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THE ANSWER

Entretien avec Paul Mahon (guitare/choeurs)

14/12/06 - La maroquinerie - Paris

 

Le nom The Answer n'évoque sans doute rien pour la plupart d'entre vous. Toutefois vous n'allez pas tarder à entendre parler de ce jeune groupe irlandais dont l'ascension semble fulgurante. Pratiquant un classic rock prestigieux doté d'une grosse dose d'énergie, The Answer a été véritablement un des coups de coeur 2006 de Heavy Music. Voici un entretien avec le guitariste Paul Mahon qui nous présente le parcours du groupe.

Salut Paul ! J’ai littéralement flashé sur votre premier album « Rise » mais je pense que la plupart de mes lecteurs n’ont jamais entendus parler de The Answer. Peux tu présenter le groupe ?

Ok. Je pense que l’on a commencé il y a environ 6 ans. J’ai commencé le groupe avec Micheal avec qui j’étais déjà ami depuis l’enfance. J’ai écrit quelques chansons et nous avons commencé à jammer. Quelques amis ont entendus ça et nous ont conseillé de prendre Cormac comme chanteur. Nous ne le connaissions pas encore à l’époque et nous avons essayé de le trouver. Nous avons trouvé l’adresse de ses parents. Il vivait à peine à 10 minutes de chez nous. Mais il était parti en vacances à New York. Du coup nous ne l’avons jamais trouvé en 2 mois (rires). Nous avons fini par abandonner. Je faisais des études de musicologie et j’ai fini par rencontrer là bas un type avec qui je me suis entendu. Il s’agissait en fait de Cormac et tout a commencé comme ça. Nous avons donné ensuite quelques concerts sur Belfast, enregistré une démo puis James nous a rejoint. Nous avons trouvé un management à Londres, avons fait quelques showcase pendant quelques temps puis « Rise » est arrivé dans les bacs à la fin de l’été. Depuis nous sommes sans arrêt en tournée.

Peux tu me parler de votre ville Downpatrick en Irlande ?

C’est une petite ville connu pour la mythologie de la St Patrick qui a commencée là bas (ndlr : St Patrick est le fondateur du christianisme irlandais. Après de longues années d’évangélisation il se retire dans la ville de Downpatrick où il meurt le 17 mars 461 ce qui a donné lieu à la célèbre fête que l’on arrose chaque année aujourd’hui) Quelques groupes viennent de cette ville, comme Ash par exemple. C’est une petite ville où il n’y a pratiquement rien à faire. Il y a quelques bars. Soit tu joues de la musique, soit tu fais du sport ou soit tu bois. Certains font les 3 (rires) ! C’est le genre d’endroit que tu veux quitter. Mais c’est en même temps un endroit agréable à retrouver. Quand Nirvana a explosé dans les années 90, nous sommes allé les voir. On devait avoir 10/11 ans. Cela nous a énormément inspiré. Pas vraiment musicalement, mais plus par le fait qu’ils faisaient de la musique en venant d’un coin pourri.

Vous évoluez dans un style inspiré du classic rock, du hard rock, du blues et du funk. Quelles ont été vos influences ?

Je suppose que Free et Led Zeppelin sont nos 2 plus grosses influences. Le premier groupe sur lequel j’ai accroché a été AC/DC. Même des trucs des années 80 comme Motley Crue, Kiss et Aerosmith. Mais ces derniers étaient déjà là dans les années 70 en fait.

J’ai entendu dire que Jimmy Page a regardé un de vos concerts sur le côté de la scène. Peux tu me raconter ça ?

Nous l’avons rencontrés quelques fois. La première fois que nous l’avons rencontré c’était lorsque nous jouions avec Thunder. Je me souviens avoir vu sur le côté de la scène un grand type qui ressemblait à Jimmy Page. Mais je me disais que ce n’était pas lui. Ensuite lorsque je suis retourné dans la loge à la fin du concert je revois ce type et là je me dis : ok ! C’est Jimmy Page (rires) ! On s’est un peu parlé. Il nous a dit qu’il a apprécié regarder quelques uns de nos morceaux du côté de la scène. Nous n’avions pas encore d’albums donc c’etait un gros coup de chance. Nous l’avons revu ensuite aux Classic Rock Awards en novembre 2005. Il est venu nous voir et il a acheté l’EP et le single. Nous avons bu avec lui, avons parlé guitare. Les trucs basiques. Nous ne lui avons pas vraiment parlé de Led Zeppelin car on doit tout le temps lui parler de ça. Depuis il a notre album et il l’aime bien. C’est quelque chose d’étrange, c’est comme un rêve qui devient réalité. Je ne sais pas quoi dire (rires) si ce n’est que je suis vraiment très heureux de l’avoir rencontré.

Tu parlais des Classic Rock Awards 2005. Je crois que c’est la soirée où vous avez gagné le trophée de meilleur nouveau groupe n’est ce pas ?

