamment quelques villes inhabituelles. Etait-ce une volonté du groupe ou simplement un intérêt montré par le promoteur ?

Abe : Habituellement nous venons une première fois un peu partout et ensuite nous revenons faire les marchés plus secondaires.

Stef : Mis à part ça, premièrement nous jouons dans les endroits disponibles. Ensuite tout dépend également de notre emploi du temps. Cela fait pratiquement 2 mois que nous sommes sur cette tournée qui s’achèvera dans moins de 3 semaines et qui nous aura fait aller dans le monde entier en 11 semaines (rires). Nous ne pouvons pas jouer dans plus d’endroits que ça en si peu de temps, mais nous allons revenir avec une tournée encore plus intense qui couvrira entièrement le continent européen. La tournée sur laquelle nous avons fait le plus de dates en France était la tournée « White Pony ». C’était super et je pense que nous pouvons le faire à nouveau. Mais tout est une question d’emploi du temps. Parfois tu peux trouver de la flexibilité et ouvrir un peu les possibilités, de façon à jouer dans plus d’endroits. Nous voulons toujours jouer dans un million d’endroits à la fois, mais avec si peu de temps c’est difficile de tout caler.

Vous avez récemment filmé un clip pour Mein qui est votre nouveau single. Pouvez vous me parler du tournage ?

Abe : Il y a plein de gens en train de danser (rires).

Stef : C’était amusant. Nous faisons des clips uniquement pour nous amuser et je pense que tout le monde a passé un bon moment sur celui là. Je n’ai pas vraiment été impliqué dans le concept de la vidéo mais je suis bien amusé. Mais il n’y a pas réellement de projet derrière car à vrai dire lorsque je regarde le clip, je trouve qu’il n’a aucun sens (rires). Mais je le trouve passionnant car il me rappelle les bons moments que l’on a eu ce jour là. C’est un peu comme une photographie de cette journée.

C’est la raison pour laquelle je te pose la question, car à vrai dire je trouve également que ce clip n’a aucun sens…

Stef : (rires). Ouais il n’y a aucun sens. Le but était juste de s’amuser. C’est ce qu’on essaye toujours de faire (rires). Il n’y a jamais de concept avec nous.

Abe : Ouais il y a juste 2 scènes. Un près d’une rivière, l’autre en haut d’un immeuble. Puis il y a des vélos qui font des figures dans les airs (rires).

Sur le single de Mein, il y a une version acoustique de Cherry Waves. Est-ce que cela vient des sessions de « Saturday Night Wrist » ou avez-vous enregistré cette version plus tard ?

Stef : Une version acoustique de Cherry Waves ? Je ne sais pas. Je n’ai rien à voir avec ça, je ne l’ai même pas entendue à vrai dire.

Abe : Moi si.

Stef : J’imagine d’où ça vient cela dit.

Abe : En gros il s’agit juste de la même piste vocale que sur l’album avec Chino qui a enregistré par-dessus des parties de guitare en acoustique.

Stef : Deftones c’est 4 mecs d’un côté et Chino de l’autre. Ce mec s’autorise beaucoup de liberté (rires).

Abe : Peut être qu’un jour il va se faire tirer dessus (rires) ?

Stef : On ne se prend pas trop la tête avec ça mais tu ne peux pas avancer si longtemps en apprenant les choses en croisant le chemin de quelqu’un d’autre. Du genre : Quoi ? Oh, putain non (rires) ! Un jour tout va se terminer sur un truc comme ça, tu vois ce que je veux dire ?

Ok. Pourquoi ne pas avoir inclus dans le single, la version de Mein entièrement chantée par Serj Tankian (System Of A Down) ?

Stef : Elle ne verra jamais la lumière du jour. Je ne l’ai pas écouté d’ailleurs.

Abe : Moi si.

Chi m’avait dit la dernière fois qu’il trouvait cette version très bonne…

Stef : Ouais je sais qu’il l’a écoutée car je me souviens de l’entendre dire une fois le morceau terminé : Yeah ! C’est énorme (rires) !

Existe-t-il d’autres morceaux terminés qui n’ont pas vu le jour sur « Saturday Night Wrist » ?

