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TROUBLE

Entretien avec Bruce Franklin (guitare, choeurs)

31/05/07 - Café Charbon - Paris

 

Varitable groupe culte, comprendre par là groupe ayant le plus grand respect de la part des musiciens et des journalistes mais peinant à trouver un public important, Trouble sort d'un long sommeil prolongé de 12 ans. La formation de Chicago a donné une petite tournée européenne au mois de mai, et a même fait escale pour la première fois à Paris le 31 mai dernier. L'occasion d'attraper le guitariste Bruce Franklin afin de parler du présent du groupe avec le nouvel album "Simple Mind Condition" mais aussi en relatant le passé.

Salut Bruce. Tout d’abord, quel effet ça fait de jouer pour la 1ère fois ici en France ?

C’est excellent ! Nous attendions ça depuis longtemps. Je pense que nous avons déjà été booké une fois sur Paris, mais cela avait été annulé. J’essaie de me souvenir. Je pense que c’était en 1996. C’était pour la tournée « Plastic Green Head » en tout cas. Ca faisait longtemps que nous attendions du coup !

Comment s’est déroulée votre tournée américaine en mars ?

Mieux que prévu. Ce n’était pas vraiment une tournée américaine. Nous avons surtout joué sur la partie est du pays. Il y a eu des concerts excellents comme à New York, Detroit, Cleveland et Chicago. Ca s’est bien passé au New Hampshire également et c’était très bien en Caroline Du Nord.

« Simple Mind Condition » a été repoussé de nombreuses fois et la date de sortie de l’album est toujours un peu floue. Que se passe-t-il ?

Il y a beaucoup de raisons pour expliquer cela. Dans les derniers mois, la maison de disque a provoqué trop de « red tapes » (ndlr : expression désignant des règles officielles inutiles qui ont tendance à ralentir les choses). Il y a eu tout un tas de formalités légales qui ont mis les choses en suspens. A vrai dire, l’enregistrement de l’album est terminé depuis un an. Mais je sais que l’album commence à être pressé en ce moment et il est censé sortir le 18 juin (ndlr : ce qui n’est finalement pas le cas).

Concernant vos anciens album, tu dois savoir qu’ils sont aujourd’hui pratiquement introuvables. On peut en trouver certain sur Internet à des prix délirants…

Ouais. Ils sont épuisés depuis la fin des années 90. Ils ne sont plus disponibles et ils ne nous appartiennent même pas. American Recording, notre label de l’époque, possède les albums « Trouble » et « Manic Frustration » et nous n’avons aucun contrôle dessus. Concernant « Run To The Light » c’est la même histoire. Cet album appartient à Metal Blade. Nous avons pu ressortir « Psalm 9 », « The Skull » et « Plastic Green Head » car ces albums nous appartiennent.

D’où est venue l’idée de vous reformer ?

Nous nous sommes séparés au milieu des années 90. Certains d’entre nous ont fait des albums solos. Nous avons commencé à nous remettre ensemble grâce à un mec de Chicago. Chaque année, il fait une grosse soirée pour célébrer son anniversaire. Il loue un bar et fait une soirée énorme avec des groupes qui viennent jouer. Il a demandé à certains d’entre nous : combien cela me coûterait d’avoir Trouble en concert dans ma soirée ? Même pas un concert entier, mais juste quelques chansons. Nous lui avons donné une idée du prix et nous avons joué à sa soirée. C’était la première fois que nous jouions ensemble en 6 ans, et contenu de cela ça sonnait vraiment bien. Nous avons eu beaucoup de plaisir à jouer ce petit concert et ça nous a donné envie de recommencer. Je ne me souviens plus exactement quand ça s’est passé. Oly dit que ça s’est passé en 2003. Je pense que ça s’est passé vers janvier 2003. Ce mec de Chicago est un bon pote à nous et c’est lui qui est responsable de cette reformation.