Oui c’est ça. C’est bizarre aussi car nous n’avions donc aucun album alors que tous les nominés cartonnaient avec leur dernier single. Il y avait My Chemical Romance et Trivium. Même si nous n’avions pas encore d’album il était hors de question de laisser ces mecs remporter le prix (rires). Le magazine Classic Rock nous a vraiment beaucoup soutenu. C’était une super soirée. Nous étions en plein enregistrement et c’était agréable de pouvoir se relaxer en buvant quelques verres.

Penses tu que cette récompense vous a aidé dans votre jeune carrière ?

Ouais je pense. Mais le rock n’roll est en train de revenir en Angleterre. Wolfmother commence à cartonner. The Darkness et The Datsuns cartonnent depuis un bon moment. Mais c’est difficile de bénéficier d’un bon coup de pouce et Classic Rock l’a fait pour nous. Ils ont été d’une grande aide pour nous.

Je sais que le magazine Kerrang ! vous soutien également beaucoup…

Ouais. C’est également incroyable car je lisais beaucoup Kerrang ! lorsque j’étais gosse. Avoir 5 K ! (Note maximale chez Kerrang !) pour la chronique d’un premier album c’est génial. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Nous étions nominés cette année aux Kerrang ! Awards dans la catégorie meilleur nouveau groupe. Nous n’avons pas gagné mais nous avons passés une bonne soirée avec la possibilité de rencontrer Angus Young ! Même si nous avons perdu c’était vraiment cool de pouvoir traîner avec Angus Young et les mecs de Slayer.

En tant qu’irlandais je pense également que le fait de participer au concert hommage de Phil Lynott a du être quelque chose d’énorme n’est ce pas ?

Oh oui. Ca s’est passé pendant l’été 2005. Nous avons joué pour le concert de charité qui a servi à construire sa statue. Notre bassiste Micheal a pu jouer sur la basse de Phil Lynott car ils s’en sont servis pour le moule de la statue. Il fallait donc que les personnes chargées de faire le moule aillent récupérer la basse à Belfast. La mère de Phil nous a appelé et nous a demandé si nous aimerions bien la voir avant qu’ils fassent le moule. Nous sommes donc allés là bas et Micheal a été la première personne à toucher la basse depuis Phil Lynott lui-même car elle n’avait jamais été sortie de son étui depuis sa mort. C’était étrange. La basse avait du vécu. Elle transpirait encore, tu pouvais voir des marques aux endroits où ils jouaient. Une véritable pièce d’histoire.

Vous êtes actuellement sur une tournée européenne. Je suppose que le public vous découvre chaque soir. Comment cela se passe ?

Jusque là ça se passe plutôt bien. Nous avions joué auparavant qu’une semaine en Europe (ndlr : comprendre en dehors du Royaume Uni). Nous sentons une progression. Il y a même des endroits où nous n’étions jamais allé comme l’Espagne où nous faisons 3 concerts complets ce qui est très motivant. Ca se passe bien également en Hollande et en Allemagne. J’ai l’impression que le rock n’roll est plus vivant en Europe qu’il ne l’était au Royaume Uni avant l’arrivée de The Darkness. Nous étions en première partie de D-A-D sur le début de la tournée au Danemark et en Allemagne. Ca s’est bien passé. Ensuite nous sommes revenus au Royaume Uni où nous avons tourné pendant un mois puis à nouveau l’Europe mais cette fois en tête d’affiche. Ca a vraiment bien marché en Allemagne avec D-A-D car les gens sont revenus nous voir pour nos concerts en tête d’affiche et les ventes d’albums ont décollées. Ce soir en France c’est complètement différent pour nous car nous nous retrouvons sur une affiche rock indé (rires).

Pour un premier album, « Rise » bénéficie d’une très bonne production. Avec qui avez-vous travaillé ?

En fait nous avons travaillé avec plusieurs producteurs. Principalement 3 équipes différentes. Nous avons commencé et posé les fondations de l’album avec Andy Bradfield et Avril Mackintosh. Ils ne sont pas forcément de gros professionnels mais ils ont déjà travaillé avec Bob Rock, donc ils savent ce qu’ils font. Ils ont une culture très rock n’roll comme nous. Leur façon de nous produire a été de faire sonner le groupe live. Les guitares et la batterie ont donc été enregistrées live ainsi que quelques parties de chant. Nous n’avons pas essayé de compliquer les choses, nous avons voulu rester simples. Ensuite nous sommes allés à l’Olympic Studio de Londres. Un très bon endroit pour travailler où de grands groupes ont enregistrés leurs albums. Les Rolling Stones avec « Sympathy For The Devil », Led Zeppelin a fait son premier album là bas, Jimi Hendrix a enregistré « Are You Experienced ? » là bas. Nous avons ensuite travaillés au Albert Studio avec des producteurs plus carrés. Paul a déjà travaillé avec AC/DC. Nous sommes restés 2 jours avec eux et nous avons enregistrés 3 chansons. Au final nous avions 18 chansons sous le coude en rentrant à la maison mais nous avons ressentis le besoin d’enregistrer quelques faces B pour de futurs singles. Nous avons donc travaillé avec Neal Calderwood, avec qui nous avions déjà bossé sur toutes nos démos avant d’être signés. Nous avons finis par enregistrer 4 nouveaux titres en 2 jours. 2 d’entre eux se sont retrouvés sur l’album. Pour le mixage Andy Bradfield s’est occupé de la majeure partie de l’album mais nous avons également eu Chris Sheldon qui a travaillé avec Therapy ? et Foo Fighter. Il venait de finir l’album d’Amplifier et il est venu bosser un peu avec nous.