Stef : Il doit y en avoir 4 ou 5.

Abe : Ouais il y en a pas mal, elles sont plutôt bonnes d’ailleurs.

Stef : Je suis sur qu’il y en a au moins 3, mais je sais qu’il y en a plus que ça.

Abe : Il y a des idées brillantes dans ces morceaux…

Stef : Tu sais ce qui est arrivé à sa liberté ? Il a eu la liberté de ne pas faire la sélection des morceaux qui allaient finir sur l’album (rires) ?

Abe : Non ce n’est pas vrai ! C’est triste que ces morceaux n’aient pas eu leur chance sur l’album mais ils restent quand même mortels. Enfin bon c’est une longue histoire.

Peut être une possibilité de les voir apparaître en face B de single ou sur des compilations ?

Stef : Non, on essaie de garder ces titres exclusifs pour les utiliser lorsque le groupe se séparera (rires). Lorsque tout s’effondrera, lorsque que ce sera le chaos (rires).

Abe tu es un de ceux qui a rencontré des difficultés à travailler avec Bob Ezrin. Peux tu me dire ce qui n’a pas fonctionné à l’époque ?

Abe : Cette histoire a été un peu mal interprétée…

Stef : Ouais. En réalité tout le monde l’appréciait et s’entendait bien avec lui, c’est juste qu’il se plaignait sur nos méthodes de travail.

Abe : Puis il faut prendre en compte que jusque là nous n’avions travailler qu’avec Terry Date. Une seule personne avec qui tout se passait très bien. La période Ezrin était étrange parce qu’il semblait être le bon producteur avec qui travailler. Je souhaitais que l’album devienne meilleur en travaillant avec lui, mais avec tout le respect que je lui dois les choses prenaient une mauvaise tournure. Mais peu importe puisqu’au final l’album est super.

Stef : C’est un mec très professionnel contrairement à nous (rires). Il a essayé, nous avons voulu. Nous avons eu des bons moments. Mais en fait nous avons été nos propres victimes.

Abe : Nous n’avons rien de mauvais à dire sur la personne.

Stef : Ouais. C’était un mec cool.

Mais apparemment il a été très exigent sur ton jeu de batterie et voulait souvent te faire modifier tes parties…

Abe : Oui, mais ça fait aussi partie du processus. Nous l’avons également engagé pour ça. Je n’avais pas l’habitude que l’on me dise comment jouer. Il pouvait nous suggérer de bonnes idées. Mais en même temps je n’aimais pas que l’on me dise en permanence ce que je devais faire.

Stef : C’est un peu comme quand Metallica a engagé leur psy. Au début ça fonctionne bien et ensuite tu te rends compte que tu es qui tu es.

Abe : Absolument. Mais bon c’était une bonne expérience. (Après un temps d’arrêt et faisant mine de s’adresser à Bob Ezrin) Salut Bob !

Stef : (Rires) Salut Bob, tu me manques frangin !

Abe : Si on recommençait ?

Vous voulez apparemment produire vous-même votre prochain album…

Stef : Comment sais tu ça ?

Chi me l’a dit l’année dernière…

Stef : Ouais je pense que nous n’avons plus besoin de producteur.

N’as-tu pas peur d’augmenter les tensions et les duels d’ego en studio, sans quelqu’un d’extérieur au groupe pour vous gérer ?