Quelles différences majeures vois tu dans le monde de la musique entre le moment où vous l’avez quitté en 1995 et aujourd’hui ?

Il y a une différence énorme dans la façon de vendre la musique. Aujourd’hui ça se passe surtout par Internet. Les magasins de disque meurent tous un par un. Ce n’était pas comme ça dans les années 90. Il y avait des magasins de disque partout, mais on tend aujourd’hui à tous les voir disparaître au profit de la vente sur Internet. Evidemment la musique aussi est différente. Les modes vont et viennent. Au moment de notre séparation, le metal était mort aux Etats-Unis. Le grunge et le rock alternatif avaient pris sa place. Je pense que le metal n’a jamais été mort en Europe, mais aux Etats-Unis ça n’est revenu que depuis un petit moment.

« Simple Mind Condition » est votre premier album en 12 ans. Y avait-il une certaine pression en studio au moment de l’enregistrer ?

Non car nous avons tout de suite commencé à écrire dès que nous nous sommes retrouvés ensemble. Il n’y avait aucune pression et d’ailleurs nous n’avions même pas de contrat avec la moindre maison de disque à l’époque. Nous avons juste écrit des chansons et commencer à réfléchir à en faire un album, mais sans aucune pression. Tout s’est passé très naturellement.

Avez-vous utilisé d’anciens titres pour « Simple Mind Condition » ?

Oui il y a 3 anciens titres dans l’album. Il y a un titre qui n’a pas été utilisé pour « Plastic Green Head » et un autre qui n’a pas été utilisé pour « Manic Frustration ». Je me souviens de me dire à l’époque que ces morceaux étaient trop bons pour finir à la poubelle. Si nous ne les utilisions pas pour ces albums, je savais que je voulais les utiliser un jour. Finalement ils ont été utilisés 12 ans plus tard ! Le titre Simple Mind Condition a été écrit entre « Manic Frustration » et « Plastic Green Head ». Pictures a été écrit et même enregistré pendant les sessions de « Manic Frustration ». J’ai une version assez brute de l’époque. Going Home vient du EP « One For The Road » (ndlr : EP que le groupe vendait en tournée), mais comme il ne s’agit pas vraiment d’un véritable album officiel et qu’il y a très peu de copies qui ont été vendues, nous avons ressentis le besoin de faire découvrir ce titre à tout le monde et également d’en faire une version bien enregistrée. « One For The Road » sonne un peu trop comme une démo et nous savons que peu de gens le connaissent. C’est pourquoi nous avons réutilisés ce titre.

Cet album s’inscrit totalement dans la continuité des derniers albums de Trouble sortis dans les années 90. Vous avez repris l’histoire là où vous l’avez arrêtée ?

Oui je pense. Nous sommes qui nous sommes. Nous ne voulons pas convenir à une certaine mode du moment. Nous ne voulons pas être des vendus. D’ailleurs je pense que ça ne marcherait pas si nous essayions de nous compromettre. J’imagine mal des gamins de 15 ans s’enthousiasmer pour des gars de 40 ans, même si ils jouent leur style de musique préférée. Il vaut mieux faire ce qu’il nous plait.

« Simple Mind Condition » est un album varié qui représente le style classique de Trouble. Je trouve qu’il re-établit bien ce qu’est Trouble. Etait ce un but pour vous ?

Non. Il n’y avait pas d’idées préconçues quant au type de chansons qui allaient se retrouver sur l’album. Nous avons tous composé des morceaux et nous avons voté pour élire les meilleurs. C’est d’ailleurs la première fois que nous choisissons les titres figurant sur l’album par vote. Nous sonnerons toujours comme Trouble de toute manière. Chuck et Oly ont apporté beaucoup pour cet album. Ils ont chacun composé 4 titres, et un de chaque a été retenu pour l’album. Le dernier titre de l’album est très différent de d’habitude. Il a été écrit par Oly qui joue du clavier dessus.