« Rise » sonne également de façon très mature pour un premier album…

Ouais c’est parce que nous avons accumulés pleins de chansons pendant 5/6 ans. Je crois qu’un morceau comme No Questions Asked date de la première semaine de création du groupe. Puis tu as un titre comme Under The Sky qui a été écrit pendant l’enregistrement de l’album. Le noyau du disque date d’il y a un an et demi. Nous écrivons vite. Il suffit de nous mettre ensemble dans une pièce et c’est bon. C’est pourquoi nous avons eu le luxe de pouvoir choisir entre 22 chansons pour cet album qui en comporte 11 au final.

Vous pratiquez un style très classique mais pourtant « Rise » sonne de façon très fraîche. Comment expliques tu cela ?

Nous n’avons jamais pensé devenir un groupe qui cartonne en radio. Nous avons joué dans plusieurs groupes et dans différents styles. Mais c’est le rock classique à la Led Zeppelin, Deep Purple, Jimi Hendrix qui nous a uni tous les 4. C’est simplement ce qui ai sorti de notre collaboration. J’ai sans doute essayé à un moment de devenir un groupe qui cartonne en radio sans y parvenir (rires). Nous sommes influencés par le monde actuel qui nous entoure. Du moins au niveau des paroles mais pas au niveau de la musique. Il y a quelques groupes actuels que j’adore comme les Queens Of The Stone Age. Ils reproduisent d’une certaine façon le son d’une époque mais en le mettant au goût du jour. Nous faisons un peu la même chose. Evidemment nous jouons des choses très classiques mais nous essayons d’y mettre beaucoup de personnalité afin de nous approprier ces éléments. Le blues a une énorme influence sur nous. Tu n’as besoin que de 3 accords pour en jouer. Si tu arrives à insuffler suffisamment de personnalité dans ses 3 accords et à intégrer d’autres influences, tu auras alors quelque chose de frais et de personnel. C’est ce qu’on essaye de faire.

Il y a d’ailleurs de très bons titres blues dans « Rise » comme Memphis Water par exemple…

Cool ! C’est un des titres que nous avons écrit après les sessions d’enregistrement de l’album. C’est juste parti d’un riff que j’ai joué avec les autres gars qui ont jammés avec moi en studio. Il y a beaucoup d’âme et d’énergie dans cette chanson car cela faisait 3 ou 4 mois que nous étions en phase d’enregistrement. Cette chanson est juste venue en jouant et nous avons capturé ce moment particulier. C’est un des titres les plus amusants à jouer en concert.

Vous vous appelez The Answer (ndlr : la réponse en anglais) mais quelle est donc la question ?

(Rires) La première question a été : comment allons nous appeler le groupe ? Nous n’arrivions pas à nous entendre sur un nom. Lors de nos 5/6 premiers concerts nous jouions à chaque fois sous un nom différent. Nous avons senti à un moment le besoin d’avoir un vrai nom de groupe. James a alors eu l’idée de nous appeler The Answer et nous avons tous été d’accord. Le nom est resté. Quand nous jouions sur Belfest, nous étions pratiquement le seul groupe de rock n’roll/hard rock. C’était en 2001, ce n’était plus très populaire. Nous ne correspondions pas du tout à la scène locale. Du coup nous étions une réponse à ce genre de groupes. Quand nous avons rencontré Cormac, il nous a dit : si vous vous appelez The Answer vous devez être bons et vous devez assurer en live. Voilà comment tout est parti (rires).

Quels sont les projets pour 2007 ?

Nous jouons en janvier sur le Eurosonic Festival (ndlr : le 12 janvier à Groningen en Hollande). Quelques temps après nous jouons en Grèce (ndlr : le 26 janvier à Athènes). En février nous commençons à composer le prochain album. Puis ensuite nous repartons en tournée au Royaume Uni, en Australie, au Japon. Nous revenons ensuite en Europe avec la France, l’Allemagne, la Hollande etc. Nous aurons beaucoup de concerts l’été prochain, beaucoup de festivals. Tout dépend du fonctionnement de « Rise », mais nous devrions commencer à enregistrer le prochain album vers août/septembre 2007 pour une sortie prévue en janvier/février 2008.

Merci à Paul ainsi qu'à Aude Chagnon de Pias.