Stef : Non pas vraiment. Nous sommes trop dingues pour travailler aujourd’hui avec quelqu’un d’autre. Je pense que nous avons suffisamment de confiance en nous pour faire un album nous même. Je pense que c’est le parcours logique. Tout le monde fait comme ça. La meilleure relation externe au groupe que nous ayons eu est Terry Date et c’est toujours le cas aujourd’hui. La raison de cette bonne entente est que Terry ne nous a jamais dit ce que l’on devait faire en studio. Il nous a toujours laissé faire. Notre plus grosse erreur vient de nous. Nous sommes bien trop paresseux ! Nous n’avons pas une bonne étique de travail. Mais lorsque nous faisons quelque chose de passionnant on bosse dur dessus. Cela dépend vraiment de l’excitation. Mais si tu nous prends dans une période où nous n’avons pas tourné depuis un moment et que nous trouvons un endroit agréable pour foutre notre équipement et bosser, il y a de forte chance que nous fassions la fête 70 % du temps. Habituellement lorsque nous revenons de tournée, nous retrouvons tous nos propres vies et nous nous voyons peu. Nous ne pensons pas trop au groupe car nous savons tous que l’on va se revoir d’ici 5 semaines tout au plus. Mais lorsque l’on ne s'est pas vu depuis longtemps, nous allons forcement faire la fête car nous sommes un groupe d’amis. Lorsque tu écoutes notre musique, tu entends à quoi cela ressemble d’être notre ami. C’est ce que l’on fait. Nous sommes une bande d’amis qui faisons de la musique ensemble. Tant que nous serons amis, nous ferons de la musique tous ensemble. Sans même considérer si ça intéresse quelqu’un. Lorsque tu regardes les choses du point de vue du business, il n’y a aucun lien avec l’aspect créatif de la musique. Il est toujours question de ventes. Nous devons faire un certain nombre de ventes, nous devons faire de la promo. Moi je suis du genre à vouloir laisser la musique se promouvoir elle-même. Si c’est bon, les gens aimeront. Si ça ne l’est pas, ils n’aimeront pas. C’est pourtant simple. Même si tu fais le pire album du monde, avec le son le plus pathétique que tu puisses imaginer, cet album deviendra alors un classique puisqu’il sera tout simplement le pire album du monde au son le plus pathétique faisable. Cet album sera absolument génial, juste par principe. Tu ne peux pas te planter. Fais juste de la musique et amuses toi (rires). Je considère que nous nous sommes déjà produit nous même en fait. Terry Date était juste là pour nous guider dans notre emploi du temps (rires). Mais c’est un des meilleurs ingénieurs du son au monde.

Abe : Nous avons juste besoin de ça. Un bon ingénieur du son. Nous pouvons faire le reste nous même.

J’évoquais les tensions en studio. Y a-t-il quelqu’un dans le groupe qui joue un peu le médiateurà l’image de Kirk Hammett dans Metallica ?

Stef : Chacun de nous joue ce rôle. Nous sommes vraiment un groupe d’amis et nous nous parlons toujours en groupe ou en face à face. Il y a beaucoup de discussions entre nous. Mais chacun est comme il est, et toutes les discussions que tu veux ne peuvent rien changer à ça. Chino ou n’importe qui d’autre, ne peut agir différemment de ce qu’il est et ressembler à un autre membre du groupe. Quand quelqu’un change, c’est qu’il l’a vraiment voulu au fond de lui-même. Si tu veux changer quelqu’un, oublie tout de suite. Tu gaspilles ta salive. Ce ne fait qu’amener des problèmes. Par exemple je sais très bien que personne ne peut me contrôler (rires).

Le groupe est aujourd’hui dans une meilleure atmosphère. Allez vous profiter de cet élan retrouvé pour écrire et enregistrer rapidement le prochain album ou au contraire voulez vous prendre votre temps ?

Stef : Tout le monde veut faire le prochain rapidement, mais à vrai dire ce n’est pas une de mes préoccupations en ce moment. Personnellement, j’aimerai faire quelque chose rapidement mais il nous faut d’abord un peu de substance, sinon je ne vois pas l’intérêt. Ca ne me dérangerait pas de mettre 10 ans à faire un nouvel album (rires). Ca intéresse quelqu’un le temps que l’on met à faire un album ?

Les fans peut-être…

Stef : Ouais je sais bien. Mais en même temps, faire un album rapidement juste pour le principe de le sortir rapidement, ça peut tout simplement faire un album de merde. Mais c’est cool d’entendre des gens réclamer un nouvel album. Parfois nos cerveaux fonctionnent rapidement, mais ce n’est pas le cas la plupart du temps (rires). Nous avons une tonne d’idées en tête, mais si personne ne change individuellement nous en serons où nous en serons. Je n’essaie pas d’être négatif (rires). Je vois juste la situation telle qu’elle est. Combien même j’aurai un million de nouveaux titres, je ne peux rien faire tout seul. Je ne peux pas monter tout seul sur scène pour jouer ces morceaux, tu vois ce que je veux dire ? Mais ouais nous voulons globalement ne pas trop attendre pour le prochain, mais je sais que dans la réalité les choses ne se passent pas si vite (rires).