Il y a également quelques autres expérimentations. J’ai peut être tord, mais j’ai l’impression que l’accordage utilisé sur Mindbender est plus bas que d’habitude…

C’est un accordage étrange dont j’ai eu l’idée. Il consiste à accorder uniquement la corde la plus grave de façon plus grave. Dans le cas présent, la corde de Mi grave est donc accordée en Si bémol et nous jouons le titre dans cette clé. Nous accordons toujours nos guitares un demi ton en dessous, en Mi bémol. Mais dans le cas présent, nous descendons le Mi grave en Si bémol. C’est un peuétrange pour jouer certains accords, mais j’ai trouvé un moyen de le faire. J’ai déjà utilisé cet accordage sur le projet Supershine que j’ai fait avec Doug Pinnick (King’s X). J’ai donc voulu utiliser ça aussi avec Trouble et ça fonctionne bien. Nous allons la jouer ce soir, tu pourras donc voir ça en live.

Quoi de neuf avec l’EP acoustique qui était prévu ?

Nous voulons enregistrer encore 2 ou 3 titres pour en faire un album entier. Après ce sera à la maison de disque de voir si ils veulent en faire un album ou seulement utiliser les titres en tant que bonus. Nous n’en savons rien. Il y a déjà 6 titres qui ont été enregistrés depuis 2 ans. Il y a 4 titres anciens et 2 nouveaux titres qui ne figurent pas sur « Simple Mind Condition ». Ils ont été écrits pour l’album acoustique. Ils sont de nature plus douce.

As-tu conscience que Trouble est un groupe qui a énormément influencé d’autres groupes plus populaires ?

Oui. Nous avons tourné avec Pantera et nous connaissons très bien Phil Anselmo. Nous savons que c’est un gros fan. Même chose pour Kirk Windstein de Crowbar et Pepper Keenan (Down, Corrosion Of Conformity). J’aime bien ces gars là. James Hetfield (Metallica) est un gros fan du groupe également. Lee Dorian de Cathedral est venu nous voir la nuit dernière à Londres. C’est aussi un gros fan. C’est génial de savoir que ta musique plait à d’autres musiciens.

Ne penses tu pas parfois que Trouble est arrivé au mauvais moment ? Peut être trop tôt, peut être trop tard ?

Oui probablement. Lorsque nous étions à Los Angeles pour l’enregistrement de notre premier album en 1984, nous avions les cheveux qui tombaient jusqu’aux genoux, des jeans déchirés et des t-shirt serrés. Les gens nous regardaient comme si nous venions de l’espace. Du genre : qui sont ces gars ? Ils se sont trompés d’année ! Nous sommes probablement arrivé une décennie trop tard ou bien 15 ans trop tôt !

Quels sont les projets à venir pour Trouble après cette tournée ?

Nous ne savons pas vraiment pour le moment. Cette tournée a été réussie jusque là. Chaque concert est plein. Ca va un peu nous aider à déterminer quelle est la demande pour Trouble. Nous allons voir à la fin de cette tournée. C’était la même chose aux Etats-Unis. Au départ les promoteurs étaient inquiets car cela faisait très longtemps que nous n’avions pas fait de tournée. Mais nous avons attiré du monde et il sera donc plus facile de jouer là bas la prochaine fois. Je pense qu’il en sera de même ici. Ca sera plus facile pour nous de revenir.

Tu mentionnais tout à l’heure Supershine. Penses tu refaire un album avec Doug Pinnick ?

Oui. Nous nous parlons souvent. Nous avons déjà quasiment écrit un nouvel album. Il ne nous reste que les paroles à finir et nous devons trouver une maison de disque pour sortir ce second album. Nous devons également gérer avec l’emploi du temps de Doug, car il doit naturellement accorder sa priorité à King’s X.

Merci à Bruce Franklin ainsi qu'à Roger de Replica Records.