Abe, j’aime particulièrement ton jeu de batterie. Peux tu me dire quelles ont été tes influences en grandissant ?

Abe : J’écoute absolument de tout. J’ai souvent dit que j’adore The Police, mais il y a au moins un autre millier de noms que je devrai citer, mais je ne peux pas bien sur. Il y en a trop. Il y a toujours beaucoup de musique autour de moi et c’est une constante source d’inspiration. Quand j’ai rencontré Stef dans les années 80, j’écoutais toutes sortes de choses mais lui était à fond dans le thrash de la Bay Area et il m’a initié au style. Mais j’écoute toutes sortes de musique et tout m’influence.

Stef : Il y a tellement de musique aujourd’hui. Chaque personne dans chaque endroit du monde fait de la musique, n’est ce pas ? Je ne sais pas comment c’était il y a 50 ans…

Abe : Sans doute très différent.

Stef : Ouais, je veux dire il y a aujourd’hui un volume de groupes si important. Il m’est impossible de pouvoir distinguer des influences en particulier car il y en a simplement trop. Je pense que c’est la même chose pour Abe.

Abe : Ouais c’est la question la plus dure au monde.

Stef : Il y a tellement de choses qui ont été faites en musique. Tout cela t’influence mais au final il faut juste faire ce que tu as envie de faire.

Abe, tous les autres membres du groupe ont au moins un projet parallèle. Qu’en est il à propos de toi ?

Abe : Je jamme de façon occasionnelle avec d’autres gens mais honnêtement ma priorité ces derniers temps était de voir Deftones revenir et continuer l’aventure en laissant ces 3 dernières années derrière. Je mets toute mon énergie pour faire en sorte que tout aille bien dans Deftones.

Stef, la dernière fois tu m’as dit qu’il pouvait se passer quelque chose pour Kush en janvier, car c’est généralement la période où Deftones n’a pas d’activité. As-tu fais quelque chose avec eux en janvier dernier ?

Stef : Je devais te parler des mois de janvier des années précédentes car je n’ai rien fait avec Kush depuis 3 ans. Il ne s’est rien passé ce mois de janvier en tout cas. Mais nous allons enfin enregistrer nos merdes cette année et sortir un album l’année prochaine en prenant en compte l’emploi du temps de chacun.

Christian Olde Wolbers (Fear Factory) est désormais à la guitare. Qui va être votre bassiste ?

Stef : Nous n’en savons encore rien. Nous n’avons choisi personne. Christian est passé de la basse à la guitare au moment où je travaillais sur l’album de Deftones et que j’y consacrais la majorité de mon temps. Donc ça s’est surtout fait par discussion au téléphone, mais maintenant nous allons pouvoir bosser là dessus.

Tu as également un autre projet se nommant Sol Invicto. Peux tu me le décrire ?

Stef : En gros c’est de la drum n’bass. Certains morceaux peuvent avoir de la guitare et d’autres non. Je vais essayer de sortir un EP cette année pour ce projet. Si ça ne se fait pas cette année, ça devrait se faire l’année prochaine.

Ton pseudo sur myspace est « Going Pro 2K8 !!! ». Quelque chose à voir avec tes ambitions de golfeur ?

Stef : Oh oui absolument ! Mais il va falloir que je change ce nom car je ne serai jamais prêt à temps (rires).

Pour finir quels sont les projets immédiats pour Deftones après cette tournée ?

Stef : On ne s’arrête pas. On continue de tourner dans la foulée. Nous poursuivons notre tour du monde. Nous sommes des jeunes gens qui ont accès au monde entier et nous jouons de la musique pour des gens qui l’aiment. C’est passionnant. Nous faisons de la musique que nous aimons et ensuite nous venons la jouer à nos fans affamés (rires). Nous serons en tournée toute l’année.

Merci à Stef et Abe ainsi qu'à Amael, Jeff et Isabelle de Warner.